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Un commentaire du chant « Elle est bénie de Dieu »

Si la liturgie de la messe nous invite à centrer nos regards sur le Christ ressuscité qui nous rassemble et dont nous célébrons le mémorial de son sacrifice rédempteur, il est cependant difficile de trouver des chants qui, à l’occasion de la fête d’un saint, ou, plus encore, d’un mystère de la vie de la Vierge Marie, nous invitent à louer Dieu qui nous convoque et nous rassemble. C’est particulièrement le cas pour la fête de l’Assomption de Marie, où l’agent de ce mystère est bien Jésus qui « assume », c’est-à-dire qui « prend avec lui », dans la gloire, sa Mère, en son corps et son âme.

L’hymne « Elle est bénie de Dieu », écrite par le frère Maurice pour la Commission Francophone Cistercienne (CFC) nous invite à la contemplation de la vie de Marie comme un exemple afin de suivre, comme elle, l’appel du Seigneur.

 

Paroles du chant

1- Elle est bénie de Dieu,
La Vierge
Docile au souffle de l’Esprit,
Elle est bénie de Dieu !
Voici la nouvelle Ève
Promise aux joies du paradis.

2- Elle est bénie de Dieu,
La Femme
Qui met au jour le premier-né,
Elle est bénie de Dieu
Tout homme la proclame :
Heureuse en son humilité.

3- Elle est bénie de Dieu,
La Mère
Qui voit mourir son Fils en croix,
Elle est bénie de Dieu !
Debout, près du calvaire,
Elle ouvre l’âge de la foi.

4- Elle est bénie de Dieu,
La Reine
Qui prie pour nous, pauvres pécheurs,
Elle est bénie de Dieu !
Sa gloire nous entraîne
Au jour promis par le Seigneur.

 

Comme un refrain qui ouvre chaque strophe et en est le sommet en leur centre, la contemplation proposée par la phrase « Elle est bénie de Dieu » nous renvoie à l’acclamation d’Élisabeth à sa cousine : « Tu es bénie entre toutes les femmes » (Lc 1, 42), en rappelant la source et l’origine de toute bénédiction, à savoir Dieu lui-même.

Notre-Dame du Oui

La première strophe évoque le mystère de l’Annonciation. La jeune fille de Nazareth, à l’annonce de l’ange Gabriel, oppose sa virginité comme empêchement a priori de la réalisation du projet divin : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » (Lc 1, 34). Cependant, parce qu’elle va accueillir en elle l’Esprit Saint, et avec lui « la puissance du Très-Haut [qui la] prendra sous son ombre » (v. 35), elle va devenir la mère de l’auteur de la Vie. Si, par la première femme, le péché est entré dans le monde, la Genèse précise que « l’homme appela sa femme Ève (c’est-à-dire : la vivante), parce qu’elle fut la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20). Par Marie, c’est le salut, le rachat et l’admission renouvelée au Paradis qui adviennent dans le monde, elle est alors la mère de la génération nouvelle sauvée par le Christ. Elle est la « nouvelle Ève », comme les pères de l’Église l’ont appelée.

La deuxième strophe nous donne à contempler Marie dans la nativité du Christ. Mais, curieusement, si l’on pouvait attendre ici le vocable de « Mère » – nous le trouverons à la strophe suivante –, c’est celui de « Femme » qui retentit ici. C’est ainsi que Jésus s’adresse à elle à deux reprises dans l’évangile, à Cana (Jn 2, 4) et à la Croix (Jn 19, 26). Si Marie « mit au monde son fils premier-né » (Lc 2, 7), c’est moins pour laisser ouverte la possibilité pour elle d’avoir d’autres enfants, qu’au sens où saint Paul parle du « premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8, 29), parce qu’il est, d’une part, « l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature » (Col 1, 15), mais aussi, par sa résurrection, « le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté » (v. 18). Marie devient donc la figure typique de la femme, celle qui donne la vie, créée parfaite – par grâce ! – à l’image de Dieu. C’est pourquoi Élisabeth a pu laisser jaillir de son cœur la première béatitude de l’évangile : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45), en réponse à la salutation de Marie, elle qui se présentera dans le Magnificat comme « humble servante » (v. 48) du Seigneur.

La troisième étape nous conduit à la Croix. C’est là que Marie devient mère, non seulement de Jésus, mais de l’ensemble de ses disciples, de l’Église. En la confiant au disciple bien-aimé, et en confiant ce dernier à sa Mère, Jésus fait de Marie le modèle de la foi. Sa tenue, debout, au pied de l’ignoble instrument de torture (Jn 19, 25), est le signe de son espérance capable de voir, au-delà de l’apparent échec, l’éclat de la victoire.

Enfin, l’auteur dépasse l’événement de la résurrection du Christ pour évoquer directement l’Assomption de Marie, où, dans la gloire du ciel, elle intercède et prie pour nous, pauvres pécheurs, comme nous aimons le dire dans le « Je vous salue, Marie ». La couronnée d’étoiles de l’Apocalypse (Ap 12, 1), invoquée par les litanies de Lorette et la tradition de l’Église comme « reine » – des Anges, des Patriarches, des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, de tous les Saints, conçue sans le péché originel, élevée au ciel, du Saint Rosaire, de la famille, de la paix – nous montre le chemin de la confiance par lequel nous pouvons, à son exemple et avec son soutien, nous laisser entraîner jusqu’à notre véritable patrie, le ciel, ce jour sans fin ou « huitième jour » de la Création que le Seigneur nous a obtenu et dont Marie, Vierge, Femme, Mère et Reine, est la première bénéficiaire.

 

Commentaire de l’Abbé Gaël Raucoules,
Membre de la commission diocésaine de musique liturgique

 

Référence : Elle est bénie de Dieu (CFC [fr. Maurice]/CNPL)  

Il existe différentes versions de ce chant :

  1. Berthier/Sodec (VP137-1/VLH137-1) : https://www.youtube.com/watch?v=-f3A9w3S0tM
  2. Gelineau/Studio SM (VP216-1/V216-1) : https://www.youtube.com/watch?v=pntj9akPe5w
  3. Raucoules/Kinnor (VP44-34-7)
  4. Guiberteau/Sodec (VP137-2/VLH137-2)
  5. André/Caecilia (VP44-34-4/VP44-34-4)
  6. Caillat/Voix Nouvelles (VP 44-34-5/VP44-34-5)

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