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Aimer ou évangéliser ? Université d’été Mission et Migrations.

« Faut-il choisir entre l’annonce de l’Évangile et l’entraide ? »
Tel était le thème du temps de formation proposé par le Service national Mission et Migrations (SNMM) du 21 au 25 août 2023 à L’Haÿ-les-Roses, dans le diocèse de Créteil.

La Maison St-Vincent, lieu d’accueil des Filles de la Charité fondées par st Vincent de Paul et Ste Louise de Marillac, fut un cadre très porteur pour vivre ces journées intenses dans un climat fraternel et priant.

 

Messe quotidienne dans la grande chapelle

 

1er jour : Accueil, universalité et proximité

Le P. Éric Millot, directeur du Service national, a introduit la session, soulignant que le Service diocésain de la Mission universelle est un noyau qui rappelle sans cesse la consigne donnée par Jésus :

« De toutes les nations, faites des disciples ».

Pour que l’Église soit catholique -donc universelle-, elle ne peut se replier sur elle-même.
Rappelons-nous par exemple que le Pape, dans ses paroles, s’adresse au monde !

 

Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil

 

 

nous a accueillis et présenté son diocèse, très petit géographiquement mais très dense en population.
C’est donc un immense chantier de liens à établir.
Une pastorale de la proximité est à inventer.
Une unité en Église aussi, à travailler constamment et en se disant les difficultés, tous ancrés dans la Parole.

 

Membres du Service Mission Universelle de Créteil


2ème jour : La mission !

Grand privilège, le partage par visio conférence avec le Cardinal Luis Antonio Tagle depuis les Philippines

 

 

 

Aimer et évangéliser, c’est une seule réalité en la personne de Jésus, une unité.

La mise en pratique de cette unification entre proclamation et action s’expérimente dans les premières communautés chrétiennes puis à travers les siècles. Le cœur de l’enseignement est Jésus et cette proclamation crée le partage et la solidarité, recréant l’humanité et le monde.

De tout temps, des pièges sont à éviter :
« une foi sans les œuvres n’apporte pas le salut » (cf st Jacques).
Attention aux bonnes actions menées avec des arrière-pensées ; le tout est à purifier, à convertir.

Notre monde attend une parole de rédemption et d’espérance ; nos paroles doivent être enracinées et authentifiées.
Que notre solidarité donne à voir notre foi !

L’après-midi, le P. Paulin Poucouta approfondit la mission dans les Actes des Apôtres.

 

 

Nous sommes ainsi allés « de Pentecôte en Pentecôte » : avec ceux de la diaspora, puis en Samarie ; sur la route d’Ethiopie puis à Césarée ; à Jérusalem puis à Ephèse !
Nous avons perçu combien l’Esprit Saint vient pour semer l’amour et réconcilier : il suscite le langage de l’amour et de la communion ; il vient au service de la mission !
Le P. Poucouta a rappelé la diversité des services de la mission : celle-ci est une et plurielle car si c’est la mission de l’Esprit Saint, elle nous enracine dans la communion.

Le P. Eric Millot

 

a ensuite abordé l’histoire des missions.
Il en a retracé les grandes étapes, mais en attirant notre attention sur la fragilité des sources, les limites de notre mémoire sélective, le rôle de notre imaginaire.
Déportons notre regard…
De nouvelles sources peuvent apparaître. Aujourd’hui les historiens se montrent de plus en plus prudents.
Il nous reste des questions !

Pour toucher du doigt la fragilité des perceptions successives de l’histoire, un exemple : les Croisades

 

Elles occupent une grande place dans notre histoire.
Or nous découvrons qu’elles sont presque inexistantes dans les textes juifs et arabes… !!

L’histoire des missions nous enseigne des convictions : la mission est mission de Dieu, toujours au service du salut ; elle est recherche de justice et de libération de la totalité de l’être humain.

Elle est mission de l’ensemble du peuple de Dieu (les prêtres seuls ont longtemps été mis en avant).

Elle conduit au dialogue, dans la rencontre avec les autres religions.

Interculturation et interculturalité : les communautés ont à en comprendre l’importance et la chance !

 

3ème jour : En visite sur des lieux diversifiés

  • Visite de l’Association Août-Secours alimentaire :

 

Les associations de solidarité étant fermées au mois d’août, l’Association Août-Secours alimentaire prend le relais : une vraie ruche de bénévoles chrétiens et musulmans au service des nombreuses personnes en situation de précarité !

A la fin de leur service quotidien, un court temps spirituel autour de l’Évangile et d’une sourate nourrit aussi ces artisans de fraternité.

 

  • Visite de la cathédrale de Créteil :

 

 

Au cœur des immeubles, une cathédrale déployée !
Conçue pour exprimer la lumière de Dieu et combien Il accueille tous, sa sobriété et son ampleur permettent à chacun de se sentir bien, qu’il s’y retrouve seul ou que les 1300 places soient occupées.

Notre Dame de Créteil, toute d’écoute et de tendresse, veille sur le monde, beaucoup de Cristoliens ayant des racines dans divers pays.

 

  • Visite de la maison de Madeleine Delbrêl à Ivry :
Au milieu de ses compagnes

Madeleine Delbrêl : simplicité, don de soi et beauté ; vérité et rayonnement, à partir d’une rencontre avec Dieu qui l’a éblouie.

Durant cette visite, elle nous parlait à travers des réalités concrètes.
Entendre sa voix convaincue nous la rendait fortement présente.
« Creuser des puits de prière dans le monde. »
« Il nous reste à faire un beau scandale de charité » …

Nous avons mieux perçu son insertion constante dans le quotidien.

Son lit et son bureau

« Un jour de plus commence. Jésus en moi veut le vivre. »

 

4ème jour : Charité et annonce, théologie et mise en vie

  • P. Etienne Grieu : Théologie de la Charité

 

La charité parle de Dieu, un Dieu qui se présente dans la relation, qui se lie à nous dans une mission de libération ; un Dieu qui veut faire alliance et produire un peuple.
La mission du Christ sera une alliance nouvelle poussée à l’extrême.
Pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée, Jésus dirige ses pas en priorité vers les menacés.

La charité ouvre un rendez-vous avec les plus vulnérables, et ce sera vraiment l’alliance : « parce que c’est toi », et seulement pour cette raison ! Chemin où chacun apporte à l’autre.
Je redécouvre l’amour de Dieu.
Garder une juste distance : pouvoir dire non, mais ne pas se blinder ; l’autonomie s’acquiert dans la relation

Points d’attention pour toute communauté chrétienne :
prendre soin des liens en interne ;
ouvrir les yeux sur notre environnement et rechercher ceux qui manquent à l’alliance ;
priorité à ceux qui restent hors-jeu et savent qui est plus vulnérable qu’eux.
Laisser circuler la parole.

On expérimente le don de Dieu, on expérimente son passage, on met des mots sur ce vécu, ça entre en résonance : c’est la mission !

 

  • M. Bertrand Dumas : Théologie de l’annonce

 

Pour l’annonce, des résistances existent en moi et il y en a aussi de collectives.

Nous sommes souvent parasités par une vision tronquée de la foi, pensant que la foi est un savoir, alors qu’elle est la racine.

La foi, c’est croire que l’homme existe pour Dieu (cf. B. Sesboué), que Dieu s’intéresse à l’homme pour lui-même.

Croire est aussi insertion dans un peuple qui croit.

L’annonce explicite, c’est parler de Dieu en tant qu’Il agit dans notre existence (cf. Ch. Théobald).
Croire n’est pas d’abord un acte religieux, car être humain, c’est accorder sa confiance.

Dieu soutient ce désir et cette capacité.
Jésus restaure la foi élémentaire en la vie (v. les Béatitudes).

La foi a pour but de tremper l’homme dans « Tu as du prix aux yeux de Dieu ».
Dieu s’est engagé envers chacun dans la même puissance qu’envers son Fils.

Évangéliser, c’est la foi et cela donne un discours sur Dieu qui agit dans ma vie.
Nommons l’ordinaire de Dieu dans la vie concrète.

Les conditions de la mission sont la gratuité (Jésus ne recrute pas à tout prix) et la dimension communautaire de l’annonce (partir des charismes de chacun ; dire non et dire oui).

Évangéliser, c’est annoncer à travers le livre de la Bible, le livre de ma vie, le livre du cosmos : dans un aller-retour (cf Origène).

 

  • P. Philippe Demeestere, aumônier du Secours catholique du Pas-de-Calais :

Comment s’orienter entre parole et actes ?

Ne pas être dans le jugement.
La différence que Dieu a créée (Dans la Genèse, Il créa l’être humain homme et femme : à l’image de Dieu), nous en faisons le lieu du soupçon, de l’emprise sur les autres, du pouvoir…
Attention aux vies qu’on ne pleure pas.
Chaque homme ; tous les hommes ; tout l’homme !

L’aujourd’hui !
Se soucier des nécessités impérieuses, car notre Dieu est le Dieu de l’histoire…
Vivons sous le signe du partage, c’est-à-dire de ce qui nous rabote, qui nous entame. Regardons
Jésus qui se donne, Il donne sa chair.

En gardant l’horizon de la promesse, servons le commun en acceptant d’entendre les dissonances, avec humilité, en quittant et en recevant : du « je » au « nous ».
La liberté est capacité à recevoir l’inouï de Dieu.
Retrouvons des mots vrais entre nous, sans omettre nos « non », nos refus.

 

5ème jour : Élargir notre regard, aller plus loin !

Mgr Henri Coudray a témoigné de son parcours au service du peuple tchadien : de professeur d’arabe, il devint le premier évêque du diocèse de Mongo (de 2009 à 2020) !

 

En 2012, il posa la première pierre de la cathédrale.
Cette construction aurait pu être considérée comme une provocation, ce qui n’était pas le cas, et un iman est venu participer en frère.
Cette cathédrale indique seulement que les chrétiens aussi sont un peuple de priants.

Mgr Coudray évoque souvent l’humour de Dieu.
Il se définit également comme « jusque-boutiste » de la synodalité.

 

En conclusion, le P. Eric Millot

 

a proposé quelques exigences afin de garder le trésor de ce que nous avions reçu.

« Il y avait certes un peu d’impertinence ou de provocation dans le choix du thème de cette université d’été.
Mais cela permettait de se souvenir que rien n’est jamais acquis …

Annoncer ou servir ?
C’est le même Jésus que nous annonçons, quand nous faisons l’un ou l’autre.
Ne simplifions jamais car Jésus a aussi nourri, guéri…
Que de pages le narrent dans l’Évangile !

Repartons dans nos lieux de vie et de mission avec quatre devoirs :

    • 1er devoir : nous informer sur ce qui se passe dans le monde, comment vit le monde.
      Le lien de l’Évangile dépasse les frontières.
    • 2ème devoir : voir comment vit l’Église universelle.
      Quelles en sont les thématiques fortes ?
    • 3ème devoir : élargir toujours notre regard. Jésus s’est intéressé aux païens, les a donnés en exemple, les a envoyés dans le monde…
      Aller plus loin !
    • 4ème devoir : laissons-nous enseigner par l’Église universelle.
      Nous verrons comment l’Esprit agit.

Un regard plus ample !
Ne gardons pas un regard fixe et communiquons.

Merci aux participants, aux intervenants, à la Maison, à l’équipe du Service national ! »

 

Rosier « Madeleine Delbrêl » et, au loin, la mairie d’Ivry

Le 27/8/2023, Rose-Line Coureau (Albi) et Brigitte Thouvenot (Moulins)