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Un commentaire du chant « Couronnée d’étoiles »

Au cœur de l’été, la fête de l’Assomption de la Vierge Marie est comme une fête de lumière et d’espérance pour tous ceux qui mettent leur confiance en la Mère du Christ et de l’Église, la reconnaissant comme leur mère. L’Assomption, fêtée dès le VIe siècle, mais dont le dogme n’a été promulgué que le 1er novembre 1950 par le pape Pie XII, fait mémoire de ce que « l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste » (Pie XII, Constitution dogmatique Munificentissimus Deus, n. 44). Le cantique « Couronnée d’étoiles » reprend plusieurs mystères-clés de la vie de la Vierge, autour du mystère de son Assomption.

Écouter la version enregistrée en polyphonie par l’Emmanuel :

Paroles du chant

R/ Nous te saluons, ô Toi Notre Dame,
Marie Vierge Sainte que drape le soleil,
Couronnée d’étoiles la lune est sous tes pas,
En toi nous est donnée l’aurore du salut.

1- Marie Ève nouvelle et joie de ton Seigneur,
Tu as donné naissance à Jésus le Sauveur,
Par toi nous sont ouvertes les portes du jardin.
Guide-nous en chemin, Étoile du matin.

2- Tu es restée fidèle, Mère au pied de la croix,
Soutiens notre espérance et garde notre foi.
Du côté de ton Fils, tu as puisé pour nous,
L’eau et le sang versés, qui sauvent du péché.

3- Quelle fut la joie d’Ève, lorsque tu es montée,
Plus haut que tous les anges, plus haut que les nuées.
Et quelle est notre joie, douce Vierge Marie
De contempler en toi la promesse de vie.

4- Ô Vierge immaculée, préservée du péché,
En ton âme, en ton corps, tu entres dans les cieux.
Emportée dans la gloire, sainte Reine des cieux,
Tu nous accueilleras un jour auprès de Dieu.

 

Le refrain reprend la vision du chapitre 12 du livre de l’Apocalypse, lue comme première lecture à la messe du jour de la fête : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles » (Apocalypse 12, 1). La première expression : « Nous te saluons », fait référence à la salutation de l’ange Gabriel à l’Annonciation : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (Évangile selon saint Luc 1, 28), que nous disons en priant le « Je vous salue Marie ». Cependant, ici, le chant insiste davantage sur la dimension communautaire de la dévotion mariale et de la célébration liturgique. Dans la liturgie, ce n’est jamais un « je » isolé qui s’exprime, sinon plongé d’abord dans un « nous », qui souligne le rassemblement du Corps du Christ tout entier célébrant, et à qui Marie est donnée pour Mère. C’est pourquoi, ici, le « Je te salue Marie » devient « Nous te saluons », ensemble, dans le Corps de l’Église. Enfin, elle est appelée « l’Aurore du salut » parce qu’en elle, par son « oui » primordial, s’ouvre pour toute l’humanité la bienheureuse espérance de la victoire du Messie sur tout mal, sur toute mort, en venant prendre notre chair en Marie.

Statue de la Vierge Marie couronnée d'étoiles.
Statue de la Vierge Marie couronnée d’étoiles. Notre-Dame de la Rotonde d’Oulias.

Dans le premier couplet, Marie est nommé « Ève nouvelle ». Ève, « la mère des vivants » (cf. Genèse 3, 20) est la figure symbolique de l’humanité originelle, avec Adam son époux, qui lui donne ce nom. Aussi, les Pères de l’Église virent très tôt dans le binôme Jésus/Marie l’accomplissement de ces figures, non pas comme couple, mais en tant qu’ils sont à l’origine de l’humanité nouvelle, renouvelée dans l’Alliance avec Dieu, admise à nouveau dans le jardin d’Eden, le paradis dont nous avions été chassés par le péché originel (cf. Genèse 3, 23-24). Enfin, si l’expression « étoile du matin » est une expression qui désigne le Christ dans le livre de l’Apocalypse (voir Apocalypse 22, 16), les Litanies de Lorette, dites aussi Litanies de la Sainte Vierge, appliquent ce titre à Marie, en tant que cette étoile est visible juste avant l’aurore.

Ensuite, nous sommes portés au pied de la Croix, selon la tradition rapportée par saint Jean : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère […]. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils.” Puis il dit au disciple : “Voici ta mère.” » (Évangile selon saint Jean 19, 25-27). Si Marie n’a pas littéralement « puisé » l’eau et le sang jaillis du côté de Jésus (v. 34), symboles des sacrements et de la vie éternelle obtenus à la Croix, sa présence au Calvaire est le signe de sa fidélité, et, sans doute, de son espérance, source d’inspiration et modèle pour les croyants éprouvés. Dans toute la vie de l’Église, Marie demeure comme la tête de proue pour conduire les disciples à son Fils, nous soutenant aussi dans la vie sacramentelle.

Une promesse pour l’humanité

Enfin, les deux derniers couplets déploient le mystère de l’Assomption de Marie proprement dit. « Assomption » vient du latin qui signifie « prendre avec », ce que l’on retrouve dans le verbe « assumer ». Marie est donc « assumée » par son Fils, Jésus la prend avec lui dans sa gloire de Ressuscité, vivant au cœur de la Trinité. La Vierge Mère est donc rendue participante du mystère de la résurrection du Christ, car, Immaculée, elle ne peut pas être atteinte par la conséquence du péché qui est la corruption du corps au tombeau. Ainsi, comme Jésus, Marie ressuscite, et prend place « plus haut que tous les anges », à la suite de Jésus qui a été lui-même élevé : « Le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ; et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur » (Lettre aux Hébreux 1, 3-4). Et parce que ce qui est advenu à Marie est aussi une promesse pour nous, toute l’humanité en est remplie de joie, depuis Ève dont le péché est remis et la condamnation abolie, jusqu’à nous, dans l’espérance qui nous habite d’être nous-mêmes associés à une telle gloire, cette « promesse de vie » que nous chantons. Alors, comme Reine, entrée corps et âme dans les cieux, elle peut désormais intercéder pour nous, « maintenant et à l’heure de notre mort », elle que nous chantons comme notre « avocate » dans l’antienne « Salve Regina ».

Commentaire de l’Abbé Gaël Raucoules,
Membre de la commission diocésaine de musique liturgique

 

Référence : Couronnée d’étoiles (Cté Emmanuel/Dannaud/Malet) V44-58