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Agora des finances solidaires : Dieu, l’argent et le bien commun

Le samedi 13 novembre au Couvent Bleu, à Castres a eu lieu une rencontre-débat organisée par divers mouvements d’Action catholique du diocèse. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la Semaine de la finance solidaire. Aussi le thème avait été choisi en ce sens : « Dieu, l’argent et le bien commun : conciliables ? »

Sœur Geneviève Guénard, Bruno Fieux, Françoise Estibals-Carrière et Christian Carrière ont développé ce thème dans leurs domaines respectifs. Une table ronde animée par Isabelle Galkine a suivi leur intervention. Les échanges ont permis de présenter la SIDI (Solidarité internationale pour le développement et l’investissement) avec la question des placements éthiques. Françoise Estibals-Carrière a pu expliquer les procédures mises en place au niveau diocésain pour encadrer les dépenses.

« FAITES VOUS DES AMIS AVEC L’ARGENT TROMPEUR » LC 16,9, Sœur Geneviève Guénard

Religieuse auxiliatrice, licenciée en théologie, ancienne économe de sa congrégation (Construction d’un partenariat avec le CCFD TS), ancienne Directeur administratif et financier du CCFD Terre Solidaire, aujourd’hui Présidente de la SIDI-Gestion, le commandité chargé de veiller au maintien de l’orientation de cette société.

40 ans de gestion de l’argent, heureusement avec des vœux de pauvreté.

Il faut essayer de changer de perceptive avec la finance solidaire. L’intervenante illustre son propos avec l’exemple des planisphères donnant la représentation de la surface de notre planète, cette représentation est toujours fausse. Les planisphères diffèrent en fonction de la région où on se trouve, en se plaçant toujours au centre du monde.

L’Évangile du bon samaritain nous rappelle notre rôle par rapport à notre prochain. Le Samaritain a pris soin de l’homme qu’il rencontre, et pas de tous les pauvres. L’important est peut-être de nous laisser toucher par une personne.

« Autant que faire se peut » : c’est engager tout ce que je peux, mais admettre qu’il y a des choses que je ne peux pas faire.

Chaque culture a un rapport particulier à l’argent. La mise en commun des biens dans la vie religieuse crée paradoxalement de l’argent. Mais la question est : que faire de cet argent ? et comment vais-je m’en servir ?

Dans la parabole des talents, le premier redonne ses talents, c’est une réaction de peur vis-à-vis de l’argent. Cette réaction est toujours actuelle, avoir peur de l’argent.

De quoi ai-je besoin ? Les plus gros dons sont plus destructeurs qu’autre chose. La prise de conscience peut déplacer notre vie.

Voir ce que je possède et voir comment je peux l’investir pour de la solidarité et le bien commun.

La question n’est plus « servir l’argent » mais est « de se servir de l’argent pour ». L’argent devient un outil. Une relation triangulaire se forme entre moi, mon argent et les autres pour faire bouger les choses. Chacun peut transformer et agir avec son argent.

 

« LE VÉCU DE LA FINANCE AU CCFD TERRE SOLIDAIRE » Bruno Fieux

Ingénieur, retraité du monde aéronautique et spatial

Ancien PDG (bénévole) d’une coopérative de capital-risque solidaire d’Occitanie en faveur des entreprises locales : Initiatives pour une économie Solidaire

Bénévole CCFD depuis plus de 30 ans. Président de la Commission Nationale pour le développement des Ressources du CCFD Terre Solidaire

La finance solidaire est un circuit de financement dont l’épargnant est la clé de voûte. En plaçant tout ou partie de l’argent sur un produit d’épargne solidaire, ils peuvent financer l’accès à l’emploi et au logement pour des personnes en difficulté, des activités écologiques, la solidarité internationale… en permettant de dégager des intérêts.

Ce qui distingue un fonds solidaire, c’est que 10% de son actif est obligatoirement investi dans des structures solidaires. N’est pas structure solidaire qui veut, puisqu’une structure est définie solidaire par arrêté préfectoral.

À ce jour, 166 projets sont labellisés par le label Finansol (Association Fair – La finance à impact social, finance solidaire (finance-fair.org)), permettant de reconnaitre les produits de finance solidaire.

La loi impose qu’un fonds de finance solidaire possède 10% de fonds solidaire et 90% d’autres, pour dérisquer le produit (protection de l’épargnant). Il s’agit de la « méthodologie de gestion 90/10 » (90 % des actifs du fond placé de manière conventionnelle et/ou avec une gestion responsable, 10 % dans des entreprises et projets solidaires).

Plus de 20 milliards d’euros d’encours ont été investi sur l’année 2020 et cela double tous les 4ans, mais ne représente que 1/3 de l’épargne français, ce qui permet de pouvoir faire mieux.

Le fonds éthique et partage du CCFD : Offrir une croissance du capital à long terme par le biais d’un portefeuille d’actions d’entreprises des pays de l’Union Européenne sélectionnées selon les critères éthiques et de développement durable du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD). Une sélection extra-financière en collaboration avec le CCFD avec un premier fonds français excluant les énergies fossiles et un Fonds solidaire Labellisé Finansol.

Les produits NEF : La Nef, pour la banque éthique – Coopérative bancaire citoyenne
À la Nef, l’argent finance exclusivement des projets écologiques, sociaux et culturels.

La fondation Terre Solidaire : Soutenez notre fondation (fondation-terresolidaire.org)
La fondation est basée sur des dons et soutient des projets portés par des femmes et des hommes qui inventent des façons de produire, de consommer, de travailler et de vivre ensemble autrement, dans le respect de tous et de notre bien commun, la planète.

 

Quelques exemples :

 

Nous avons 3 supers pouvoirs : consommer « local », épargner « solidaire » et voter « utile ».

 

 

« ENJEUX DES FINANCES SOLIDAIRES DANS LA GESTION D’UN DIOCÈSE » Françoise Estibals-Carrière

Econome diocésain depuis 13 ans. Spécialisée en gestion des entreprises. Expérience en cabinet de Conseil et en entreprise privée. Membre ACI.

Un diocèse ne vit que des dons et ne reçoit aucune subvention. Les paroisses dépendent du diocèse. Les paroisses ne sont pas autorisées à placer et confient au diocèse ces économies à placer.

Les ressources du diocèse sont le denier de l’Eglise (dédié aux paroisses pour la gestion et celle des prêtres), le casuel (offrandes lors d’une cérémonie dédiée aux paroisses et prêtres), les quêtes (pour le bon fonctionnement des paroisse) et les dons / legs (aident à équilibrer le budget et permettent les placements) et les revenus financiers (dus au placement, permettent d’équilibrer les budgets).

Le diocèse d’Albi a peu de fonds de finance solidaire. Une réflexion est en cours entre les différents économes diocésains pour faire évoluer les pratiques vers des finances plus solidaires.

Les églises construites après 1905 sont la propriété du diocèse, avant 1905 elles appartiennent à l’Etat.

Plusieurs fonds de solidarités ont été créés au sein du diocèse, notamment un fonds d’aide aux paroisses (pour aider à faire les travaux), un fonds pour aider des diocèses à l’étranger (par exemple le diocèse de Tamatave à Madagascar).

 

« ENJEUX DES FINANCES SOLIDAIRES DANS UN ÉTABLISSEMENT BANCAIRE » Christian Carrière

Cadre du Groupe BPCE-Banque Populaire et Caisse d’Epargne (2009), depuis près de 36 ans. Actuellement chargé de gestion dans les services placements et assurances. Membre ACI.

La finance solidaire est un circuit de financement reliant les épargnants qui cherchent à donner du sens à leur argent, et les porteurs de projets à plus-value sociale et/ou environnementale qui recherchent des financements. Les produits d’épargne solidaire permettent le fonctionnement de ce cercle vertueux, chaque citoyen pouvant ainsi devenir acteur de son épargne et participer à la construction du monde de demain.

Les finances solidaires sont un ensemble d’institutions qui appliquent au secteur financier les principes de l’économie sociale et solidaire. Elles font partie des finances éthiques puisqu’elles appliquent des règles éthiques aux opérations financières (par exemple les principes de solidarité et de subsidiarité). Il s’agit d’organismes de financement à statuts spécifiques qui fournissent des prêts ou des participations en capital à d’autres structures de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, etc.), ou encore à des personnes exclues des circuits bancaires et financiers classiques. Elles reçoivent l’épargne de personnes souhaitant que leurs fonds soient placés dans une démarche de solidarité, et acceptant d’en retirer une rémunération un peu moins élevée.

La finance solidaire est surtout un mouvement proposé aux ménages et épargnants individuels via le système bancaire classique. A nous de faire la démarche pour questionner notre banquier. Les produits de finance solidaire existent mais restent minoritaires.