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Commentaire du chant « En ce jour la Vierge met au monde »

Le père Gaël Raucoules nous propose un commentaire plus développé du chant En ce jour la Vierge met au monde, hymne sur une musique traditionnelle avec des paroles du monastère de Chevetogne, abbaye belge de tradition byzantine.

L’adoration des rois mages 3

« En ce jour la Vierge met au monde » : le ciel s’unit à la terre !

Dans le temps de la Nativité, il est difficile de sortir des grands classiques de Noël, « Il est né le divin enfant », « Peuple fidèle » ou « Les anges dans nos campagnes ». Ce n’est pas une mauvaise chose : ces chants témoignent d’une porosité entre le patrimoine de chants liturgiques et celui populaire en cette période de l’année. La participation de l’assemblée n’en est que plus grande, et c’est heureux. Mais, en écho à la Parole de Dieu après l’homélie, pour la présentation des dons ou en action de grâce après la communion, pourquoi ne pas puiser dans un répertoire qui favorise la méditation sur le mystère que nous célébrons ? La fête de l’épiphanie, si elle se résume bien souvent à la visite des Mages à la crèche, est plus profondément la fête de la manifestation du Fils de Dieu dans l’Enfant de Bethléem, comme le chante l’hymne « En ce jour la Vierge met au monde », du monastère de Chevetogne, abbaye belge de tradition byzantine.

1 – En ce jour la Vierge met au monde
Le Verbe qui transcende l’univers,
Et la terre abrite en une grotte
le Dieu trop haut pour notre entendement.
Les bergers chantent sa gloire sur la terre
Comme les Anges dans le ciel.
Vers Bethléem l’étoile indique aux Mages leur chemin,
Car pour nous vient en ce monde
Un Enfant nouveau-né,
le Dieu d’avant les siècles, nouvel et éternel
2 – En ce jour le ciel descend sur terre,
Le paradis s’entrouvre à Bethléem,
Et la Vierge en ce nouvel Eden
A fait éclore le salut du monde.
Dans les champs, un Ange éveille les bergers,
Leur annonçant la grande joie.
Car aujourd’hui vous trouverez caché dans une crèche,
Dans la ville de David,
Un Enfant nouveau-né,
le Dieu d’avant les siècles, nouvel et éternel
3 – En ce jour le Dieu d’avant les siècles
Comble de joie les pauvres et les grands :
D’humbles pâtres chantent ses louanges
Et les savants découvrent son étoile.
D’Orient les Mages viennent adorer
Le Créateur de l’univers.
Car aujourd’hui sur nous se lève l’astre de Jacob,
Annoncé par les prophètes :
Un Enfant nouveau-né,
le Dieu d’avant les siècles, nouvel et éternel

« En ce jour », « Aujourd’hui » : de cette manière est exprimée le rôle de la liturgie, mémorial de la célébration des mystères de notre foi. Au cœur de la messe, nous sommes comme transportés au temps et au lieu où le Christ est né, où il a été manifesté au monde par la voix des bergers et des mages. Et à travers eux, c’est bien nous qui sommes bénéficiaires du message, récipiendaires de la grâce.

La première strophe met en avant l’écart abyssal entre la grandeur de Dieu et l’humilité de la condition humaine qu’il prend. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » (Jn 1, 1-3) Ce franchissement inouï est aussi signifié par la communion des chants : les anges dans le ciel sont à l’unisson des bergers sur la terre, les uns comme les autres chantant la gloire de Dieu (voir Lc 2, 14), tandis que les Mages se mettent en route, guidés par l’étoile.

Marie, Nouvelle Ève, nous conduit dans la deuxième strophe à un double mouvement : le mouvement descendant du Verbe qui s’incarne, du ciel qui descend sur la terre telle la Jérusalem céleste de l’Apocalypse (voir Ap 21, 2), et le mouvement ascendant du germe qui éclot, du monde habité par Dieu, où il va se promener à la recherche de l’Adam que nous sommes (voir Gn 3, 8) pour réhabiliter en nous et dans toute la Création la communion originelle avec ce Dieu venu pour nous sauver, nouvelle de joie qui vaut bien un réveil nocturne et angélique !

Voici que le Créateur, dont la venue dans le monde était annoncée par les prophètes, est adoré par les pauvres bergers et les grands savants. « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 4-5). Il avait été annoncé par Balaam établi prophète par l’Esprit de Dieu : « Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël » (Nb 24, 17). L’étoile annonce donc une autre lumière, celle du monde (voir Jn 9, 5 ; Lc 2, 32), lumière qui donne sens à toute autre créature, lumière qui donne sens à la vie des hommes. La fête de l’Épiphanie du Seigneur vient donc révéler au monde celui qui, existant d’avant les siècles, entre dans le cours du temps pour nous conduire à la joie éternelle.

 

Abbé Gaël Raucoules

 

Référence : En ce jour (Chèvetogne/Traditionnel) – https://www.youtube.com/watch?v=mA-3roTTRZM

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