Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Homélie pour le jour de Noël

Frères et sœurs,

En cette messe du jour, la troisième messe que nous célébrons pour célébrer la naissance du Sauveur, nous avons entendu le prologue, c’est-à-dire le début de l’évangile selon saint Jean, qui nous invite vraiment à la méditation, à la contemplation et à découvrir, finalement, le sens de l’évènement que nous avons fêté au cœur de la nuit. Au cœur de la nuit, véritablement, la lumière est apparue. Celui qui se présentera aux hommes comme « la lumière du monde » est né. Cette naissance a été annoncée aux pauvres, aux bergers. Avec la messe de l’Aurore – que j’ai le privilège de célébrer tous les ans à la Maison d’Arrêt – l’évangile nous propulse à la crèche avec les bergers qui ont entendu le message des anges. Ils vont trouver Marie et Joseph avec l’enfant déposé dans la mangeoire. Mais ils n’en resteront pas là, ils repartiront et ils iront annoncer alentour cette bonne nouvelle de la naissance de cet enfant mystérieux que le Ciel leur a fait connaître. Avec cette messe du jour nous sommes appelés à contempler le nouveau-né déposé dans une mangeoire et à découvrir son identité. Ce fils engendré en Marie par la puissance de l’Esprit Saint, finalement qui est-il ? Le prologue nous dit des choses absolument extraordinaires. Le Pape François a invité toute la chrétienté à réaliser des crèches. Il a pris parti, si je puis dire, pour les crèches. Il doit y en avoir partout. Quelle bonne idée ! L’important est de passer du temps devant la crèche. Permettez-moi de vous conseiller de relire seul ce prologue de saint Jean devant l’Enfant de la crèche.

Tout d’abord il nous est dit que : « le Verbe était auprès de Dieu ». Cet enfant qui est la Parole du Père, qui vient prendre chair par Marie dans la puissance de l’Esprit Saint, est Dieu. Comment les bergers auraient-ils pu l’imaginer ? Or, cet enfant est Dieu, il a participé – nous dit l’évangéliste – à la création du monde : « sans lui rien n’a été fait ». Ce tout petit enfant est véritablement tout puissant, lui qui arrive dans la pauvreté, dans l’humilité, pour prendre la condition humaine. L’évangéliste nous dit que cette lumière qu’est cet enfant a été annoncée. Jean le Précurseur, a eu ce ministère extraordinaire de le désigner, de le montrer en préparant le peuple, en l’invitant à la conversion pour qu’il ouvre son cœur et son intelligence à la révélation du Fils de Dieu. Celui-ci va vivre et annoncer le règne de Dieu, tout d’abord au milieu de son peuple et pour son peuple, mais aussi pour l’humanité toute entière. L’évangéliste ajoute que cette lumière donnée au peuple préparé depuis des générations à la venue du Messie, cet enfant qui est la lumière n’a pas été reçu. Le monde ne l’a pas reconnu. Comme c’est actuel, mes frères ! Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Je crois que Noël, cette fête pleine de joie, qui nous apporte l’Espérance, peut être l’occasion pour chacun d’entre nous de faire le point. Est-ce que nous le reconnaissons, Jésus aujourd’hui dans notre vie personnelle comme notre sauveur ? Plaçons-nous notre confiance en lui réellement ? Ou est-il un personnage lointain ? Un personnage de légende ? Est-il vraiment, pour chacun d’entre nous ce Fils de Dieu qui nous invite à le suivre, à l’aimer pour être, par lui, comblé de l’amour divin ?

Il est venu ce Fils premier-né pour faire de chacun d’entre nous un enfant de Dieu. En effet, l’apôtre nous dit que ceux qui croient en son nom, ceux qui croient en la Personne de Jésus, deviennent à leur tour, comme le fils premier-né, enfant du Père, et donc participe à sa divinité. Il est venu se faire homme pour que, nous-mêmes, nous devenions Dieu par la puissance de l’Esprit qu’il obtient à travers la rédemption accomplie pour chacun d’entre nous. Nous qui sommes baptisés, nous sommes habités par cet Esprit Saint qui nous donne la capacité d’entrer dans une relation filiale avec le Père à la suite de Jésus. Le Fils est venu pour nous faire connaître le Père. Vous vous souvenez, avant d’entrer dans sa Passion, Jésus dira à Philippe qui l’interrogeait : « Qui m’a vu, a vu le Père ». Ce petit enfant, frères et sœurs, est le visible du Père, ce de Père qui est amour, de ce Père qui est miséricordieux tout en étant le créateur tout puissant en communion avec son Fils et avec l’Esprit. En acceptant de reconnaître en l’enfant de Marie, le Fils de Dieu, notre créateur, nous pourrons mener avec lui, à sa suite, une vie filiale. Dieu n’a jamais voulu rien d’autre pour chacun d’entre nous, que nous vivions dans son amour est le dessein de Dieu, le projet du Père de toute éternité.

Si nous acceptons de placer notre confiance dans ce tout petit enfant qui vient nous sauver à travers sa vie, à travers son enseignement nous découvrirons l’amour du Père pour chacun d’entre nous. Nous parviendrons à vivre selon son enseignement en recherchant, jour après jour, la justice, la paix, en œuvrant pour véritablement que des relations fraternelles puissent exister entre tous nos frères humains. Aller avec confiance à la rencontre du Christ, mettre ses pas dans les siens, c’est apprendre à aller à la rencontre du Père. Ce Père qui nous convie à entrer dans son amour le jour de notre mort. Lorsque le voile se déchirera, nous pourrons le voir, lui qui n’a jamais désirer pour nous autre chose que le bonheur de son amour infini qu’il veut nous partager. Jésus vient pour cela. Jésus est celui qui nous donne accès au Père en se faisant l’un des nôtres et en prenant la condition du serviteur. Il me semble, frères et sœurs, qu’au cours de cette eucharistie nous pouvons demander les uns pour les autres et pour tous les hommes, pour toute l’humanité, que nous parvenions dans la docilité à l’enseignement de Jésus et à l’Esprit Saint, à participer toujours davantage à la divinité du Fils de Dieu, Nous sommes depuis notre baptême en voie de divinisation. Il n’y a rien de plus extraordinaire qui puisse arriver à un être humain, et Jésus a pris notre humanité pour faire que l’humanité soit divinisée, soit sanctifiée, c’est la même chose. Acceptons de vivre à la suite de Jésus en empruntant le chemin de la sainteté. Il y a urgence, frères et sœurs, pour que nous soyons crédibles, il faut véritablement que chacun d’entre nous nous acceptions de faire passer dans notre vie l’enseignement de Jésus de telle sorte que les hommes qui ne le connaissent pas encore puissent croire ne lui. Devenons tels les bergers de la crèche capables d’aller à la rencontre de ceux qui ne connaissent pas l’enfant de Bethléem en prêchant autant par notre manière de vivre que par nos paroles.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi