Homélie de Mgr Legrez pour la messe chrismale

Frères et sœurs,

Rassemblés nombreux des quatre coins du diocèse dans notre cathédrale Sainte-Cécile, nous pouvons tous affirmer avec le prophète Isaïe, à l’exception des catéchumènes présents dans notre assemblée, « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». En effet, depuis le jour de notre baptême et de notre confirmation, les onctions reçues ont été le signe que désormais l’Esprit Saint habite au cœur de notre cœur.

Puisse cette célébration être pour chacune et chacun de nous l’occasion de remercier le Seigneur d’avoir fait de nous le Temple de son Esprit. Depuis lors, nous avons pu faire l’expérience d’une collaboration avec l’Esprit Saint. Avec lui, il devient possible de suivre le Christ et d’agir à sa manière. Ce qui es impossible par nos propres forces est rendu possible par la puissance de l’Esprit Saint agissant en nous et avec nous. Que la louange et l’action de grâce montent en ce jour vers le Ciel pour le don du Saint Esprit que nous avons reçu.

Prêtres et évêques, nous avons bénéficié d’onctions particulières au jour de notre ordination pour être configurés au Christ pasteur. À la suite des apôtres, chargés de prendre soin du peuple de Dieu, nous avons la joie d’être les témoins de l’œuvre de l’Esprit Saint dans les âmes de celles et ceux qui nous sont confiés et que nous servons. Si les diacres, comme les consacrés, ne bénéficient pas d’une onction matérielle précise, c’est pourtant bien en raison d’une effusion particulière de l’Esprit Saint qu’ils accomplissent leur ministère ou, pour les consacrés, vivent leur donation totale à Dieu.

De nous tous, l’Esprit Saint a fait des enfants de Dieu, qui ensemble formons le corps du Christ dont il est la tête. Pour la croissance de ce corps, qui est l’Église, tous nous sommes invités à écouter les Écritures puis à discerner dans la docilité à l’Esprit Saint et le respect de chacun, afin de rechercher ce que Dieu veut pour son Église aujourd’hui. Le Pape François œuvre de telle sorte que l’Église emprunte davantage un chemin de synodalité, qui consiste avant tout à se mettre à l’école de l’Esprit Saint. C’est lui qui conduit l’Église.

« Prions l’Esprit Saint, écoutons-le et obéissons-lui »

Alors n’ayons pas peur ni pour le présent ni pour l’avenir. Prions l’Esprit Saint, écoutons-le et obéissons-lui. À chaque époque de la vie de l’Église, les baptisés ont à apprendre jour après jour à placer leur confiance dans la Parole de Dieu et de l’Église, plutôt que dans la parole des médias. C’est le moyen le plus sûr d’être de véritables enfants du Père, mais aussi d’avoir une vision vraiment respectueuse de la dignité de chaque être humain. Préférons-nous suivre les modes intellectuelles qui jalonnent le cours des temps ou placer notre confiance dans la parole immuable de Dieu ? Celle-ci affirme que le Créateur a créé l’homme et la femme à son image, deux être différents, libres et complémentaires. La loi de Dieu, donnée à Moïse, enseigne déjà : « Tu ne tueras pas ». Précepte souvent rejoint par des sages de l’humanité, tel Hippocrate. Le Christ nous enseigne que « ceux qui prennent l’épée, mourront par l’épée », excluant toute forme de violence de la vie de ses disciples.

Vous l’avez compris, nombre de questions graves posées actuellement dans la société française ne peuvent pas trouver une réponse juste dans des idéologies marquées par l’individualisme, le matérialisme ou l’impérialisme. Avec l’enseignement de la Parole de Dieu, nous avons mieux à partager avec nos contemporains que la confusion des sexes, la mise à mort de nos souffrants ou la violence verbale et physique dans la recherche du bien commun. Osons, avec la force que donne l’Esprit Saint, être de vrais disciples du Christ, capables de faire connaître à temps et à contretemps la sagesse que la Révélation nous offre.

Dans la fidélité aux dons reçus, apportons l’espérance à notre société sans craindre de passer pour des adeptes de doctrines surannées, mais en nous laissant conduire par l’Esprit Saint. Nous saurons alors trouver les mots pour annoncer la Bonne Nouvelle qui favorise la bienveillance à l’égard de tous, le respect de la vie jusqu’à notre mort naturelle, en particulier celle des plus fragiles et des plus petits. La Bonne Nouvelle nous fera aussi apprécier la beauté et la dignité du couple humain, constitué d’un homme et d’une femme, appelés à faire rayonner leur amour dans leur famille et au-delà.

Ensemble, remercions le Seigneur pour le don des huiles qui rappelleront à ceux qui en seront oints, le don de Dieu par excellence : l’Esprit Saint. Enfin, prions pour que le Paraclet, le compagnon de nos vies, rencontre le moins possible d’obstacles à son déploiement dans chacune de nos âmes.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi – mardi 4 avril 2023

1^ère lecture : Is 61, 1-3a.6a.8b-9
Psaume : 88, 20ab.21, 22.25, 27.29
2^ème lecture : Ap 1, 5-8
Évangile : Lc 4, 16-21