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Homélie de Mgr Legrez pour le dimanche de Pâques

Frères et sœurs,

Les différents textes que nous trouvons dans les évangiles et qui nous rapportent l’évènement de la résurrection du Seigneur, nous montrent que c’est une femme qui a d’abord rencontré le Christ ressuscité, Marie-Madeleine. C’est extraordinaire, on entend souvent que les femmes n’ont pas toujours leur place dans la sainte Église de Dieu. Or tout a commencé par une femme et, croyez-moi, ça continue. Qui fait le catéchisme dans nos écoles, dans nos paroisses ? Il n’y a pas beaucoup d’hommes. J’en profite pour faire un appel aux hommes. Ce serait bien que des pères de famille témoignent du Christ ressuscité. Pour les jeunes, ce serait un magnifique témoignage. Pensez-y !

Fresque de la cathédrale Sainte-Cécile : l’apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine.

Cette femme, Marie-Madeleine, se lève de bon matin parce que le sabbat n’a pas permis d’ensevelir le Christ selon l’usage des juifs. Le jour du sabbat, quand on est juif, il n’est possible que de ne rien faire. Or, Jésus est mort vers trois heures, il a fallu le temps de le porter dans la tombe, seul le strict nécessaire a pu être réalisé. Il fut enveloppé dans les linges, comme disent les textes : le linceul et quelques autres linges. Donc, soucieuse de rendre au corps du Christ les services en usage chez les juifs, dès le matin du premier jour de la semaine, le dimanche, elle se rend à la tombe. Là, elle découvre que le tombeau est vide. Stupéfaction ! Elle part prévenir les disciples, qui se cachent par crainte sans doute de subir un sort semblable à celui du Maître. Finalement, Pierre, le chef de la bande – si j’ose dire – et le plus jeune, Jean, partent vers la tombe où ils trouvent ce que Marie-Madeleine leur a dit : le tombeau est vide.

Mais, chose absolument extraordinaire, qui va être immédiatement un signe pour le plus jeune et qui va l’entraîner à croire, les linges qui ont enveloppé le corps sont affaissés, à leur place. Le corps n’y est plus, les linges sont comme vidés de leur contenu. Essayez de sortir de votre lit sans bouger les draps et les éparpiller. Ici, il n’en est rien. Les linges, nous dit le texte, sont affaissés et à leur place. Incroyable ! Ce fait extraordinaire provoque la foi de Jean, « Il vit et il crut » (Jn 20, 8). Jean a compris qu’à partir de ce signe, non seulement le tombeau est vide, mais les linges sont là, à leur place mais sans leur contenu et disposés de manière inexplicable. Alors il se souvient que, chez les prophètes, dans l’Ancien Testament, il y a plusieurs allusions à la résurrection. Jésus leur en avait parlé et leur avait dit qu’il ressusciterait le troisième jour. Évidemment, à l’époque, ils n’avaient pas compris, comment auraient-ils pu comprendre ? Et pourtant, ce que Jésus a annoncé s’est accompli. Le signe du tombeau vide et des linges sans leur contenu, provoquent la foi de Jean.

Vous le savez, pendant une quarantaine de jours, le Seigneur Jésus ressuscité apparaîtra aux disciples et vous avez entendu, en première lecture, un passage des Actes des Apôtres qui nous raconte la première prédication de Pierre, qui annonce la résurrection. Cette foi de Jean va devenir contagieuse, et le Christ va se montrer non seulement aux Apôtres, mais Paul dira qu’il est apparu à plus de cinq cents. Cette réalité de la résurrection est le fondement de la foi chrétienne. Ce ne sont pas des fariboles, ce n’est pas un conte, ce n’est pas un mythe. C’est la réalité. Je vous rappelle que les douze Apôtres qui ont témoigné de la résurrection tout au long de leur vie, sont morts martyrs. Ils ont donné leur sang à cause de cette vérité qu’ils annonçaient au monde. Depuis lors et jusqu’à maintenant, de nombreux martyrs ont témoigné de cette foi reçue des Apôtres, qui interroge les hommes au cours des siècles et qui est refusée par certains, au point de ne pas supporter que restent en vie ceux qui annoncent ce message extraordinaire.

Jésus est vivant. Le Christ est ressuscité. Qu’est-ce que cela peut bien signifier pour nous ce matin ? Qu’est-ce que cela change dans notre vie ? Si Jésus est ressuscité, cela signifie que la vie ne se termine pas dans un trou, dans un tombeau. Cela veut dire que si nous sommes sur terre, c’est pour passer : notre séjour sur la terre est une véritable Pâques, pour passer à travers la mort en vue de connaître la plénitude de la vie éternelle. Un bon nombre d’enfants vont recevoir le baptême dans quelques instants, ils vont être plongés dans la vie éternelle. Cette vie éternelle commence, pour nous, avec l’accueil de l’Esprit Saint qui nous est donné au jour de notre baptême, qui nous donne la foi et la capacité de marcher tout au long de notre vie avec le Ressuscité pour aller vers le Père, le but de notre vie. Le Père a créé l’humanité pour qu’elle vive en sa présence, dans son amour. Telle est notre foi. Telle est notre espérance.

S’il en est ainsi, alors la vie sur terre, frères et sœurs, est infiniment précieuse. Comment se peut-il, aujourd’hui, qu’il y ait tant de manifestations, en fait, pour les biens de ce monde, et si peu pour les valeurs d’en-haut dont nous parle l’épître aux Colossiens. Pourquoi la vie humaine sur terre est-elle si précieuse depuis son origine jusqu’à sa fin naturelle ? Parce qu’elle est une préparation, une ouverture à la vie avec Dieu et nous ne pouvons pas voler un instant à la vie d’un être humain, car jusqu’au bout il peut s’ouvrir à cette vie éternelle ou librement la refuser. On peut accuser l’Église d’être réactionnaire. C’est quand même elle qui, au cours des temps, a inventé les hôpitaux et les écoles, tout ce qui constitue les fondements de notre vie en société. Il s’agit véritablement, pour nous, d’être capables de prendre soin de la vie humaine, de telle sorte que chaque humain puisse se préparer à la vie éternelle. Ne trouvez-vous pas qu’il est troublant de voir aussi peu de manifestations aujourd’hui en faveur de la vie, alors qu’il est sérieusement question d’instaurer l’euthanasie dans notre pays ? Réveillez-vous, frères et sœurs ! Réveillez-vous !

Prions, tout au long de cette célébration, bien particulièrement pour les petits enfants qui vont recevoir le baptême. Ils sont appelés à la sainteté, qui est le programme de toute vie chrétienne. Par le baptême, si nous collaborons avec l’Esprit Saint, nous marchons sur un chemin de sainteté. Prions aussi pour leurs familles, car c’est leurs familles qui vont leur transmettre la foi, qui sont donc appelées à leur faire connaître le visage du Ressuscité, qui les conduira vers le Père infiniment miséricordieux. Vraiment, prions avec ferveur pour ces futurs baptisés, pour leurs familles et demandons les uns pour les autres une véritable effusion de l’Esprit, de telle sorte que nous ne soyons pas chrétiens seulement que de mots, mais en actes dans notre société contemporaine. Commençons par l’aimer et le plus beau signe que nous aimons nos frères et nos sœurs, est de désirer leur transmettre la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche de Pâques 9 avril 2023

1ère lecture : Ac 10, 34a.37-43
Psaume : 117, 1.2, 16-17, 22-23
2ème lecture : Col 3, 1-4
Évangile : Jn 20, 1-9

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