Chrétiens de Palestine et chrétiens de France. Quelles solidarités ?

Le 6 juin 2024, un webinaire était proposé par le réseau « Chrétiens de la Méditerranée » en lien avec Pax Christi, La Cimade et Sabeel. Il était aussi répercuté par le Secours catholique et le CCFD-Terre Solidaire.

Sur le thème : « Chrétiens de Palestine, chrétiens de France. Quelles solidarités pour aujourd’hui et demain ? », intervenaient Mgr Michel Sabbah, patriarche latin émérite de Jérusalem, Munther Isaac, pasteur de l’église luthérienne de Bethléem, et Omar Haramy, du mouvement œcuménique Sabeel à Jérusalem.

• Des Tarnais ont rejoint ce webinaire. Voici le retour de Sylvie et Jean-Louis :

« A travers les interventions des trois invités, nous avons été marqués par la détresse exprimée par les palestiniens de Gaza et ceux de Cisjordanie occupée. Voici quelques réflexions qui nous ont interpelés :

Le pasteur Munther Issac a insisté sur le manque de réactions aussi bien des pouvoirs publics que des Églises d’occident face aux situations dramatiques que vivent les palestiniens au quotidien. Il a même employé les termes de génocide et d’apartheid ce qui met en évidence le point d’exaspération des populations et qui laisse entrevoir les difficultés à trouver des solutions pacifiques à ces situations. Citant le psaume 84 (« Paix et Justice s’embrassent »), il rappelle qu’il ne peut y avoir de paix sans la justice.

Reprenant cette citation, Mgr Sabbah la complète en rajoutant « Amour et Vérité se rencontrent » car il insiste sur les nécessaires rencontre et dialogue entre palestiniens et israéliens. Il insiste en disant que les chrétiens de Palestine sont d’abord palestiniens, signifiant ainsi que le conflit est politique et non religieux.

Omar, représentant de Sabeel à Jérusalem, vit au quotidien les difficultés d’un palestinien en Israël (brimades, difficultés pour circuler et travailler, arrestations arbitraires, etc). Il plaide avec les autres communautés chrétiennes pour maintenir un dialogue constructif, nourri par la prière d’intercession* diffusée au niveau international chaque jeudi. Ce lien de prière permet une prise de conscience et des actions non violentes pour un retour vers la paix. »

* Pour recevoir chaque jeudi les intentions de la prière hebdomadaire de Sabeel, contacter dans le Tarn M. Jean-Louis Dreuilhe : jeanlouis.dreuilhe@free.fr

Rose-Line a noté quelques expressions exprimées par les intervenants à la fin du Webinaire :

– « Continuons à lutter, prier et espérer pour la réconciliation des deux peuples ! » (Mgr Sabbah)

– « N’utilisons pas Dieu ! Il n’est pas un Dieu tribal, Il n’est pas un Dieu de violence. Nous ne sommes pas pour un peuple contre l’autre. Arborons le slogan de la Justice ! » (Munther Isaac)

– Le fait d’être ensemble est déjà acte ; le Seigneur nous inspirera encore plus ! » (Omar Haramy)

Elle partage ce qui l’a marquée :
« Mgr Sabbah insiste sur une nécessaire réconciliation des deux peuples qui ont besoin de la Paix !
Pour cela, il faut s’appuyer sur la vérité de la réalité : le peuple palestinien n’est pas venu d’ailleurs !
Et le peuple juif qui a beaucoup souffert, a besoin d’un Etat !
Et le droit d’exister est essentiel pour tous deux.
La solidarité des chrétiens consiste à aider à la réconciliation entre les deux peuples, afin qu’ils parviennent à vivre réconciliés.

Ce conflit n’est pas religieux, car la Parole de Dieu doit être interprétée selon Dieu et Dieu Amour ne peut pas demander à un peuple d’en tuer un autre : le peuple juif doit choisir entre la voie des hommes (la guerre) et la voie de Dieu (la paix).

A Gaza actuellement, cette destruction totale qui devient massacre, est destruction pour les victimes et pour ceux qui font la guerre. « Il faut en revenir au conflit de la terre et résoudre la question palestinienne (sous les menaces constantes et systématiques de la part des soldats et des colons) ; et après tous ces sacrifices de vies humaines, en revenir à la sécurité totale pour tous ! Telle est la solidarité que je demande aux chrétiens. En chrétien, je suis responsable de l’avenir de tous !

Et il faut que la communauté internationale aide Israël à aller vers la Paix, en n’envoyant plus d’armes ! »

Le Pasteur Munther Isaac, a insisté sur l’utilisation erronée de l’expression « Dieu a donné cette terre aux juifs ».
En chrétiens, soyons à la hauteur de notre foi ! Vivant en Cisjordanie, il témoigne que le pire s’y vit depuis des années : une situation d’apartheid, aucun droit !

Le droit international y est violé 10.000 fois. L’Occident se lève-t-il pour les 6000 otages palestiniens ?

« Je vous prie d’écouter la voix de votre conscience et de dire la vérité avec le langage de l’amour. Les palestiniens chrétiens sont engagés dans une résistance non-violente. Il faut d’abord stopper et déstructurer ce système d’apartheid. La seule garantie pour les Palestiniens, c’est la fin de l’occupation. J’en appelle à une résistance créatrice non-violente, car nous voulons vivre en frères avec nos frères juifs. En Jésus, nous persévérons dans l’espérance. Priez avec nous et agissez, ne prenez pas le prétexte de la neutralité !»

Omar Haramy a témoigné de l’épuisement vécu par la population et comment les Gazaouis, emprisonnés sur peu d’espace et poursuivis d’un lieu à l’autre, perdent espoir, ne voyant plus aucune possibilité de futur.

Il faudrait, dit-il, se souvenir des racines de la violence palestinienne : on les a oubliées ! Il faudrait que ceux qui commettent ces péchés, au lieu de se justifier, demandent pardon et en paient le prix. « Nous, palestiniens, avons besoin de la communauté internationale, car notre peuple a été transformé en réfugiés. »

Pourquoi 2 poids, 2 mesures ? Israël est dit être une démocratie ; est-ce possible quand on impose un système d’apartheid ? 

Et les palestiniens sont dits violents. La communauté internationale doit changer de regard et défendre les plus faibles.

Attention : nous vivons dans une jungle, cadre qui produit les bêtes féroces ! Jésus nous apprend à dire « ça suffit » : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » (Mt 10, 34)

Les représentants des associations présentes ont remercié pour les interventions très fortes de ces témoins qui, prenant Jésus au sérieux, persévèrent dans l’espérance pour échapper à une prison de vengeance et de haine et disent : « Résister au mal, c’est une question de vie ou de mort : je veux vivre ! »

« Pas de paix sans justice et pas de justice sans pardon ! »    Message de Jean-Paul II pour le 1er janvier 2002