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Homélie pour la solennité de la Toussaint

Frères et sœurs,

Nous célébrons en ce jour la fête des élus, la fête de tous ceux et toutes celles qui ont accompli leur pèlerinage sur la Terre. Ils constituent maintenant cette foule immense décrite par l’Apocalypse. Ils viennent de la grande épreuve, c’est-à-dire qu’ils sont ceux qui ont mené le combat spirituel en choisissant le bien, éclairé par la Parole de Dieu. Ils ont été « blanchis par le sang de l’Agneau », c’est-à-dire sauvés, purifiés et vivifiés par le sang du Sauveur.

La sainteté appartient à Dieu. Seul Dieu est saint. L’Ancien Testament l’affirme à plus d’une page. Par le Christ, son Fils, premier né, le Seigneur désire communiquer à chaque homme sa sainteté. Tous sauvés par le Christ. Tous sont appelés à reproduire son image de manière particulière en étant animé par l’Esprit Saint. En effet, tous sont appelés à constituer la Jérusalem d’en-haut, cette Église du Ciel dont le Christ est la tête et les saints en constitue son corps.

Cette réalité céleste qui englobe tous ceux et celles qui ont vécu les béatitudes n’est pas une réalité abstraite, réservée à quelques-uns. Elle nous concerne tous. Par le baptême, plongés dans la vie même de Dieu, nous sommes devenus saints. La constitution Lumen Gentium (LG) du Concile Vatican II, le précise bien : « Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres, mais au titre de son dessein et de sa grâce, (c’est-à-dire de son projet et de sa bonté), justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et par conséquent, réellement saints » (LG n° 40). Un peu plus loin : « C’est une seule sainteté que cultivent tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui obéissent à la voix du Père, et adorent le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ » (LG n° 41). Quelle magnifique vocation que celle des baptisés. Soyons pleins de reconnaissance.

Plus récemment (19 mars 2018), le Pape François, dans son exhortation apostolique « La joie et l’allégresse », titre qui reprend la fin de l’Évangile d’aujourd’hui : « Réjouissez-vous, soyez dans la joie et l’allégresse car votre récompense est grande dans les Cieux » (finale des béatitudes Mt 5, 12) présente un appel à la sainteté. Le Pape remarque : « Pour un chrétien, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté, car  » voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification « . Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile…/… La sainteté, c’est vivre les mystères de sa vie en union avec lui…/… Le dessin du Père, c’est le Christ, et nous en lui. En dernière analyse, c’est le Christ aimant en nous, car  » la sainteté n’est rien d’autre que la charité pleinement vécue « . C’est pourquoi,  » la mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne « . Ainsi, chaque saint est un message que l’Esprit Saint puise dans la richesse de Jésus-Christ et offre à son peuple. » (n° 19, 20, 21).

La sainteté n’est pas nécessairement la perfection en tout. C’est l’ensemble d’une vie vécue dans la docilité à l’Esprit Saint et qui reflète quelque chose de Jésus Christ, qui fait la sainteté d’une personne. Seul le Christ a vécu la totalité des neuf béatitudes. Les saints en incarnent l’une ou l’autre selon leur charisme, c’est-à-dire selon la grâce qui leur est offerte par Dieu pour la croissance du corps ecclésiale.

Vous l’avez compris, la sainteté qui est la vocation de chaque baptisé est le résultat dans le quotidien et pour l’éternité, de notre collaboration personnelle avec le Saint Esprit dont nous sommes devenus les temples, la demeure sacrée, depuis le jour de notre baptême. Nous devons nous interroger régulièrement sur cette collaboration ; est-elle effective ou nulle, est-elle momentanée ou recherchée en permanence ? Le Pape François nous donne ce conseil : « Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission…/… Laisse-toi transformer, laisse-toi renouveler par l’Esprit pour que cela soit possible et qu’ainsi ta belle mission ne soit pas compromise. Le Seigneur l’accomplira même au milieu de tes erreurs et de tes mauvaises passes, pourvu que tu n’abandonnes pas le chemin de l’amour et que tu lui sois toujours ouvert à son action surnaturelle qui purifie et illumine » (La joie et l’allégresse n° 23 et 24).

Que tous nos saints patrons, que tous les saints de nos familles, connus et inconnus, intercèdent en notre faveur, afin que nous devenions des intimes de l’Esprit Saint, soucieux de nous laisser guider par lui à toute heure et d’apporter à notre société la joie du salut, sans craindre les oppositions, mais en devenant des témoins qui laissent transparaître l’amour et la vérité, contenus dans le message évangélique révélé par le Sauveur. Nous serons ainsi d’autres christs, apportant la joie du salut à nos contemporains qui attendent le témoignage de saints chrétiens prenant au sérieux le message des béatitudes.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi, le 1er novembre 2019
1ère lecture : Ap 7, 2-4.9-14
Psaume : 23, 1-2, 3-4ab, 5-6
2ème lecture : 1 Jn 3, 1-3
Évangile : Mt 5, 1-12a