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Qu’est-ce que le Mercredi des Cendres ?

Le Mercredi des Cendres, premier jour du Carême, est marqué par l’imposition des cendres : le prêtre dépose un peu de cendres sur le front de chaque fidèle, en signe de la fragilité de l’homme, mais aussi de l’espérance en la miséricorde de Dieu.

En fait, c’est vers l’an 591 que le pape Grégoire Ier fixe le début du Carême au mercredi précédent le premier dimanche de la saison pascale. Fixé quarante-six jours avant Pâques, c’est donc toujours un mercredi. Il n’a donc jamais lieu à la même date et, en conséquence, il peut se dérouler entre le 4 février et le 10 mars. Cette année 2024, il est fêté le mercredi 14 février.

Quelle est l’origine du mercredi des cendres ?

On trouve déjà le symbolisme des cendres dans l’Ancien Testament. À l’origine, ce rituel provient d’une ancienne pratique pénitentielle, appliquée par le peuple hébreu. On trouve plusieurs références à cette pratique comme par exemple dans le livre de

  • Jonas (3, 6) « La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre. » ou encore celui de
  • Jérémy (6, 26) « Ô fille de mon peuple, revêts-toi de sac et roule-toi dans la cendre ! Prends le deuil comme pour un fils unique. »

Chez les premiers chrétiens à partir du IVe siècle, certaines églises appliquent ce rite afin de marquer le début d’un chemin de pénitence pour les personnes rendues coupables de péchés graves (apostasie, meurtre, hérésie, adultère). Recouvertes de cendres (et donc reconnaissables), celles-ci sont excommuniées temporairement de l’Église et doivent observer un temps de pénitence. Elles reçoivent ensuite l’absolution lors du Jeudi saint.

Jusqu’au Moyen-Âge, le rite d’imposition des cendres est public. Il concerne uniquement les pénitents qui doivent respecter une période de quarante jours et durant laquelle ils sont exclus de la communauté chrétienne, avant d’être réintégrés à Pâques.

À partir du XIe siècle, la pratique s’étend à l’ensemble des fidèles. Marqués au front par la croix de cendres, les croyants sont d’abord invités à se confesser puis à entreprendre un chemin personnel de repentance. Depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II, le rite prend une autre tournure : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15). Pendant toute la période du Carême, les chrétiens suivent une voie de conversion, de prière et de retour à Dieu.

L’imposition des cendres évoque donc la représentation du péché et la fragilité de l’être. On peut y lire que quand l’homme se recouvre de cendres, c’est qu’il veut montrer à Dieu qu’il reconnaît ses fautes. Par voie de conséquence, il demande à Dieu le pardon de ses péchés : il fait pénitence.

Mais comment nous dégager du péché, dont nous faisons tous l’expérience ?

Jésus nous apprend que nous serons victorieux du péché quand nous aurons appris par l’Évangile à remplacer le feu du mal par le feu de l’Amour. Car le feu qui brûle ce jour détruit d’abord mais, en même temps, ce feu éclaire, réchauffe, réconforte, guide et encourage. Ainsi, ces cendres sont finalement un symbole de renaissance. La cendre est le fruit du feu, ce feu c’est l’Amour de Dieu qui est si puissant qu’il réduit en cendres notre péché.

Pourquoi le prêtre nous marque-t-il le front d’une croix avec la cendre ?

La cendre, produite par la combustion des rameaux de l’année passée, est appliquée sur le front pour nous appeler plus clairement encore à la conversion, précisément par le chemin de l’humilité. La cendre, c’est ce qui reste quand le feu a détruit la matière dont il s’est emparé. Quand on constate qu’il y a des cendres, c’est qu’apparemment il ne reste plus rien de ce que le feu a détruit. C’est l’image de notre pauvreté. Mais les cendres peuvent aussi fertiliser la terre et la vie peut renaître sous les cendres. En recevant cette cendre sur notre front, nous redisons toute notre foi: oui nous mourrons un jour, mais Dieu nous ressuscitera avec Jésus-Christ pour la vie éternelle. La cendre annonce déjà Pâques.

Le prêtre accompagne son geste d’une parole. Que dit-il ?

Tout en le marquant, le prêtre dit au fidèle : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». L’évangile de ce jour est un passage de saint Matthieu – chapitre 6, versets 1 à 6 et 16 à 18 – qui incite les fidèles à prier et agir, non pas de manière orgueilleuse et ostentatoire, mais dans le secret de leur cœur :

Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que te donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret.

Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret.

Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement du Père qui est présent dans le secret.

Le prêtre peut aussi dire une autre parole : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu redeviendras poussière ». Il invite ainsi le fidèle à se souvenir de sa fragilité d’être humain et à se repentir. La cendre rappelle notre état d’homme: un jour nous mourrons, notre corps se décomposera et deviendra de la poussière, comme de la cendre.

Le mercredi des Cendres est donc une invitation à l’espérance ?

Le geste de l’imposition des cendres est un signe extérieur vécu en communauté, c’est-à-dire en Église. La communauté des fidèles représente les membres d’un même corps, celui du Christ. Elle est aussi le lieu d’exercice de la vertu de charité. Tous, baptisés ou catéchumènes, se voient donc conviés à se souvenir ensemble de l’Alliance qui les unit à leur Créateur et Sauveur.

Le rite liturgique du mercredi des Cendres est donc bien une invitation à l’espérance en la miséricorde de Dieu. Il représente une forme d’appel à se mettre à l’écoute de la Parole. C’est un peu comme un programme de conversion pour les quarante jours à venir.

D’ailleurs les textes lus à la messe ce jour-là  nous invite à nous convertir : : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux […] » nous dit le prophète Joël dans la première lecture (Jl 2, 12-18), alors que le Psaume du jour nous invite à la pénitence : « Pitié, Seigneur, car nous avons péché » (Ps 50, 3-4, 5-6ab, 1).

Bon chemin de carême à tous !

Marie-Véronique du Pasquier – Responsable diocésaine de la formation