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Homélie pour les confirmations de la paroisse Sainte-Cécile

Frères et sœurs,

En ce jour où nous célébrons la confirmation pour une vingtaine de jeunes d’Albi, la liturgie nous offrit trois textes des Écritures qui peuvent nous aider, en particulier les plus jeunes, à découvrir la grandeur de l’appel de Dieu. Tout d’abord, dans le texte de l’Exode nous avons entendu comment Dieu révèle à Moïse son choix pour le peuple d’Israël. Un peuple minuscule à l’époque où Dieu en fait « le peuple élu ». Un ramassis de quelques bergers, vivant dans le désert dans des conditions de grande pauvreté, et pourtant c’est ce peuple-là que Dieu choisit pour réaliser – selon l’expression de saint Paul – son dessein bienveillant envers l’humanité, son projet d’amour pour l’humanité toute entière.

Israël, le peuple le plus petit, le plus pauvre, apparemment le plus misérable, entouré de cultures immenses, est choisi par Dieu pour en faire « son domaine particulier », selon l’expression que nous avons entendue. Pourquoi ? Nous sommes en partie dépassé, même si au fil des Écritures, de l’ensemble de la Bible, nous pouvons mieux la comprendre. Il y a cependant quelque chose de mystérieux, dans ce choix. Jamais des êtres humains auraient fait un choix pareil. Il y a donc une part de mystère, c’est-à-dire une réalité que nous ne pouvons pas totalement saisir, mais qui est bien réel. Ce choix a bien existé. Il semble bien, encore aujourd’hui, qu’Israël soit véritablement le premier à avoir reçu la promesse du salut, Dieu ayant contracté avec ce peuple une alliance définitive. Les dons de Dieu – comme dira saint Paul – sont sans repentance. Nous sommes dépassés, pourtant la réalité est là et le reconnaître n’est pas contraire à la raison.

Puis nous avons entendu quelques versets de la grande épître de saint Paul au Romains. Paul écrit à une première communauté, probablement constituée de juifs qui découvraient le Christ et vivaient à Rome. Paul veut leur faire comprendre comment le Christ les a choisis en se faisant connaître comme le Messie et le Sauveur, le Sauveur d’abord d’Israël, mais aussi de toutes les nations, de tous les peuples de la terre. Non seulement ils sont choisis, mais ils sont justifiés. Ils sont rendus justes. Comment ? Par le sang que Jésus a versé sur la croix. Un juste, dans la tradition biblique, dans l’ancienne Alliance déjà, est celui observe la Loi, qui reconnaît Dieu comme son créateur et qui se fie à sa parole. Cela demeure vrai pour chacun d’entre nous aujourd’hui.

Nous croyons à l’ensemble des Écritures et nous faisons confiance à ce Christ, qui est venu pour rendre juste toute l’humanité. Pourtant, là encore, cela demeure assez mystérieux. Un certain nombre d’hommes et de femmes n’ont toujours pas encore entendu proclamé le mystère du Christ, mais parmi ceux qui l’ont entendu, un certain nombre reste indifférent. Si vous êtes là ce matin dans cette cathédrale – en tous cas pour les confirmés j’en suis quasi certain – c’est parce que vous reconnaissez que le Christ est Sauveur. Mais pourquoi, vous les confirmés qui êtes là ce matin vous y croyez, alors qu’un bon nombre de vos camarades ne sont pas là et ne demandent pas à recevoir la confirmation ? Mystère, encore une fois, de « l’élection ». Vous êtes appelés, chaque baptisé est rendu juste par le Seigneur et appelé à être sanctifié, à devenir saint par le don de l’Esprit Saint. Vous l’avez reçu au jour de votre baptême. Aujourd’hui, l’Église, par mon ministère, va prier pour que cette présence de l’Esprit Saint vivant en vous déploie tous ses dons et que vous puissiez porter, non seulement aujourd’hui, mais durant toute votre existence, les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi (Gal 5, 22).

Enfin, nous avons entendu un passage de l’évangile selon saint Matthieu, en son début. Jésus nous est présenté par l’évangéliste, comme étant saisi de compassion. Il a commencé à prêcher et il a posé un certain nombre de signes du Royaume, c’est-à-dire qu’il a guéri des malades, il a chassé des démons et il a prêché. Il est saisi de compassion pour ces foules qui viennent à lui et qui sont comme un troupeau sans berger. Il est véritablement, tout au long du Nouveau Testament, le Pasteur, le seul Pasteur. Que fait-il, alors qu’il est au début de son ministère, qu’il est encore seul ? Il appelle les douze, il les appelle par leur nom, comme vous allez être appelés dans quelques instants. Encore une fois, mystère de l’élection. Pourquoi ces douze-là et pas douze autres ? Dieu seul le sait.

Ce qui est sûr, c’est que Jésus appelle chacun d’entre nous pour devenir des saints. C’est la vocation de chaque baptisé. C’est vrai pour chacun d’entre nous qui sommes baptisés, présents dans cette cathédrale ce matin. Comment ? Pourquoi ? C’est un choix d’amour. Ce qu’il faut découvrir, c’est que ce n’est pas une corvée d’être chrétien, ce n’est pas une corvée d’être catholique ou d’être pratiquant. On a parfois l’impression que c’est cela pour un bon nombre. C’est tout le contraire ! C’est une histoire d’amour, une histoire de tendresse, une histoire de miséricorde. Tous, nous sommes des pauvres devant Dieu, tous nous sommes des pécheurs. Pourtant Dieu nous aime à l’infini, beaucoup plus que nous pouvons l’imaginer. S’il nous appelle, c’est pour notre bien, pour notre bonheur. Suivre le Christ est un chemin de bonheur et non une corvée ! S’il en est ainsi, comment pouvons-nous rester indifférents ?

Je suis très frappé, cette année, par ce que m’écrivent dans leurs lettres un bon nombre de confirmands. Visiblement par leur famille, beaucoup ne reçoivent quasiment rien et pourtant, pour beaucoup, le pèlerinage à Lourdes – la retraite pour préparer la confirmation – a été un moment exceptionnel. Ils l’expriment clairement, et ajoutent que depuis ils ont changé. Ils disent qu’ils prient. Ils disent qu’ils ont confiance en Dieu. Ils disent qu’ils ont été guéris de blessures familiales parfois. Vous voyez, frères et sœurs, si nous nous taisons, nous les adultes, si nous ne transmettons pas l’Évangile, l’Esprit Saint est plus fort que nous et il est capable de faire connaître le Sauveur à tous ceux qui ouvrent leur cœur à Dieu, qui vivent dans une recherche de Dieu, il n’y a pas d’âge pour chercher Dieu, les jeunes cherchent Dieu. Quand ils le cherchent d’un cœur sincère, Dieu se donne à eux.

Je vous invite, au cours de cette célébration où nous allons bien sûr avoir une prière toute spéciale pour que ces confirmands puissent devenir des saints, c’est-à-dire être toute leur vie à l’écoute de l’Esprit Saint et se laissent conduire par lui à la suite Christ, afin de marcher avec l’Esprit Saint et le Christ vers le Père. C’est cela le but de notre vie sur terre. Nous allons à la rencontre du Père des miséricordes, au-delà de la mort lorsque le voile se déchirera, nous le verrons et il nous comblera de son amour. Cela commence dès maintenant. Je vous invite aussi, au cours de cette célébration à prier les uns pour les autres. Que nous demandions les uns pour les autres que notre cœur s’ouvre à l’Esprit Saint. Que sortant de cette cathédrale, nous soyons différents, que nous soyons capables de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et que nous soyons dociles à ce que l’Esprit Saint veut pour chacun de nous, un chemin de bonheur dans une communion réelle, une amitié avec le Christ, notre Sauveur, de telle sorte qu’ensemble, non seulement nous soyons heureux de ce salut qu’il nous offre, mais que nous le rayonnions. Ainsi, nous serons capables de le communiquer autour de nous dans un monde qui est souvent perdu et qui s’engage dans différentes directions sans trouver le bonheur. Prions les uns pour les autres, supplions le Seigneur que nous soyons tous touchés par une véritable effusion de l’Esprit. Pour que cela soit possible, il faut ouvrir nos cœurs, être disponibles à ce que Dieu veut pour nous : la joie du salut.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 18 juin 2023

1ère lecture : Ex 19, 2-6a
Psaume : 99, 1-2, 3, 5
2ème lecture : Rm 5, 6-11
Évangile : Mt 9, 36 – 10, 8