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Graulhétois et Albigeois ont « voyagé » au Pérou !

Pour ce carême 2024, le Pérou a été la destination choisie dans la Paroisse Notre-Dame Mère-de-l’Eglise comme dans celle d’Albi-Ste Madeleine :
– à Graulhet le 12 mars, le P. Jean-Marc a entraîné ses auditeurs vers les glaciers andins, dans le territoire où il a été en mission Fidei donum durant huit ans ;
– à Albi le 22 mars, Sr Geneviève a évoqué ses 35 années dans une ville à 200 km de Lima.

  • Avec le P. Jean-Marc, nous avons suivi le grand pèlerinage qui rassemble chaque année durant une semaine divers groupes (entre 50 et 70.000 Péruviens) sur les chemins qui mènent au glacier.

 

 

Nous avons perçu l’importance des traditions de chaque groupe, et comment, aussi bien dans la vie sociale que dans la vie spirituelle, il n’y a pas de mélange ni de mixage.

Au niveau social, l’image de la tresse (symbole qu’évoque la coiffure des femmes) évoque les groupes qui se rencontrent en se croisant sur ces chemins pentus.

Au niveau spirituel, les Péruviens ont une autre profondeur de champ que nous : le P. Jean-Marc a parlé d’«empilement» dans le style de la confection des lasagnes, les couches se superposant sans se contredire, depuis leur culture inca pour beaucoup jusqu’à leur foi d’aujourd’hui.

Ainsi, de façon naturelle, ils parlent à la montagne, à la rivière… et elles leur parlent.
Ce ne sont pas des divinités pour autant.
A nos yeux d’Occidentaux, cela semblerait un « culte » du glacier qu’il faut atteindre et toucher pour être pardonné et renouvelé, mais en fait, le rapport à cette nature, vital pour eux depuis des millénaires, et le rapport à Dieu est une unique tresse.

 

Et lorsqu’ils vénèrent le Vierge revêtue d’une longue cape et d’une mantille blanche, héritage des conquérants espagnols, c’est aussi la montagne et son glacier touchant le ciel qui transparaît dans leur regard de foi communautaire.

Les chants et danses traditionnelles se succèdent durant ce pèlerinage.
Et la messe y prend sa place, de façon solennelle et toujours festive.

 

Bénédiction par le prêtre
  • Avec Sr Geneviève, au centre paroissial d’Albi-Ste-Madeleine, des paroissiens réunis autour d’un Pain-pommes en faveur des projets soutenus par le CCFD-Terre Solidaire, ont découvert la dure réalité des bidonvilles péruviens.

 

Pain pommes du 22 mars

La communauté s’installe en 1981 dans une ville où les coopératives sont florissantes avec la culture de la canne à sucre, contrairement aux 15 bidonvilles qui l’entourent dans cette région désertique.


« Nous avons choisi de vivre dans l’un d’eux, raconte-t-elle, il nous faudra attendre 15 ans pour avoir l’eau !

Nous avons beaucoup écouté les habitants.
Et peu à peu nous avons trouvé nos priorités : accompagner les femmes dans une société très machiste, ainsi que les jeunes adultes qui ont peu de débouchés…

Nous étions aussi confrontées à de très nombreux cas de tuberculose, les conditions d’habitat et d’hygiène étant très mauvaises, et l’alimentation également à améliorer.

 Nous avons peu à peu mis en place des cantines locales sous forme d’associations de femmes, et fait de la formation humaine.
La formation aux valeurs et à l’Évangile a suivi.
Dans le cours des années, j’en suis arrivée à accompagner 50 cantines ! »

 

En réunion avec des femmes

Dans ce pays où elle a vu des moments de crise terribles, par exemple une dévaluation de 1000%, ou la violence extrême (durant la période du Sentier lumineux par exemple avec des milliers de morts), les sœurs se sont trouvées parfois menacées.

Sr Geneviève témoigne de cette immersion qui l’a fait mûrir et a renforcé sa foi :

« Les Béatitudes, j’avais du mal à y pénétrer.
Une dame très pauvre et seule est décédée.
Lorsqu’on m’a appelée, j’ai été bouleversée par la solidarité des voisines qui avaient aménagé sa chambre et passaient la nuit à veiller le corps.
J’ai vu en actes la béatitude de la compassion ! »

Elle évoque aussi une solidarité au-delà de l’imaginable pour une personne blessée grièvement.

Elle s’émeut en se rappelant deux mères actives dans la même cantine dont les fils en sont venus aux mains lors d’une fête, conduisant au décès de l’un d’eux.
Elle les a fait venir dans une même réunion et a essayé de leur expliquer que cette situation n’était pas de leur faute, qu’elle les dépassait, provenant d’un état de pauvreté et d’injustices accumulées.
Elles ont réussi à dire ensemble le Notre Père, et un peu plus tard, la femme qui avait perdu son fils est allée embrasser la mère de celui qui avait tué, dévastée elle aussi !!!

« J’ai découvert le Jésus des pauvres, et ces femmes m’ont aussi transmis le sens de la fête. »

Avec l’aide de la communauté qui est toujours présente là-bas, ces femmes ont appris à relever la tête et à se défendre.