Valence d’Albi : le vent souffle où il veut …

Le vent d’autan a, dans notre Tarn, des couloirs où il déploie son énergie, en particulier de Castres à Sorèze.
Mais Jésus dans l’Evangile de Jean (§ 3, verset 9), parle du vent de l’Esprit Saint qui souffle où il veut, par exemple vers Valence d’Albi pour créer ici ou là des ébauches du royaume.

Je vais évoquer trois coups de vent qui ont marqué cette région, aux confins du Ségala.

• 6 mai 1829. Le curé de Valence, le Père Déjean allait se coucher. On sonne à sa porte. Deux religieuses lui annoncent :

« Nous venons de Clermont l’Hérault appartenant à la congrégation fondée à Paray le Monial. C’est pour la fondation que vous avez demandée à notre supérieure ».

Il a fallu quelques instants à ce prêtre et une profonde prière à l’Esprit Saint pour comprendre ce qui lui arrivait. Ces religieuses étaient parties vers Valence d’Agen, mais un « coup de vent » avait dévié leur route vers Valence d’Albigeois.

Le curé appela des voisines, les sœurs se restaurent, on les hébergea pour la nuit.
Le lendemain l’archevêque d’Albi encouragea le curé :

« Vous demandez des sœurs depuis des années.
Le ciel vous les envoie.
On va négocier avec leurs supérieures ».

Une congrégation locale était née.

    Avant 1900 elles créèrent 22 écoles, dispensaires…, dans tout le nord du Tarn.

• 3 octobre 1959. Trois religieuses partent de Valence vers Madagascar.
  

Ces filles de Trébas ou Carmaux avaient entendu l’appel de Pie XII qui, en 1957 invitait les Églises bien installées dans nos pays de tradition chrétienne, à se risquer dans des missions vers l’Afrique, etc…

Parties à trois, elles ont fondé à Andapa dans le nord-est de l’île.
Elles ont vu affluer des vocations malgaches, si bien qu’aujourd’hui elles sont 110 Filles du Sacré-Cœur, réparties en 15 communautés dans la grande île, avec 8 800 élèves à s’occuper, mais aussi en mission dans quelques-uns des onze pays où la congrégation est présente (Brésil, Lesotho…)

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C’est que la communauté de Valence avait trouvé un appui décisif, à partir de 1971, dans une fusion auprès des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus de la Salle de Vihiers (Maine et Loire).

Le vent de l’audace tournoie du Ségala à la Vendée vers les pays du Sud et une association tarnaise « Enfants –Tana- Maza » [Tana : Tananarive – Maza : Mazamet], fondée en 2005 à la Sous-Préfecture de Castres, envoie chaque année 4 000 euros afin d’acheter du riz pour les enfants malgaches.

•   28 avril 2022. Depuis le couloir rhodanien, le vent pousse à nouveau jusqu’à Valence d’Albi, avec le Père Bernard Devert et divers responsables d’Habitat et Humanisme.

Ce prêtre d’abord professionnel dans l’immobilier est devenu prêtre en 1987 ; il a peu à peu découvert qu’il manquait de « l’humanisme » c’est-à-dire de l’audace, de la clairvoyance, du respect face au grand nombre de personnes en précarité.

Le mal-logement est une calamité, mais calamité aussi la ségrégation entre générations et milieux sociaux.

Quand l’équipe d’Habitat et Humanisme visite, en avril 2022, les locaux de Valence que les religieuses mettent à leur disposition, avant la fin de la journée, trois projets sont esquissés :

un Ehpad déjà créé par les sœurs mais à rénover, des logements pour résidents valides dans les locaux de la communauté religieuse, des appartements pour familles, de l’autre côté de la rue, dans ce qui était l’ancienne école catholique de Valence.

Depuis 2022 tous les contacts administratifs, des appels à subvention ont été lancés.

Un vent neuf souffle sur Valence et ce n’est pas un vent d’enfer, mais celui de l’accueil et du respect pour la joie de beaucoup.

L’Esprit n’a pas déserté Valence, même si la communauté religieuse s’efface peu à peu, pour permettre des réalisations modernes, toujours dans le prolongement de l’inattendu de 1829.

P. Claude Cugnasse

(article paru dans Le Tarn Libre en septembre 2023)