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L’abbé Bernard Desprats (1931-2023), prêtre érudit et archiviste diocésain

Monseigneur Jean LEGREZ, archevêque d’Albi,
les prêtres, les diacres et les communautés chrétiennes du diocèse d’Albi
ainsi que ses cousins et ses proches,
font part du décès le 19 janvier 2023 à Albi (à l’âge de 91 ans) de

L’Abbé Bernard DESPRATS

Ils vous invitent à partager leur foi en la Résurrection,
et leur espérance en la Vie éternelle,
en participant ou en vous unissant à la messe célébrée
lundi 23 janvier  à 14 h 15  en l’église Saint-Salvy d’Albi.

L’Abbé Bernard Desprats est inhumé au cimetière de Rabastens.

 

Bernard Desprats dans ses jeunes années

Bernard Desprats naît à Rabastens le 24 septembre 1931, ville pour laquelle il garde tout au long de sa vie un profond attachement. La puissante silhouette de Notre-Dame du Bourg, la fontaine et le lavoir de Soubira ainsi que les poèmes composés en langue d’oc au XVIe par le rabastinois Auger Gaillard bercent ses jeunes années et constituent vraisemblablement un terrain propice au développement de son intérêt pour l’histoire. Peu enclin à parler de lui, il reconnaîtra néanmoins avoir été guidé dans sa vocation sacerdotale par son goût des autres et par la correspondance entre le message chrétien et son propre désir de venir en aide aux blessés de la vie.

Passé par le Grand séminaire d’Albi, il est ordonné prêtre le 24 juin 1957. Vicaire à Saint-Juéry de septembre 1957 au mois d’août 1963, il est ensuite nommé vicaire de la paroisse Saint-Joseph d’Albi à partir du mois de septembre 1963. Il y demeure jusqu’au mois d’août 1981. C’est l’occasion pour lui de participer au mouvement d’édification d’églises nouvelles dans les quartiers périurbains d’Albi en expansion sous les épiscopats de Jean-Emmanuel Marquès et Claude Dupuy. Il s’installe alors au 42 rue Jean Rieux et prend activement part au projet de construction de la future chapelle Saint-Martin confié à l’albigeois Henry Avizou, également architecte de l’église Saint-Jean Baptiste de Rayssac à Albi. Sa fibre pastorale s’accorde ainsi au dynamisme de la communauté chrétienne de ce nouveau quartier albigeois. Le centre paroissial Saint-Martin est inauguré le dimanche 23 février 1969 au cœur d’un secteur s’urbanisant depuis peu. La chapelle achevée, l’abbé Desprats y admire les vitraux contemporains imaginés par le maître verrier Raymond Clercq-Roques dont il a longtemps conservé personnellement les cartons préparatoires tant il avait apprécié l’œuvre.

Portant des lunettes fumées, Bernard Desprats en juin 1954 dans le parc du Grand séminaire d’Albi et jeune prêtre en 1960

Ses racines rabastinoises ainsi que son attrait pour le fait historique le poussent naturellement à devenir à partir des années 1970 un contributeur actif de l’Écho du pays rabastinois, revue trimestrielle éditée sans discontinuer depuis 1948. En 1972, il y fait paraître son étude sur les phylactères de l’église Notre-Dame du Bourg à Rabastens, petites bandes de parchemins peintes notamment sur les murs de la chapelle Saint-Martin. Quatre ans plus tard c’est Marcel Durliat, éminent historien de l’art spécialiste du monde roman, qui s’empare du sujet des peintures murales de Notre-Dame du Bourg.

Féru de musique et attaché à la langue occitane, l’abbé Desprats publie également dans l’Écho en 1973 un article sur le compositeur languedocien Déodat de Séverac dont le conte inédit lyrique et dramatique en trois actes, Mugueto, avait été applaudi au mois d’août 1911 à Rabastens même. L’année suivante il reprend la plume pour la revue et aborde à nouveau le monde musical qui lui est cher au travers d’une contribution sur les orgues et les organistes de Notre-Dame du Bourg. En 1976 et 1977 paraissent dans l’Écho ses premiers travaux sur le clergé diocésain pendant la période révolutionnaire dont une note sur François Salomon Broquisse, curé constitutionnel de Rabastens. Au rythme d’une publication annuelle l’abbé poursuit sa collaboration avec l’Écho.

En 1978, il disserte sur Rabastens en temps d’épidémie de peste tandis que l’année suivante il évoque l’implantation au sein de la ville au début du XVIIe siècle d’un monastère de religieuses Annonciades. Il faut dire que le sujet a une résonance particulière dans le diocèse d’Albi. C’est en effet au cœur même de la cité épiscopale qu’avait été fondé le deuxième couvent de l’ordre en France dans les premières années du XVIe siècle après la fondation à Bourges par Jeanne de France en 1502. L’abbé Desprats publiera d’ailleurs quelques années plus tard, en octobre 1995, dans la revue Annonciade, une courte notice sur le masque mortuaire albigeois de sainte Jeanne de France conservé depuis la Révolution dans l’église de Creyssens à Puygouzon.

La collection personnelle de l’abbé Desprats de l’Écho du pays rabastinois dans les magasins des Archives diocésaines d’Albi

L’abbé Desprats poursuit encore pendant plusieurs années sa participation à l’activité éditoriale de l’Écho du pays rabastinois. On lui doit notamment au cours des années 1980 des notices sur l’évêque de Toulouse Raymond de Rabastens, sur l’église de Brens ou encore sur le cardinal Pilfort de Rabastens qui avait participé au synode de Toulouse en 1319. La recension de l’article donnée dans la Revue d’histoire de l’Église de France parle alors « d’une notice bien documentée ».

L’abbé Desprats est nommé vicaire à Gaillac en septembre 1981. Trois plus tard il fait ainsi paraître dans l’Écho une étude sur l’abbé Joseph Laurens, curé de Saint-Jean de Tartage à Gaillac qui avait contesté le concile Vatican I et le dogme de l’infaillibilité pontificale. En juin 1985, il est nommé curé de Notre-Dame de Fonlabour et de Saint-Martin de Terssac où il fera restaurer « l’Assemblée des saints », huile sur toile peinte au XVIIe siècle figurant sainte Cécile, saint Antoine et saint Laurent accompagnés de la foule des martyrs. Attentif au confort de ses paroissiens, il s’efforcera de guider avec dévouement sa communauté jusqu’au mois d’août 2004.

Relevant vraisemblablement le goût de l’abbé Desprats pour l’histoire, c’est en 1987 que Monseigneur Joseph Rabine, arrivé sur le siège d’Albi l’année précédente, décide de le nommer archiviste diocésain. La tâche est immense : les tentatives antérieures de créer un service diocésain d’archives ont échoué. Au premier étage de l’archevêché d’Albi, l’abbé Desprats prend possession d’un local vide qui lui sert également de bureau. Au demeurant, d’archives à l’archevêché il n’y a que de maigres liasses éparses déposées dans des casiers en bois dans un bureau désaffecté du rez-de-chaussée. Qu’importe, l’abbé se met à l’ouvrage. Il se procure le Guide des archives diocésaines françaises élaboré par Jacques Gadille, professeur d’histoire contemporaine à l’université Jean-Moulin de Lyon. Il adopte le cadre de classement alors en vigueur et adhère à l’Association des archivistes de l’Église de France (AAEF) fondée en 1973. Le tenant personnellement en grande estime, il échange par ailleurs avec Maurice Greslé-Bouignol, directeur honoraire des Archives départementales du Tarn, et s’enthousiasme face au dynamisme intellectuel de son successeur Jean Le Pottier. 1987 est aussi l’année de sa nomination à l’officialité diocésaine où la conception chrétienne qu’il se fait de la personne humaine le pousse au respect constant des singularités de chacun. Il occupera cette charge jusqu’au mois d’août 2012.

Détail du recueil de Jacques Foncès découvert par l’abbé Desprats, livret de publication de la cinquième messe édité par le Centre de musique baroque de Versailles et pochette de l’enregistrement de la même messe effectué en 1995 par la chorale Pastel sous la direction de Patrice Pinero

Au cours d’une opération de collecte d’archives au début des années 1990, l’abbé découvre un recueil copié en 1780 de 6 messes polyphoniques avec basse continue conçues par Jacques Foncès, compositeur et maître de musique à la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi. Les messes In ecclesia magna laudabo te, Confitemini Domino quoniam bonus, Benedic anima mea Domino, Misericordia Domini in æternum cantabo, Beatus populus qui scit jubilationem et Psallite Domino in cithara sont toutes réinterprétées entre 2006 et 2008 par le Centre de musique baroque de Versailles. La suggestion pour la cinquième messe d’un chœur à 4 voix accompagné d’un cornet à bouquin, d’un serpent et d’une basse d’archet ravit l’abbé ; mélomane, organiste, musicien, grand amateur de Bach et ami de Mary Prat-Molinier, titulaire de l’orgue Christophe Moucherel de la cathédrale Sainte-Cécile de 1968 à 2011.

Ce dernier découvre au demeurant les visites pastorales de Monseigneur Charles Le Goux de La Berchère effectuées au tout début du XVIIIe siècle dans le diocèse d’Albi. Il les signale et en facilite leur publication qui interviendra en 2009 dans la collection « Archives & Patrimoine » sous la houlette d’Olivier Cabayé et Guillaume Gras.

Préoccupé du danger encouru par un certain nombre de fonds d’archives en déshérence il fait distribuer en paroisses dans les années 1990, avec le soutien de Monseigneur Roger Meindre, son Petit guide des archives de l’Église diocésaine dans lequel il rappelle que les documents d’archives « sont d’une importance capitale pour étudier la vie des communautés, l’histoire du peuple chrétien et le patrimoine artistique des églises ».

« Ce petit guide souhaiterait être pour les responsables d’archives une incitation à recueillir des fonds dont parfois on ignore l’intérêt à ce qu’ils soient engrangés ; une assurance pour garantir la bonne gestion de ces fonds ; enfin une aide pour la communication des archives dans le respect des finalités d’où elles procèdent. »
Abbé Bernard Desprats,
Petit guide des archives de l’Église diocésaine

L’abbé Bernard Desprats en 1995 à l’occasion de la restauration du masque mortuaire albigeois de sainte Jeanne de France

Bien conscient que nul n’est prophète en son pays il ne se résigne néanmoins pas. Dans Église d’Albi, organe de publication du diocèse, il appelle dans les années 1990 à la sauvegarde des fonds ecclésiastiques d’archives et à leur dépôt à l’archevêché. Via plusieurs contributions dans ledit bulletin sur les sépultures albigeoises des évêques d’Albi ou sur l’archevêque albigeois Jean-Joseph-Aimé Moussaron, il tente d’éveiller les consciences sur la nécessité de la préservation des fonds diocésains d’archives. Il continue à traquer ceux dispersés et négligés. Il parvient ainsi à mettre la main sur les vestiges des archives d’Eudoxe Irénée Mignot, archevêque d’Albi de 1899 à 1918, et de son vicaire général, l’abbé Louis Birot.

À nouveau, il n’oublie pas de faire connaître l’existence de ces ressources sauvées de l’oubli. Les carnets de Louis Birot, que ce dernier rédige au front en tant qu’aumônier militaire durant la Première Guerre mondiale, sont ainsi publiés en 2000 par André Minet et édités par la Fédération des Sociétés Intellectuelles du Tarn. Une belle revanche pour l’abbé qui regrette bien souvent le triste sort réservé aux archives, lui qui avait précisément retrouvé les carnets de l’aumônier Birot sous les pieds d’un vieux buffet de cuisine bringuebalant.

L’abbé Desprats permet également à Louis Sardella d’accéder au fonds Mignot et de soutenir de facto sa thèse de doctorat en 2000 sous la direction d’Étienne Fouilloux. L’historien Gérard Cholvy spécialiste de l’histoire religieuse de la France contemporaine, dont l’abbé admire la production intellectuelle, souligne dans les Annales du Midi que « parmi les collaborations qui ont permis au candidat de réaliser une œuvre d’une telle ampleur, on mentionnera celle de l’abbé Bernard Desprats, archiviste du diocèse d’Albi, heureux diocèse avec son fonds Birot et son fonds Mignot, dont l’importance ne pourra échapper au lecteur ! ». La thèse sur Monseigneur Mignot, archevêque albigeois au temps du modernisme, est publiée dès 2004 aux éditions du Cerf dans la collection « Histoire religieuse de la France ».

Reproduction de l’Apparition de la Vierge à saint Bernard de Lippi trônant au-dessus du bureau de l’abbé

Érudit passionné, l’abbé passe de longues heures à étudier l’histoire du diocèse dans ses aspects les plus divers. Au-dessus de son bureau trône une reproduction de l’Apparition de la Vierge à saint Bernard imaginée par Filippino Lippi, peintre de la renaissance florentine. Amateur d’art, l’abbé côtoie de près le fresquiste Nicolas Greschny et Jean-Marc, forgeron d’art à Cordes-sur-Ciel.

Jamais repu d’apprendre et soucieux des détails qui en histoire font la différence ; l’abbé Bernard Desprats devient dans les années 1990 un contributeur de la Revue du Tarn. Il y publie notamment en 1991 ses travaux sur les évêques originaires du Tarn ou encore en 1997 ses notes sur les liens unissant la sainte gaillacoise Émilie de Vialar à la femme de lettres romantique Eugénie de Guérin. Soucieux de promouvoir le patrimoine historique diocésain, l’abbé Desprats avait du reste proposé en 1994 à la revue une notice biographique sur Jacques Foncès faisant directement suite à la découverte de son recueil de partitions.

Son amitié indéfectible avec l’abbé rabastinois Robert Cabié, enseignant à l’Institut Catholique de Toulouse et dont il admirera quelques années plus tard le travail de refonte du sanctoral diocésain expurgé des légendes hagiographiques, n’est peut-être pas étrangère aux réflexions qu’il choisit de mener sur le culte des saints dans le diocèse d’Albi. Dans le Bulletin de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn, il publie dès 1991 une note sur Carissime, sainte albigeoise et recluse des temps mérovingiens.  Dans la Revue du Tarn il fait paraître trois articles sur la dévotion en Albigeois à sainte Sigolène abbesse du Troclar à Lagrave, à saint Martin et à sainte Cécile ; respectivement en 1993, 1996 et 2001. Pour l’Écho du pays rabastinois il réserve encore en 1996 la publication de son travail sur les églises et hôpitaux dédiés à saint Jacques dans les anciens diocèses d’Albi, Castres et Lavaur.

Bandeau du journal paroissial de Rabastens « Nos clochers » (collection de l’abbé Desprats)

L’abbé Desprats a du reste repris ses travaux sur le clergé diocésain au temps de la période révolutionnaire entamé 15 ans plus tôt. À la demande du nouvel archevêque d’Albi, Monseigneur Roger Meindre, et suite aux célébrations nationales du bicentenaire de la Révolution française, il publie en 1990 un ouvrage consacré aux prêtres tarnais de l’an II. En 1994 encore, il collabore avec les Cahiers de Rieumontagné dans lesquels il publie une notice sur l’abbé Joseph Puech, vicaire à Murat pendant la Révolution. En 1998 enfin, il fait paraître dans la Revue du Tarn ses travaux sur le prêtre tarnais Joseph Pradal mort en déportation en Guyane.

Son admiration pour les prêtres érudits tarnais tel que Louis de Lacger, Marcel Bécamel ou Ernest Nègre le pousse à valoriser l’histoire du diocèse chaque fois que l’occasion le lui autorise. Il avait ainsi accepté de prendre la plume pour un ouvrage sur l’abbatiale Saint-Michel de Gaillac et ses orgues imprimé en 1992, deux ans avant l’inscription définitive des vestiges abbatiaux au titre des Monuments Historiques. Toujours très lié à sa ville natale de Rabastens, il conserve précieusement avec lui, avant de la déposer en 2018 aux Archives diocésaines, sa collection du journal paroissial de Rabastens, Saint-Pierre de Bracou et Guiddal.

Premières de couverture des ouvrages de l’abbé Desprats respectivement parus en 1990 et 1992

Archiviste infatigable et éternel curieux, l’abbé Desprats participe à la rédaction en 2018 d’une étude sur un missel clunisien entré par voie extraordinaire dans les fonds des archives diocésaines d’Albi la même année. L’analyse de ce missel bas médiéval, issu de la prestigieuse collection albigeoise de l’humaniste et bibliophile cardinal d’Albi Jean Jouffroy, est publiée l’année suivante dans la revue universitaire des Annales de Bourgogne.

Suite aux célébrations nationales du centenaire de la Première Guerre mondiale, il prend encore une part active en 2019 à la publication d’un guide des sources d’archives ecclésiastiques relatives au premier conflit mondial regroupant l’ensemble des diocèses de la Province ecclésiastique de Toulouse.

À 90 ans passés, c’est l’accomplissement. Alors que d’importants travaux de réaménagement de l’archevêché d’Albi sont engagés à la demande de Monseigneur Jean Legrez, l’abbé Desprats assiste avec bonheur à la création de nouveaux locaux spécifiquement conçus pour la conservation des archives du diocèse. Pour celui qui était parti en 1987 d’un local vétuste, la joie est immense. Il ne cessera pas de s’émerveiller devant les rayonnages mobiles neufs des magasins de conservation et devant les anciennes bibliothèques issues de l’aile d’Amboise du palais de la Berbie déplacées dans la nouvelle salle de lecture. Méditatif, il confiera venir seul s’asseoir dans les nouveaux locaux et parcourir des yeux les rayonnages pour « s’imprégner de l’atmosphère du lieu ». L’abbé a volontiers transféré son expérience et son expertise à ses collaborateurs afin de s’assurer de la pérennisation d’un service pour lequel il a œuvré pendant plus de 35 ans.

Soucieux de créer des structures de relais et de permettre la communication entre les individus, il avait été au début des années 1990, avec les abbés Jean Douce et Michel Amalric, l’un des instigateurs d’une radio diocésaine. S’il continuait à suivre de près l’évolution de ce qui est devenu RCF Pays tarnais, il avait le même enthousiasme pour les nouveaux moyens de communication et notamment pour Internet qui lui permettait désormais d’entrer immédiatement en contact avec historiens et collègues archivistes. Prévenant et ancré dans la vie quotidienne des gens, il s’efforce de se mettre à la portée de tous. Il a le souci des autres, qu’il s’agisse de ses collègues de l’archevêché avec lesquels il noue des relations amicales et bienveillantes ou bien encore des populations du Burkina Faso pour lesquelles il nourrit une affection particulière.

Le missel du cardinal humaniste Jean Jouffroy conservé aux Archives diocésaines d’Albi

Volontiers pince-sans-rire et mordant, doté d’un caractère bien trempé ; aux côtés de l’abbé Jean-Marc Vigroux il n’hésite pas à manifester en 2002 son opposition au projet d’un parking souterrain au pied de la cathédrale d’Albi consistant en une excavation de plus de 10 mètres de profondeur creusée au cœur de la place Sainte-Cécile. C’est précisément au pied de la cathédrale en 2005, après que le projet eût été abandonné par la municipalité compte tenu des risques de fragilisation de l’édifice religieux, qu’il est fortuitement immortalisé par l’objectif d’un photographe dans le cadre de l’illustration de l’ouvrage D’histoire en avenir consacré à la place Sainte-Cécile. À la page 89 du livre, la silhouette familière de l’abbé Desprats – coiffé d’un béret sombre et enveloppé dans son habituel duffle-coat noir – est parfaitement reconnaissable.

Fidèle à sa foi et à ses convictions, fidèle à lui-même et fidèle en amitié, il aura marqué l’histoire de l’Église d’Albi lui qui n’a eu de cesse que de vouloir la préserver pour la transmettre aux nouvelles générations. Les Archives diocésaines d’Albi doivent aujourd’hui leur existence à sa seule ténacité. Lecteur de Jean Delumeau, Frédéric Le Moigne ou Jean-Louis Biget ; l’abbé Desprats s’est efforcé d’apporter son concours aux chercheurs. À ce titre il figure dans les remerciements de nombreux ouvrages tel celui d’Yves Blomme paru en 2002 sur le rôle d’Émile Le Camus dans la crise moderniste et lors de la Séparation des Églises et de l’État ou encore celui d’Étienne Fouilloux et Dominique Lerch paru en 2017 sur Marcel Légaut. Et bien plus encore qu’un archiviste, pour ceux qui ont eu le privilège de l’avoir véritablement connu, l’abbé Bernard Desprats demeure un pasteur serviable, un allié charitable et un ami loyal.

L’abbé Desprats au pied de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, dans D’histoire en Avenir : la place Sainte-Cécile (© 2005)

« Une Église diocésaine a une histoire, une mémoire.
Cette histoire façonne encore son présent. »

Monseigneur Roger Meindre,
préface à l’ouvrage de l’abbé Desprats « Prêtres tarnais de l’an II »

Les 17 et 18 septembre derniers, l’Abbé Desprats accueillait les nombreux visiteurs venus à l’Archevêché pour les Journées du Patrimoine.

« Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »
Psaume 39

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