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Volontaires à Madagascar « Combien de leçons d’espérance recevons-nous ! »

Depuis 10 mois, Guillaume et Quitterie ont quitté la Charente pour s’investir à Madagascar en volontaires de Solidarité internationale avec Fidesco. Avec leurs jeunes enfants, Brune, Alix et Isaure, ils résident désormais à Tamatave, diocèse jumelé avec le diocèse d’Albi.

Ils écrivaient début mars 2022 à ceux et celles qui soutiennent leur mission, en les remerciant pour les parrainages, la prière, les marques d’affection sans lesquels ils ne pourraient « pas vivre cette aventure ‘extraordinaire’, avec son lot d’extras… de joies profondes qui façonnent nos cœurs et de limites qui nous font bien grandir!

Depuis notre arrivée en octobre sur la somptueuse Île Rouge, nous vivons la mission au rythme du soleil levant/couchant, des cyclones, des coupures d’eau/d’électricité, des ouvertures/fermetures d’école.

Nous apprenons toujours plus à faire confiance et essayons de rentrer dans un engagement total de la vie locale !

Il y a tant de pauvres, un retard de développement si grand et si peu de moyens. Aucun « État-providence » : pas d’allocation-chômage, pas de sécurité sociale… Beaucoup de corruption, de maladies, de misère. Pourtant, les Malgaches (pour beaucoup) gardent le sourire en vivant chaque journée pleinement… une philosophie édifiante ! »

Trois mois plus tard, fin mai, un nouvel échange :

« Sous les tropiques malgaches, ces dernières semaines sont plus fraîches ; nous rentrons dans l’hiver, il fait 27°… nous avons « froid », nos couettes et nos pulls sont sortis ! 

C’est une grande aventure humaine. Chaque semaine qui passe nous permet de vivre un peu plus cet appel et de plonger dans la réalité malgache qui nous révèle (ô) combien il nous reste encore à approfondir.

C’est une vie d’apprentissage. Nous apprenons sur nos frères, sur nous-mêmes ; nous apprenons grâce à eux, parfois à nos dépens, toujours pour notre joie. »

Avant de parler, dans de prochains articles, de leurs missions de gestionnaires de projets au service du diocèse de « Toamasina », voici deux réflexions-témoignages qu’ils nous partagent en guise de « minutes humaines » pour nous faire percevoir un peu de leurs découvertes au gré du quotidien :

 

Le décalage avec l’Occident est colossal !

Récemment, nous recevions dans nos spams, une publicité française pour assurer notre animal de compagnie…

Le décalage avec l’Occident est colossal !

Au quotidien, nous sommes témoins du fossé qui sépare notre pays, la France, d’un pays comme Madagascar.

Ici, 80% de la population survit.

Les cyclones arrachent les toits et détruisent les récoltes, entraînant des famines. Le paludisme et toutes les maladies tropicales tuent enfants et parents. La corruption enrichit toujours plus les riches et appauvrit encore plus les pauvres.

 

Cyclone 2018

Citons un exemple très concret. A nos débuts, nous avions la réflexion sur le réflexe de se laver les mains en arrivant à la maison, pour Cilla qui prend soin d’Isaure et nous aide sur tout le quotidien. « Mais… a-t-elle l’eau courante chez elle ? » Eh bien non… !

En effet, elle récupère nos bouteilles vides (d’eau, d’huile, de vinaigre…) pour faire ses allées et venues de la pompe jusqu’à chez elle.

Nous comprenons alors pourquoi ce geste qui nous paraît si simple, n’est pas aussi évident dans des conditions de vie si différentes.

En ce sens, également, elle récupère une bouteille par-ci pour en faire un vase, par-là pour y mettre du miel, ou encore pour les revendre, puis une boîte de thon en conserve pour en faire une salière, et les cas de figure sont multiples…

La pauvreté matérielle est réelle !

Néanmoins, ce ne serait pas juste de résumer Madagascar à un pays pauvre. Madagascar a son lot de richesses humaines.

Ici, la pauvreté n’empêche pas de vivre heureux et simplement.
Combien de sourires recevons-nous ?
Combien de leçons d’espérance recevons-nous !

 

Leur générosité et leur solidarité nous édifient

Les voisins prennent soin des uns et des autres, et de nous aussi.

Bien que le « vasaha » (le blanc) soit rare, cela nous vaut d’ailleurs d’être dévisagés dès que nous faisons quelques pas car nous sommes bel et bien les étrangers qui arrivent et qui questionnent le voisinage, avec nos mœurs, nos habitudes, nos façons de vivre.

Cependant, peu à peu, dans notre quartier et aux alentours, l’entourage commence à nous connaître et le contact est plus aisé.

Les liens grandissent avec les personnes que nous côtoyons : son Éminence le cardinal, avec sa joie de vivre et sa foi édifiante… qui ne manque jamais une occasion de jouer avec nos filles et de les taquiner.
Père Thomas l’économe, le personnel et les prêtres de l’évêché et ou des divers projets, les paroissiens de la cathédrale…

Les relations grandissent aussi avec les parents de l’école, les maîtresses, les commerçants, les habitants.

Table commune à l’archevêché autour du Cardinal

Par ailleurs, nous avons des voisins, une famille de 8 enfants, vivant dans de la tôle ondulée. Le papa est gardien de nuit d’une quincaillerie et la maman, toujours tout sourire.

Ils ont une de leurs filles qui est handicapée et qui crie toutes les nuits à nous briser le cœur, si bien que les parents se sont installé un grand lit dans la rue pour y dormir plus tranquillement avec les 7 autres enfants.

Un samedi soir, la maman gisait au sol, hurlante, suite à un éclat conjugal…
Toutefois, aussi fou que ce soit, nous nous attachons à eux et nous lions d’affection.

Ainsi, notre deuxième fille Alix est allée partager son gâteau d’anniversaire avec Samaria, leur dernière petite fille (qui a trois ans également) brûlée sur le visage avec de l’huile bouillante.

Aussitôt, la maman est venue nous apporter avec Samaria quelques billets pour qu’Alix puisse s’offrir des bonbons…
La parabole de la vieille dame qui donne sur son indigence dans l’Évangile, nous y sommes !…

Trop dur pour nous d’accepter ; nous aurions sûrement dû, après coup…
Sur le champ, Alix s’est empressée d’attraper des sucettes pour Samaria !

Nous sommes très touchés par la délicatesse et les cadeaux reçus pour les anniversaires.

Sr Valentine, notre voisine et responsable de la cuisine à l’évêché, devenue la grand-mère d’adoption de nos petites princesses, est d’une générosité sans compter.

Cilla, qui travaille chez nous, nous émerveille : elle offrit à Guillaume des bananes géantes et d’énormes corossols, à notre heureuse surprise.

Alix et Isaure, quant à elles, ont eu l’honneur d’une belle part de gâteau de pâtissier.

 

« Rien n’est dû, tout est don ». Nous voyons combien c’est nous qui recevons !… Nous sommes édifiés par notre entourage !

Les pauvretés de l’Occident sont certainement moins d’ordre matériel mais ne seraient-elles pas davantage d’ordre plus humain ou spirituel ? »