Message de Pâques de Monseigneur Legrez

Je monte vers mon Père et votre Père (Jean 20, 17)

Célébrer la résurrection du Christ est toujours un motif de grande joie. Au terme du Carême, nous mesurons à quel point nous avons besoin d’être renouvelé dans l’espérance que la victoire du Sauveur sur la mort nous offre. À travers les propositions de conversion que la sainte quarantaine propose aux catéchumènes comme aux baptisés de plus ancienne date, nous avons pu mieux prendre conscience de notre fragilité, de notre faiblesse et de notre péché. La grâce pascale vient à point et nous tourne vers le but de la vie chrétienne, la résurrection et le partage de la gloire de Dieu, que nous appelons plus simplement le Ciel.

Jésus nous ouvre à nouveau l’accès au cœur de Dieu

Jésus ressuscité monte vers le Père, comme il l’affirme à Marie de Magdala : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Depuis la sortie du jardin d’Éden, l’humanité avait perdu l’accès à l’intimité de son créateur. Peu à peu, à travers de multiples préparations au long des siècles, le Seigneur a fait connaître à son peuple son dessein bienveillant en faveur de tous les peuples appelés à accueillir le Messie. Le Messie d’Israël, sauveur de tous les hommes, en raison de sa filiation divine, sera un véritable révélateur des pensées du Père. Il nous ouvre à nouveau l’accès au cœur de Dieu.

Désormais, partager pour toujours l’amour du Père est possible selon ce qu’il avait prévu de toute éternité pour ses créatures, ses enfants. La lumière pointe à l’horizon de toute vie humaine. Elle l’éclaire déjà, avant de la combler au-delà du passage sur cette terre.

Le pape saint Léon remarque : « Devant la vraie lumière, l’obscurité de la nuit a disparu ». Il ajoute : « le peuple chrétien est invité à posséder les richesses du paradis, et l’accès à la patrie perdue s’offre à tous ceux qui ont reçu le sacrement de la nouvelle naissance, pourvu que personne ne se fasse fermer ce chemin qui a pu s’ouvrir devant la foi d’un malfaiteur ».

Ainsi, les croyants deviennent des vivants !

Comment ne pas être dans la joie face à un présent où le Sauveur nous guide et nous accompagne avec un amour incomparable ? Quant à notre avenir, nous le croyons fait de la vision des trois Personnes de la Trinité et du partage de leur vie éternelle. Le Ressuscité ne meurt plus. Il apporte la paix à ceux qui lui font confiance et il leur communique sa vie divine dans le souffle de l’Esprit. Ainsi les croyants deviennent des vivants capables de traverser la mort sans qu’elle puisse les retenir dans ses filets.

Avant d’entrer dans sa passion, Jésus n’a-t-il pas affirmé : « Je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis vous aussi, vous soyez » (Jn 14, 3). Assis à la droite du Père, le Christ glorifié nous attend et nous dira : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde » (Mt 25, 34). La vie sur terre a donc un sens. Elle est une préparation à la béatitude en imitant le Christ obéissant à son Père. Éclairé et dynamisé par l’Esprit Saint, la mise en pratique de l’enseignement de Jésus nous fait parcourir le chemin qui mène à l’entrée dans la gloire du Père avec Jésus.

Que cette Pâques donne un élan vers le Ciel aux néophytes et à tous les baptisés ! Puisse chacune et chacun croire, avec une ferveur renouvelée, en la vie éternelle dans laquelle nous baignons déjà, et qui connaîtra sa plénitude en paradis avec le larron et tous les saints !

Heureuse Pâques à tous les diocésains !

Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia !

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi