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Textes de la messe d’au-revoir de Mgr Legrez

En la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, dimanche 3 septembre 2023-16h00

  • 1ère lecture : Jr 20, 7-9
  • Psaume : 62
  • 2ème lecture : Rm 12, 1-2
  • Évangile : Mt 16, 21-27

Mot de l’Abbé Diancoff (vicaire général)

Mgr LEGREZ, il me revient de dire quelques mots pour vous remercier d’avoir répondu à l’appel d’être notre évêque durant plus de 12 ans. Je me souviens de votre première rencontre avec le presbyterium dans la salle du Pigné, ici même à Albi. Vous arriviez du Jura où vous avez exercé les premières années de votre épiscopat. On peut dire que dans le Jura, vous avez fait vos classes d’évêque. Vous êtes un religieux et vous ne vous étiez pas forcément préparé à devenir le pasteur de ce diocèse de montagne. Mais vous avez fait face en servant du mieux possible les Jurassiens.

Dans le diocèse d’Albi, vous avez été heureux de compter sur un presbyterium uni où la bienveillance et la fraternité étaient au rendez-vous. A Albi, vous avez aimé célébrer dans cette cathédrale Sainte-Cécile. Vous avez du goût pour les belles choses et vous avez encouragé la rénovation de ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Vous aimez l’art et la musique sacré, mais vous aimez surtout les belles liturgies. Et vous prenez toujours le temps de célébrer, vous n’aimez pas les célébrations bâclées, trop vite achevées. « Prendre le temps ». Mgr, oui, vous prenez toujours votre temps, ce qui explique parfois des retards à des rendez-vous. Quand vous recevez quelqu’un, vous prenez le temps de la rencontre et de l’échange. Combien d’heures passées à accueillir des catéchumènes, des confirmands pour les écouter et les inviter à poursuivre leur cheminement de foi. Combien de temps passé à recevoir des prêtres, des diacres ou des laïcs en mission ecclésiale. Quand on souhaite vous rencontrer, vous êtes toujours disponible.

On peut dire aussi Mgr que vous gagnez à être connu. Quand on vous voit célébrer l’eucharistie avec beaucoup de ferveur et de dignité, on peut être impressionné. Mais quand on se retrouve avec vous, c’est un homme fraternel et simple que l’on découvre. Mgr, il est bien difficile de vous enfermer dans une catégorie, dans une chapelle ! Vous êtes tellement atypique ! C’est sans doute l’ADN des dominicains !  D’ailleurs durant plus de 12 ans, vous avez été un évêque dominicain en terre albigeoise. Je crois que vous l’avez bien vécu et que cela vous a souvent amusé. Vous avez voulu être le pasteur de tous et au cours de toutes vos visites pastorales vous êtes allé à la rencontre des différentes réalités du diocèse. Je crois pouvoir dire que vous êtes à l’aise partout. Aussi bien dans une rencontre avec des élus, qu’avec des agriculteurs, avec des jeunes, qu’avec des moins jeunes. Vous avez votre franc-parler et vos punchline vont nous manquer. Nous les garderons en mémoire.

J’ai évoqué votre amour de l’art et de la liturgie… J’aurais dû commencer par l’amour du Seigneur. Vous n’hésitez pas à le faire applaudir dans des assemblées où l’on remercie un peu longuement… Oui, vous mettez beaucoup de zèle à le faire connaître. C’est pourquoi, il y a 5 ans, vous avez voulu créer de nouvelles paroisses qui prenaient en compte un certain nombre d’évolutions, pour les appeler à une conversion pastorale missionnaire. Oui vingt-et-une paroisses érigées pour la mission ! Vous avez toujours soutenu les initiatives missionnaires existantes et naissantes. Vous n’hésitez pas à donner des moyens à ce qui peut contribuer à faire connaître davantage le Seigneur.

Pour ce qui est des décisions, c’est dans votre caractère, vous prenez aussi le temps. Vous n’êtes pas un adepte des réponses immédiates et vous résistez à la dictature des réseaux sociaux. D’ailleurs combien de fois, m’avez-vous invité à la patience… J’ai beaucoup appris de votre manière de faire.

Ces derniers temps vous auriez pu être en roue libre et attendre la fin de votre épiscopat albigeois. Mais, c’était mal vous connaître. Vous avez su prendre des décisions difficiles dans l’intérêt du diocèse. Les travaux de la maison diocésaine étaient un pari sur l’avenir que vous avez su prendre en osant des projets ambitieux. Quelle joie, vendredi dernier de voir arriver les premiers étudiants. 20 étudiants qui vont vivre dans un endroit merveilleux pour l’étude et la fraternité. Dans quelques jours, c’est une mini crèche qui ouvrira ses portes avant qu’un restaurant inclusif puisse nous accueillir au mois de mars prochain. Tant de projets qui inscrivent notre diocèse dans une belle dynamique.

Monseigneur, je me fais le porte-parole aujourd’hui de tous les diocésains qui veulent vous dire merci. Merci d’avoir été notre évêque. Merci pour la confiance que vous nous avez manifesté. Nous souhaitons que ce temps qui s’ouvre devant vous soit un temps favorable au repos et ressourcement. Nous vous souhaitons de prendre du temps pour Dieu et pour vous au sein de la communauté des dominicaines de Saint-Maximin que vous allez rejoindre en devenant leur aumônier. Mgr LEGREZ, nous ne vous oublierons pas et je suis certain que vous garderez dans votre cœur une place toute particulière pour les Tarnais.

Abbé Sébastien Diancoff
Vicaire Général

Homélie de la messe d’action de grâce de Monseigneur Jean LEGREZ, o.p.

Mgr Legrez messe au revoir

 

Frères et sœurs, chers frères évêques,

Je me rends compte que j’ai omis de vous saluer au début de cette célébration. C’est une grande joie pour moi que l’archevêque de Toulouse ait pu participer à cette célébration d’action de grâce, ainsi que l’évêque de Lourdes et l’évêque de Cahors. Merci de tout cœur, chers frères.

Frères et sœurs,

Le passage de l’évangile de saint Matthieu qui vient d’être proclamé, nous a rapporté la première annonce de sa passion par Jésus lui-même. Cette annonce entraîne immédiatement une réaction de l’apôtre Pierre, qui ne peu peut envisager un tel destin pour « le Christ, le fils du Dieu vivant », comme il vient de le confesser, probablement quelques jours avant dans la région de Césarée de Philippe. N’est-il pas vrai que toutes les sagesses humaines et toutes les religions, à l’exception du christianisme, cherchent à aider l’homme à échapper à tout prix à la souffrance ?

Or, le Christ, au contraire, est venu partager la condition humaine en vue de vivre sa passion et sa mise à mort sur la croix pour le salut du monde. Quand Pierre semble s’opposer à ce mystérieux dessein divin, Jésus le traite de Satan. « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». Tout disciple du Christ est invité à renoncer à lui-même et à prendre sa croix pour suivre le Maître. Il est bien claire, que ce n’est pas la souffrance en soi qui a du poids pour Dieu, mais l’amour qui est à l’origine de son acceptation. Par amour de chacun de nous le Christ a accepté la souffrance de la croix pour nous combler de sa vie divine. Par amour du Christ et de ses semblables, le disciple de Jésus sait qu’il n’existe pas d’autre chemin que celui de la croix pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, sauvés et graciés tout au long de cette existence sur terre, jusque dans l’éternité.

Évidemment, seule la foi peut nous permettre de ne pas « prendre pour modèle le monde présent » pour discerner la volonté de Dieu, qui désire que tout homme soit sauvé. Le prophète Jérémie a reçu une mission terrible. Lui qui a été séduit par son Seigneur, il a dû annoncer toutes sortes de malheurs au peuple d’Israël, attirant sur lui les foudres de ses auditeurs. Pourtant, le texte nous dit : « la Parole comme un feu brûlant » habitait son cœur. Il ne pouvait pas ne pas parler et ne pas laisser ce feu se diffuser. Le croyant prend sa part au salut du monde en acceptant la Parole dans sa totalité, donc en acceptant « de perdre sa vie à cause du Christ », en luttant contre le mal par amour, en véritable serviteur de Dieu et de ses frères humains. Nous pouvons, au cours de cette célébration, demander les uns pour les autres, comme l’oraison d’ouverture l’exprimait : « Seigneur, augment en nous la foi », afin que nos pensées soient celles de Dieu et que notre conduite soit vraiment celle de ses enfants, se modelant sur celle du Fils premier-né, le Christ, le Sauveur de tous les hommes.

Frères et sœurs, au moment de conclure cette homélie et au terme de ces douze années au service du diocèse d’Albi, je tiens à vous remercier tous de votre présence, de votre prière au cours de ces années, de votre bienveillance. Je crois pouvoir affirmer que j’ai aimé servir cette Église du Tarn, dont j’ai reçu la charge comme pasteur. Je tiens aussi à demander pardon à ceux et celles qu’involontairement j’ai pu blesser. Je suis très reconnaissant envers celles et ceux avec lesquels j’ai collaboré durant toutes ces années, et sans lesquels j’ai conscience que bien des réalisations n’auraient jamais vu le jour. Il me semble que le diocèse, dans une période difficile de la vie de l’Église universelle, dispose de ressources qui sont source d’espérance pour l’évangélisation du Tarn.

Sachez, qu’en me retirant, je continuerai à vous porter dans ma prière quotidienne, demandant au Seigneur qu’il continue de vous bénir, de vous affermir dans la foi et la capacité de communiquer votre joie de connaître Jésus, le Christ, le Sauveur de tous les hommes.

Amen

† Jean Legrez, o.p.

Archevêque d’Albi

 

Mot de Mgr Jean LEGREZ, après  le cadeau d’un anneau épiscopal réalisé par l’artiste Goudji 

Mgr Legrez après la remise de l’anneau en fin de célébration de la messe d’action de grâce

 

Je suis très touché, un peu bouleversé, cette… [moment de silence ému] je ne peux plus parler [applaudissements spontanés de l’assemblée]

Merci de tout cœur, car cet anneau – vous ne pouvez pas tous le voir – c’est le Saint Esprit que j’aime beaucoup. Je peux vous dire qu’à partir du jour où j’ai prié le Saint Esprit, ma vie a été changée. Cela ils [ceux qui ont choisi ce cadeau – anneau épiscopal réalisé par l’artiste Goudji] ne le savent pas, mais ça tombe assez bien ! Je crois que j’ai beaucoup parlé du Saint Esprit dans le diocèse, tout spécialement évidemment avec les confirmands, mais pas seulement. Parce que je crois que tout commence, dans la vie de l’Église, à la Pentecôte bien sûr, et avec l’Esprit Saint. C’est lui qui guide l’Église, ce n’est ni le Pape ni les évêques. C’est le Saint Esprit, dans la mesure où nous l’écoutons, la hiérarchie autant que chaque fidèle, qui nous fait marcher à la suite du Christ vers le Père.
Merci infiniment. Ce sera pour moi un signe afin de continuer à prier le Saint Esprit pour le diocèse, pour que les cœurs s’ouvrent à l’Esprit Saint. Le Seigneur nous a tous sauvés, que c’est mystérieux, vous ne trouvez pas ? Le Seigneur a donné sa vie pour tous les hommes, de tous les temps. Je suis toujours sidéré de voir à quel point nous avons du mal à nous ouvrir à ce don extraordinaire qu’est le Saint Esprit et qui change complètement nos vies en mettant nos pas dans ceux du Sauveur. Cela nous rend heureux d’être sauvés. N’avez-vous pas remarqué que la foi chrétienne est un chemin de bonheur, il faudrait qu’on se le dise davantage ! Ce n’est rien d’autre ! Nous sommes faits pour le bonheur, mais pas un bonheur pacotille, mais un bonheur durable, un bonheur éternel. C’est cela que le Christ est venu nous apporter et nous donner. Je prie souvent le Saint Esprit pour que le cœur de tous les hommes s’ouvre au salut. Personnellement, je ne comprends pas – je suis très limité – pourquoi nous ne sommes pas davantage ouverts à ce bonheur que le Christ nous a apporté.

Merci de tout cœur, je ne veux pas vous retenir.
Je suis très touché par votre présence, et je ne vous oublierai pas, c’est sûr !
Merci.