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Soyons toujours dans la joie ! Homélie de la messe des étudiants

Frères et sœurs,

En ce troisième dimanche de l’Avent, les textes de la liturgie de la Parole sont une invitation à la joie. Le texte de Sophonie semble exprimer toute la joie des exilés qui voient approcher leur libération. Captifs et en exil, par la voix du prophète, le peuple reprend espoir : le Seigneur, le Roi d’Israël, va renouveler et restaurer son peuple à la face des nations. Israël peut se réjouir. Cette libération prochaine est déjà l’annonce prophétique d’un sauvetage plus extraordinaire encore : la venue d’un sauveur pour tous les peuples, pour toute l’humanité.

À l’époque de Jean le Baptiste, l’évangile de Luc nous précise : « Le peuple était en attente et tous se demandaient si Jean n’était pas le Messie ». Tous s’interrogeaient alors pour savoir de la bouche du Précurseur comment vivre cette attente. Avec vigueur et exigence, le Baptiste invite ceux qui possèdent au partage, les publicains, c’est-à-dire les collecteurs d’impôts, à l’honnêteté et les soldats au refus de la violence. Autant d’exigences qui portent déjà les couleurs de l’enseignement à venir du Christ. Cette saveur de Bonne Nouvelle pour ceux et celles qui accueilleront la Parole de Vérité annonce le Christ. Il sera le chemin de vie véritable qui établit dans la liberté et la béatitude, un bonheur sans prix, gratuit et éternel.

Comme ces exigences de Jean le Baptiste sont actuelles ! Partager avec ceux qui sont démunis, être juste avec tous et refuser la violence pour favoriser les relations et la paix sociales, n’est-ce pas ce que souhaitent l’ensemble de nos compatriotes aujourd’hui ?

Sans doute avez-vous appris que les Évêques de France souhaitent que, dans les semaines à venir, « des groupes d’échanges et de propositions » se mettent en place pour répondre à cinq questions en lien avec la crise actuelle, afin d’apporter des éléments constructifs et des solutions aux questions de la société civile. Dans les paroisses, les mouvements, les aumôneries, des groupes sont donc invités à se constituer et à adresser le fruit de leur réflexion aux élus – maires et députés – ainsi qu’à leur évêque. À chacun de voir comment être un membre actif de ce dialogue pour plus de justice. Cette demande constitue un pas vers une fraternité réelle, où chacun a le souci de l’autre, reconnu comme un véritable frère.

Platon disait : « On bâtit plus facilement une ville en l’air, qu’un état sans dieu ». À la source de notre crise actuelle, ne peut-on repérer le refus ou l’absence d’un Dieu que le Christ nous fait connaître « comme son Père et notre Père » ? Sans Père commun, comment peut-on se reconnaître frères ? Nous qui avons reçu, sans mérite de notre part, le don de la foi, soyons dans la joie, « le Seigneur est proche ». Nous le savons, nous le croyons. Nous faisons l’expérience de sa bonté et de sa proximité dans nos vies, souvent marquées par le péché, alors qu’il nous relève en nous pardonnant et en nous guérissant.

Aujourd’hui osons témoigner de notre joie de croire, oui, soyons toujours dans la joie. Pour cela, sachons vivre dans la reconnaissance pour les dons reçus de Dieu et dans la louange qui entretiennent la joie chrétienne. Soyons dans ce monde, marqué par tant de douleurs et d’épreuves, des hommes et des femmes porteurs d’espérance. Au plan personnel comme au plan communautaire, la Révélation nous apprend que les épreuves sont autant d’invitations à la conversion.

Que nos cœurs ancrés dans celui du Christ nous ouvrent à la compassion et à un service efficace de tous nos frères, spécialement les plus éprouvés et malheureux. Alors nous serons prêts pour accueillir le Sauveur, à l’accueillir toujours davantage et mieux, lui qui « se tient à la porte et frappe » pour répandre son amour dans le cœur de chacun de ses enfants.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Homélie de la messe des étudiants de Toulouse
En dimanche 16 décembre 2018, 19h00, église Notre-Dame de la Dalbade, Toulouse