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P. Jean-Marc Vigroux : « Explosion sociale » au Chili…

Le Père Jean-Marc Vigroux, écrit cette lettre le 26 octobre 2019, suite à « l’explosion sociale » survenue depuis une semaine au Chili.

En ce mois d’octobre le printemps était en train de s’installer, le président de république chilienne monsieur Sébastian Piñera avait déclaré que le Chili était « une oasis de paix et de prospérité au milieu d’un continent en convulsion». Au même moment une hausse du prix du ticket de métro venait d’entrer en vigueur. 30 pesos (3 centimes d’euro)de plus aux heures de pointe.

Pour ceux qui réclamaient, le ministre de l’économie avait eu une parole désagréable et méprisante invitant les gens et les étudiants à se lever plus tôt pour aller au travail et bénéficier ainsi du tarif plus bas aux premières heures de la journée.

Quand on voit le temps déjà passé par les gens dans les transports de cette mégapole, leur demander de se lever plus tôt est une vraie provocation. Les étudiants se sont mis à protester en fraudant en masse les tourniquets d’entrée du train souterrain. Et ce fut l’étincelle!

Depuis que je vous écris j’ai eu souvent l’occasion de vous décrire ce pays riche, organisé et fonctionnel marqué cependant par une inégalité très grande entre riches et pauvres. 1% de la population chilienne concentre 33% de la richesse du pays. Une richesse dix fois moins concentrée en France, 20 fois moins aux États-Unis, ce qui fait du Chili un des pays les plus inégaux de la planète.

Le modèle économique libéral où tout est privatisé : la santé, l’éducation, les retraites, l’eau, avec en outre des salaires très bas ne permet pas aux classes moyennes de sortir de leur condition. Beaucoup désespèrent d’arriver un jour à partager un niveau de vie décent.

50% de la population gagne moins de 500 euros par mois; un niveau qui ne permet pas d’échapper à l’endettement chronique et qui ne permet pas non plus de faire face à la maladie, à l’inscription des enfants dans un collège de bon niveau scolaire où aux imprévus. Les prix des loyers sont élevés et le logement aussi est tout un problème. Par exemple Andres et sa maman travaillent tous les deux, ils gagnent en tout 750 euros mais payent 375 euros de loyer.

Se sont rajoutées ces dernières années des affaires de corruption massive dans la police et l’état-major des armées, des affaires de collusion entre entreprises pour fixer le prix du poulet, très consommé ici, ou encore du papier hygiénique. Mais encore la complète privatisation de l’eau et les conséquences possibles en période de sécheresse, l’exploitation effrénée du sous-sol par des entreprises étrangères, les revendications toujours repoussées du peuple mapuche… ont fini par exaspérer la population et générer une crise de confiance envers les politiques et les institutions.

L’étincelle des 30 pesos, donc, mit le feu au pays. La hausse du prix du métro a été abandonnée rapidement mais il était déjà trop tard. L’un des slogans de la révolte dit:«Ce ne sont pas 30 pesos, le problème c’est 30 ans d’injustice».30 ans, le temps passé depuis le retour de la démocratie sans que ne soit abandonné le modèle ultra libéral de la dictature.En définitive ce que réclament les gens c’est donc l’abandon du tout libéralisé et une intervention plus grande de l’État dans la garantie de la répartition des richesses.

 

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Manifestation de la Legua au pied du monument à Salvador Allende.

 

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