Homélie pour la solennité du Christ-Roi
Nous fêtons aujourd’hui Jésus Christ, le Messie d’Israël, Roi de l’univers. Toutes nos liturgies au cours de l’année nous introduisent toujours davantage dans son Royaume. Le but de toute vie humaine, qu’elle le sache ou non, est d’entrer dans ce Royaume mystérieux où règnent la paix, la miséricorde et l’amour. Toute la création gémit dans l’attente de ce Royaume voulu de toute éternité par Dieu le Créateur. Si l’humanité a détourné le plan divin par désir d’indépendance, Dieu n’a jamais renoncé à son dessein bienveillant envers ses enfants. Toutes les pages de l’Ancien Testament nous le montrent. À travers de multiples annonces, le Seigneur y manifeste son désir de nouer une relation de confiance et d’amour avec chacune de ses créatures. Le Christ sur la croix exprime l’amour infini et fidèle du Père. Il obtient par son sacrifice sanglant la possibilité pour tout homme qui confesse sa pauvreté de bénéficier du salut, c’est-à-dire d’entrer dans le Royaume de Dieu, donc de vivre d’ores et déjà et éternellement avec Dieu.
Le bon larron nous montre l’attitude juste. Il reconnaît sa misère : « Après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons ». En même temps il affirme « l’innocence de Jésus », et dès lors place en lui sa confiance et son espérance. Cette parole : « Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume », suffit à lui ouvrir immédiatement le Paradis. À cet agonisant nous devons l’itinéraire pour la Béatitude. Confesser son péché et exprimer son désir du Royaume de Dieu, cela a suffi pour faire du larron le premier saint introduit dans le Royaume inauguré par le Christ.
Le passage de l’épître aux Colossiens nous a rappelé comment le Christ a exercé sa royauté par le sang versé sur la croix et a obtenu le don de la paix entre le Ciel et la Terre. Celui qui a participé à la création, celui qui a rendu visible l’amour du Père, car il est « l’image du Dieu invisible », celui qui est le premier né d’entre les morts et la tête de l’Église, a exercé sa royauté en s’abaissant. Il s’est vidé de sa condition divine en prenant la condition humaine, jusqu’à la condition même de l’esclave crucifié, pour nous exprimer l’amour infini du Père. Notre Roi a voulu être le serviteur de tous, livrant sa vie pour notre bien. Il s’est fait serviteur en lavant les pieds de ses apôtres et a choisi pour trône la croix du Golgotha.
Soyons dans l’action de grâce ! Notre Roi s’est fait proche de tous à commencer par les moins recommandables à vue humaine. Il a donné sa vie entre deux larrons, des criminels, pour indiquer à tous le chemin du cœur de Dieu. Ce Dieu qui nous attend et qui désire nous combler de son amour, de cette béatitude à laquelle nous aspirons. Créés à l’image de Dieu, tout homme aspire à vivre en se laissant aimer et en aimant. Livrons-nous à notre Roi qui se donne à nous encore aujourd’hui dans cette eucharistie. Laissons-le nous conduire en Paradis en étant docile à l’Esprit qui réside au cœur de notre cœur et qui crie Abba ! Père !
Amen !
† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi
En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – 24 novembre 2019
1ère lecture : 2 S 5, 1-3
Psaume : 121, 1-2, 3-4, 5-6
2ème lecture : Col 1, 12-20
Évangile : Lc 23, 35-43
