Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Homélie pour la Veillée pascale

Frères et sœurs,

L’Église qui veille aime à se remémorer en cette nuit très sainte les étapes de l’histoire du salut, comme les lectures que nous venons d’entendre nous l’ont rappelé ; depuis la création, en passant par la sortie d’Égypte où, à la suite de Moïse se constitue le peuple de Dieu libéré de la servitude des Égyptiens, figure du peuple nouveau qu’est l’Église. Puis les prophètes Isaïe et Ézéchiel annoncent des temps nouveaux, le retour de l’Exil, un nouvel exode par lequel le peuple connaîtra la joie du retour et chacun pourra être renouvelé par l’Esprit même de Dieu annonçant la venue de l’Esprit non plus pour le seul peuple, mais pour toutes les nations.

Finalement, la nouveauté par excellence surgit du récit que l’évangéliste Marc rapporte, sortant de la bouche d’un « jeune homme vêtu de blanc », en qui la tradition a toujours vu un ange, un envoyé de Dieu. Oui, frères et sœurs, les anges existent, il n’y a pas si longtemps que cela les voyants de Fatima ont assuré avoir été préparés par l’un d’eux à la vision de Notre-Dame du Rosaire en 1917. Aux femmes qui s’avancent craintives et inquiètes vers le tombeau, ne sachant qui va le leur ouvrir, le mystérieux jeune homme annonce : « Le crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici ». On peut imaginer la stupéfaction de ces femmes qui venaient accomplir les rites funéraires prescrits par les coutumes juives. Qui plus est, les voici maintenant chargées de dire aux disciples qu’il les attend en Galilée. Le mort d’hier attend les siens en Galilée, dans son pays, qui est aussi celui des femmes qui l’avaient accompagné depuis le début à Nazareth jusqu’à Jérusalem. L’ange leur indiquait ainsi que désormais elles le trouveraient dans leur vie quotidienne d’une manière nouvelle et réelle.

En effet, frères et sœurs, depuis sa résurrection Jésus chemine au côté de ceux qui placent en lui leur confiance, depuis les disciples d’Emmaüs à saint Paul, des disciples de toutes nations et de toutes les époques jusqu’à aujourd’hui, où plus de 4.000 catéchumènes en France reçoivent le baptême au cours de cette nuit. Les saintes femmes ont reçu les premières le message et l’ont transmis. Le message demeure absolument identique pour nous : le Christ est ressuscité, à nous de le faire connaître dans notre Galilée, c’est-à-dire là où nous vivons. Cinq catéchumènes vont recevoir le baptême dans quelques instants, parce qu’ils ont découvert que Jésus est vivant. Il est devenu pour eux une personne attractive en raison de son identité mystérieuse et réelle, homme et Dieu, seul sauveur, et de son enseignement découvert comme supérieur à toute sagesse humaine. Au terme d’une longue préparation, ils demandent à l’Église le baptême. Ils ont le désir de mourir avec le Christ, d’être mis au tombeau avec lui pour mener une vie nouvelle et vivre unis au Sauveur ressuscité. Sur la croix, Jésus a vaincu le péché, la mort et les puissances infernales. Sa résurrection manifeste sa victoire à laquelle il associe désormais celui qui le reconnaît comme Seigneur, Fils de Dieu et Sauveur du genre humain. A ceux qui le reconnaissent ainsi et qui placent en lui leur confiance, il offre le Saint Esprit.

Chers catéchumènes, c’est l’Esprit Saint que Jésus a répandu au soir de la résurrection sur les onze que vous allez recevoir maintenant en passant par les eaux et en naissant à la vie nouvelle, à la vie divine. Il fera de chacun de vous son Temple, un enfant bien-aimé du Père, un autre Christ. Quelle joie pour l’Église de recevoir de nouveaux membres ! Soyez fidèles à mener le combat spirituel avec l’aide des sacrements et à rayonner votre joie de croire là où Dieu vous placera.

Frères et sœurs, chrétiens de plus ou moins longue date, au cœur de cette nuit très sainte chaque baptisé est invité à renouveler les engagements de son baptême et à affirmer sa foi, la foi de l’Église. Considérons à quel point c’est un magnifique cadeau d’être ensemble appelés à affirmer notre foi, ce soir, à la face du monde sachant que la grâce reçue au jour de notre baptême se déploie tout au long de notre passage sur terre jusqu’à notre entrée dans la béatitude éternelle, au moment de notre mort où le voile se déchirera pour que nous puissions enfin voir Dieu. Ce Dieu cherché avec amour sur cette terre à travers bien des étapes, des vicissitudes, des faiblesses mais tant de grâces. En ces fêtes pascales, chantons avec reconnaissance le Ressuscité ! Exprimons-lui notre reconnaissance pour ce don gratuit de la vie divine dont nous sommes tous des bénéficiaires !

Oui, le Christ est vraiment ressuscité, il est notre vie et notre joie.

Alléluia ! Amen !

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Approfondir votre lecture