Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Commentaire du chant « Tu es la vraie lumière » : la victoire des ressuscités !

Au cœur de notre été 2023, la série des dimanches du Temps ordinaire sera interrompue par la fête de la Transfiguration du Seigneur. Nous avons l’habitude de célébrer ce mystère au 2e dimanche de Carême, dans notre marche vers Pâques. Quarante jours avant la fête de la Croix glorieuse qui commémore la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem construite par Constantin en 335 suite à la découverte de la Croix du Christ par sainte Hélène, sa mère, la fête de la Transfiguration, qui tombe donc à date fixe, le 6 août, invite à un itinéraire spirituel estival et à nous souvenir que le mystère pascal de la mort et la résurrection du Christ demeure au fondement de notre existence chrétienne.

1- Tu es la vraie lumière jaillie dans notre nuit.
Printemps de notre terre, c’est toi qui nous conduis.
Tu es le beau visage, clarté dans le matin.
D’un radieux message, nous sommes les témoins.

2- Victoire qui délivre des marques du péché,
Ta Pâque nous fait vivre en vrais ressuscités.
Parole vivifiante, tu viens pour notre faim ;
Dans notre longue attente, ton corps est notre pain.

3- Tu fais de nous des frères rassemblés par ta croix.
Enfants d’un même Père, nous partageons ta joie.
Merveille de ta grâce, tu viens nous libérer.
Qu’en ton amour se fasse, Seigneur, notre unité.

 

Les premiers mots de cette hymne nous plongent dans la théologie de saint Jean. Le quatrième évangile présente le Verbe comme « la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1, 9). Lui-même, à l’occasion de la guérison de l’aveugle-né, a affirmé : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jn 9, 5). Encore, pour introduire l’épisode de la réanimation de Lazare, Jésus proposait cette mystérieuse méditation : « Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui » (Jn 11, 9b-10). Il répondait à l’interrogation des disciples devant son désir de revenir en Judée, alors que « les Juifs » voulaient le lapider.

Une nouvelle fois, Jésus souligne là combien le fait de se tenir en sa présence, qu’il s’agisse de sa présence physique jadis ou bien de sa présence spirituelle et sacramentelle pour nous, est la clé pour progresser à travers « les ténèbres du péché » (Chant de l’Exultet), comme les hébreux conduits par la colonne de nuée dans leur sortie d’Égypte (voir Ex 13, 21). Jésus signe pour toute la création le renouveau après le péché qui nous a entraîné dans la mort. Sa victoire que signifie déjà sa transfiguration est pour tout l’univers le signe d’un nouveau printemps, le retour de la vie après le sommeil de l’hiver.

Dans le récit biblique de la Transfiguration, un détail peut nous dérouter. Il s’agit de l’avertissement final de Jésus aux trois disciples qu’il a pris avec lui : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » (Mt 17, 9 ; voir Mc 9, 9). Pour notre part, puisque nous nous situons après la résurrection, nous sommes investis de la mission de témoigner de ce message de lumière pour tout homme.

Transfiguration de Jésus. Voûte de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi

Si Jésus ressuscité garde les marques de sa passion – c’est même à elles que Thomas peut le reconnaître (voir Jn 20, 25.27-28) –, sa victoire nous sauve des conséquences en nous du péché, comme le fait de rester prisonniers de la mort. Comment cela ? Parce que le baptême est participation à la mort et à la résurrection de Jésus. Comme le dit saint Paul : « Si, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6, 4). Mais au-delà du baptême, c’est encore par sa Parole que le Ressuscité nous donne de communier à sa vie, comme le dit saint Pierre à la fin du discours de Jésus sur le pain de Vie : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). L’Eucharistie, communion à la parole de Vie et au pain de Vie, est aussi joyeuse espérance du retour du Christ dans la gloire, qui accomplira définitivement ce que sa transfiguration n’a laissé qu’entrevoir. En attendant, le Corps du Ressuscité devient la nourriture pour notre route.

Enfin, si l’épisode de la Transfiguration est anticipation de la mort et de la résurrection de Jésus, elle nous rappelle que le mystère pascal est bien ce que nous célébrons à chaque eucharistie. Or, celle-ci est aussi construction progressive du Corps du Christ qu’est l’Église, communion des baptisés-ressuscités. Puisque Jésus nous a donné son Père pour notre Père, nous pouvons prendre à notre compte cette parole prononcée sur le Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie » (Mt 3, 17), qui résonne en écho sur le mont Thabor : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mt 17, 5). Nous partageons la joie du Fils qui travaille à faire la volonté du Père, qui se manifeste à travers l’unité des disciples que nous sommes. Telle est la vraie liberté des enfants de Dieu : accueillir, dans le Christ, son amour qui nous sauve de nos péchés, et nous rend, à notre tour, « la lumière du monde » (Mt 5, 14).

Abbé Gaël Raucoules

Référence : Tu es la vraie lumière (Dominique Ombrie/Jean-Sébastien Bach/Fleurus-Mame/D86bis)

 

Approfondir votre lecture