Homélie de Mgr Legrez pour le Mercredi des Cendres
Frères et sœurs,
Par la bouche du prophète Joël, s’adressant à Israël, le Seigneur nous dit : « Revenez à moi ». Oui, avec le Carême voici le moment favorable pour reconnaître à la fois notre péché, notre éloignement de Dieu et reconnaître sa miséricorde pour chanter notre joie d’être sauvé.
Paul, dans la deuxième lettre aux Corinthiens, semble insister : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Avec le Carême est venu le moment pour les catéchumènes et les baptisés de vieille date, de se mettre avec une fervente attention à l’écoute de la Parole de Dieu, afin qu’elle puisse avoir une prise réelle sur le déroulement quotidien de leur vie. Ayons confiance ! Avec l’aide de l’Esprit Saint nous sera peu à peu offert de vivre davantage une véritable harmonie entre l’enseignement du Seigneur et nos actes.
Aujourd’hui comme hier, à ses disciples, le Seigneur Jésus nous dit : « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ». « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée. » « Quand vous jeûnez ne prenez pas un air abattu…/…, parfume-toi la tête. » Autant d’invitations à agir pour le prochain comme pour Dieu, dans la discrétion et l’humilité. Entendons ces recommandations comme si c’était la première fois qu’elles résonnaient à nos oreilles. Nous savons à quel point les appliquer est à la fois un choix exigeant et un chemin qui dilate le cœur, lui apporte un vrai bonheur et une joie que personne ne peut nous ravir.
N’hésitons pas à emprunter un chemin de conversion. Dans son message pour le Carême, le Pape François affirme : « Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur. Malgré la présence parfois dramatique du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous ».
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous. » (Rm 8, 31). Osons entrer « dans un dialogue cœur à cœur, d’ami à ami » avec le Christ notre Sauveur. Rendons nous disponibles à celui qui veut sans cesse nous faire naître à sa vie nouvelle, à cette vie éternelle pour laquelle il nous a créés. Employons les moyens qu’il nous conseille : prions, jeûnons, partageons avec ardeur en cette sainte quarantaine, afin d’accueillir la grâce pascale, la vie du Ressuscité avec la plus grande disponibilité possible.
Osons aussi avoir recours au sacrement de la pénitence et de la réconciliation, ce baptême dans les larmes, afin d’être renouvelés par la miséricorde et l’amour divin. Le Seigneur nous veut saint de sa sainteté. Laissons-le nous rendre saints pour sa joie et la nôtre.
Amen
† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi
