Un logement digne, pour une vie digne
Pour les économistes, l’accès au logement est une préoccupation majeure. Nous voyons la dégradation à l’œuvre. Chaque année, le rapport de la fondation Abbé Pierre vient nous rappeler l’importance d’avoir accès à un logement digne. Ce n’est pas le cas pour 15 millions de nos concitoyens. Un logement c’est souvent le projet d’une vie. Nous souhaitons y être bien et souvent élever nos enfants. Il détermine nos sociabilités de proximité et l’insertion dans des communautés. De lui, dépend l’accès aux commerces, services ou à l’école du quartier ou à notre église. C’est aussi de sa situation que dépendent les nuisances diverses qui impactent notre santé.
La doctrine sociale de l’église (DSE) rappelle son importance comme droit de l’homme (§166) et comme point de départ du développement intégral (§245) de chaque enfant. Elle souligne d’ailleurs que le logement s’intègre dans la « solidarité adaptée à l’ère de la mondialisation » (§365).
Un poids important dans le budget des ménages
Selon l’Insee, la part des dépenses contraintes dans le revenu des ménages est passée de 12 % dans les années 1960 à près de 30 % aujourd’hui. Le logement y occupe une part importante. Le taux d’effort net (une fois les aides déduites) du logement atteint 42 % pour les ménages les plus pauvres et seulement 10 % pour les plus riches. Les jeunes ménages vivant en centre-ville sont les plus pénalisés par les hausses de loyers.
La décision publique d’un point de vue chrétien
La DSE est un terrain fécond pour cultiver, au plan œcuménique, le dialogue et la collaboration pour la défense de la dignité des personnes humaines et notamment l’accès à un logement digne (§535). D’autant plus que les ressources foncières sont limitées.
Lorsqu’on est engagé professionnellement ou avec des associations au contact des décideurs, il est important de rappeler ces réalités. Il est important d’offrir des logements sociaux qui limitent la pression sur des ménages déjà en manque de moyen. L’éloignement en périphérie accentue le problème si des transports en commun ne sont pas accessibles. La ville doit donc être pensée comme un espace cohérent.
Le logement au carrefour de la dignité et de la solidarité
L’exemple du logement nous rappelle deux piliers importants de la DSE. D’une part, la notion de dignité de la personne humaine qui doit pouvoir avoir un toit. D’autre part, la solidarité qui nous invite à être attentifs aux autres et en particulier à ceux qui souffrent. La Lettre encyclique Sollicitudo rei socialis (1987) de Jean Paul II nous le rappelle avec force et vigueur.
Loïc Steffan,
Économiste