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Rupture du jeûne. Parcelle de vécu rapportée par un prêtre en mission

L’Aïd Al Fitr, fête de la rupture du jeûne dans la religion musulmane, aura lieu le 4 juin 2019.

Célébrée le jour qui suit le mois de Ramadan, cette fête débute le matin après de grandes ablutions, en se parfumant et revêtant ses plus beaux habits; c’est un jour de joie, de convivialité et de pardon.

Fin mars, Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, avait adressé aux hommes et femmes musulmans un message intitulé :

« Chrétiens et musulmans : promouvoir la fraternité humaine »,

accompagné de ses « vœux les meilleurs pour un mois de Ramadan fructueux et un joyeux ‘Id al-Fitr ».

 

Écoutons le témoignage d’un prêtre en mission, originaire du Tarn  :

« Cela se passe dans un autre continent. Nous approchons de la fin du Ramadan. Mon ami, Ahmed, me téléphone pour m’inviter à un repas de fin du jeûne. Nous sommes loin de la France, sur une terre non-musulmane, tous les invités sont français ou de double nationalité. Il a fallu jongler avec les agendas de chaque convive, mais la priorité a été donnée à François qui soigne un cancer. Ahmed voulait vraiment organiser pour lui ce repas, et ainsi adoucir avec un moment de convivialité la rigueur du traitement. Pour cette raison ce repas ne sera pas strictement le jour de l’Aïd el-Fitr, jour et fête de la rupture du jeûne.

David, de confession israélite, ami de nous tous de longue date, arrive avec deux bouteilles d’excellent Bordeaux, Ahmed les réceptionne en remerciant et d’un pas déterminé va les ranger loin de la table tout en ajoutant d’un ton affable et ferme qu’il y aura d’autres invitations, mais que ce soir nous sommes dans une atmosphère religieuse. Nous prenons acte.

Sur le mur de l’abbaye de Notre-Dame d’Aiguebelle (26)

Autour de la table nous sommes tous des « gens du livre » (Ahl al-Kitab) à l’exception de deux épouses asiatiques. La table est généreuse et la cuisine largement méditerranéenne, grâce aux préparations d’ Ahmed et des contributions d’Alain, juif des bords de la « Grande Mer » familier de tous ses rivages.

Tous les quarts d’heure plus ou moins, François s’étend sur le divan, la séance de radiothérapie avant le repas l’a épuisé. La fatigue lui a laissé encore un peu d’appétit et toujours le sourire ; même sur le divan il est de la fête.

Soudain je remarque qu’ Ahmed n’est plus assis à ma gauche : affairé à la cuisine ? Mon regard se porte alors vers un coin plus obscur de la salle à manger : nous mangions et bavardions, discrètement lui s’était retiré pour faire ses prières. Sans attirer l’attention, notre hôte, fidèle à ses devoirs de musulman, priait et nous laissait nous régaler.

Sans fanfare, Ahmed nous avait associés à sa piété sincère, à la joie de cette fête anticipée, il avait fait place chez lui à celui qui souffrait et qui, hélas, bientôt ne serait plus des nôtres.

Atmosphère religieuse ? Oui et pas seulement par la gastronomie, mais avec la prière, l’accueil, l’amitié du repas partagé et, discrète, la souffrance silencieuse comme la prière. »

 

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* Sur le site de la CEF (Conférence des évêques de France), on peut consulter les actualités du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM)