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Accompagner une personne vulnérable au point de penser au suicide

Jeudi 16 mai 2019, la Pastorale de la Santé proposait une journée de réflexion et de formation avec le Père Eric Lestage, pour « Rencontrer, écouter, prier, accompagner une personne devenue fragile et vulnérable au point de penser au suicide ».

P. Eric Lestage

Le Père Eric Lestage, prêtre du diocèse d’Aire et Dax, dans les Landes, a rencontré il y a une vingtaine d’années une jeune femme avec des pensées suicidaires, manifestant sa colère de ne pas être écoutée « comme elle voulait être écoutée ». L’enjeu essentiel de l’écoute bienveillante était donc au centre de cette journée, envisagée initialement comme de la prévention du suicide. Pour les visiteurs de malades, à domicile ou en établissements de soins, mais aussi pour des écoutants dans les établissements scolaires ou les secrétariats paroissiaux, un véritable travail d’écoute est nécessaire, afin de manifester l’Évangile.

 

Ecouter comme la personne veut être écoutée, avec tendresse

Avoir le désir d’écouter comme la personne veut être écoutée est un travail permanent, qui demande une grande humilité. Cette qualité d’écoute doit même rendre capable de poser sincèrement la question : « Vas-tu mieux après notre rencontre ? »… et de pouvoir entendre la réponse, même si elle est violente « Non, et je voudrais que tu ne reviennes pas ».

Une telle attitude révèle la condition de serviteur que Jésus nous a demandé d’adopter. Elle concerne au premier titre la visite et l’écoute de personnes en détresse. Pour être en service auprès d’elles, pour cheminer avec elles, le service exige de se départir de ses grilles de lecture, de ses propres attentes, de sa curiosité ou de son imagination, pour permettre à la personne écoutée de prendre toute sa place.

Il existe des vulnérabilités, des fragilités, dont on ne guérit pas… Accompagner des personnes qui connaissent cette épreuve exige parfois de marcher avec elles, dans une descente. Alors, les accompagner avec tendresse consiste, par une parole ou par un geste, à leur donner de la sécurité.

Permettre à quelqu’un de vivre, c’est honorer Dieu, qui est Créateur

Jean Vanier, récemment décédé, a bouleversé le rapport aux personnes souffrantes ! Le dernier documentaire qui lui était consacré évoquait même un « sacrement de la tendresse » à propos de son approche des personnes malades, handicapées, en détresse. Dans l’un de ses ouvrages, Jésus vulnérable, Jean Vanier invite à se mettre à l’école de la vulnérabilité, de la fragilité de Jésus qui donne sa vie et se rend proche des petits et des pauvres, malgré un monde qui a souvent tendance à valoriser la force, la puissance ou la compétition, les communautés de l’Arche

« À L’Arche et Foi et Lumière, les hommes et les femmes ayant une déficience intellectuelle, si vulnérables et parfois si faibles m’ont fait découvrir et aimer la vulnérabilité et la faiblesse de Jésus. Jésus si humble, si petit, si faible, si respectueux de nos libertés et parfois même silencieux, nous appelle à une véritable transformation de nos cœurs et nous conduisent à Dieu.

J’aime ce Jésus vulnérable qui m’accueille comme je suis avec mes propres vulnérabilités et je voudrais que beaucoup d’autres personnes puissent le connaître dans sa pauvreté et son humilité, apprennent à vivre une relation profonde avec lui. »

Beauté de Jésus crucifié

En étant convaincu que nous pouvons rencontrer Dieu chez la personne en souffrance, les visiteurs sont conduits à se demander « Comment Jésus voudrait-il que je visite cette personne, qui a l’Esprit Saint autant que moi ? »

Soulager les souffrances, pour mettre la personne rencontrée en sécurité

Chercher à enlever les souffrances, à soulager les douleurs, mais aussi à travailler la question du bonheur, est une façon de mettre la personne rencontrée en sécurité, ce qui est une des activités de l’Eglise, par exemple dans les œuvres d’éducation, de solidarité, de santé…

Ne pourrait-on d’ailleurs envisager la sécurité comme le Salut ? Combien de fois la Bible ne dit-elle pas que Dieu est un refuge, un bouclier, un abri dans la détresse… « Je veux être chez toi pour toujours, me réfugier à l’abri de tes ailes. » (Psaume 60)

Au cours de la journée, des ateliers ont permis aux participants de pratiquer quelques exercices d’écoute.

  • Un premier niveau d’écoute consiste à simplement offrir de son temps, à être disponible ;
  • Un deuxième niveau d’écoute permet de reprendre les paroles de l’autre, ce qui lui montre quelle attention rencontre son récit ;
  • Un troisième niveau d’écoute invite à évoquer le besoin que nous décelons chez l’autre : « J’ai l’impression que vous avez envie de… Il me semble que vous auriez envie de… »

La messe, présidée par le Père Lestage, a permis de confier au Seigneur les personnes qui souffrent. Leurs noms ont été portés avec ferveur dans la prière.

Qu’est-ce qu’une crise suicidaire ?

Dans une situation de détresse extrême, une personne peut considérer la mort comme la dernière solution efficace… Cette idée de suicide peut devenir une intention, puis une programmation (comment, où, quand…) et enfin une mise en oeuvre. La crise suicidaire est une période de 6 à 8 semaines où les souffrances paraissent absolument insupportables, intolérables et insolubles.

Mais l’énergie de ce processus de crise peut être renversé pour servir une idée de vie et non pas une idée de mort !

  • Dans 80 % des cas, quelqu’un qui pense au suicide en parle, d’une façon ou d’une autre, avant de poser son geste. Les signes sont parfois ténus, en particulier parce que la personne vulnérable veut protéger ses proches… Quand quelqu’un donne des signes, il est important de reprendre ses mots, et même oser poser une question radicale « Est-ce que les souffrances que vous portez ne vous conduiraient pas à en sortir en vous donnant la mort ? »
  • Face à une personne avec des pensées ou des gestes suicidaires, il est impératif d’oser demander de l’aide et de ne pas rester seul. La crise psychique exige de pouvoir rencontrer quelqu’un de formé. La personne dans une telle détresse pourra alors constater « Il y a quelqu’un qui vient dans mes ténèbres ». 

Notre Dame de la jeunesse
Marie, Notre Dame de la Vie,
Voici ton peuple, le peuple des jeunes.

Ils sont tes enfants, tes fils et tes filles,
Ceux qui sont brisés par la souffrance,
et ceux qui sont remplis d’espérance.
Ceux qui se sentent impuissants à changer
quoi que ce soit dans leur vie,
Ceux à qui on a fait beaucoup de mal,
Ceux qui attaquent leur propre corps,
Ceux qui veulent mourir ou juste s’endormir,
Ceux qui appellent les grandes personnes pour qu’elles
viennent les en sortir,
Ceux qui, au loin, veulent partir.
Ces jeunes sont tes enfants, emmurés dans la peur,
capables d’espérer, si désireux de vivre.

Notre Dame de la jeunesse,
tu es la maman de l’espérance,
celle qui croit en la vie alors que le Vivant est crucifié.

Marie, tu es la maman de ces jeunes,
Garde tes enfants dans l’intégrité de leur corps et de leur esprit.

Donne-leur cette vie qu’ils cherchent tant,
donne-leur l’éclair de la Lumière, celle qui vient du ciel.
Révèle au plus profond d’eux-mêmes,
l’Esprit Saint dans leur vie.

Marie, Notre Dame de Lourdes, nous te le demandons :
Que ces jeunes vivent leur jeunesse
et que leurs familles vivent de la Paix et de la Lumière.

Amen

Prière du pèlerinage ‘‘Pour la vie et la Prévention du suicide des jeunes’’
Père Éric Lestage – Prière inspirée du cardinal Etchegaray

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