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Réunion régionale de l’ACAT : « Les prisons et le sens de la peine »

Quel est l’état de nos prisons françaises ? Et quelles sont les conditions d’hébergement des détenus ?

Deux questions qui intéressent ceux qui ont le souci des droits de l’Humain et de la manière dont la France les respecte sur son propre territoire.

L’ACAT, l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, depuis sa création en 1974, défend, au nom de l’enseignement du Christ (Mt 25,36) la valeur de l’humain – enfant de Dieu -, quoi qu’il ait fait.

 

 

C’est sur ce thème de la « détention » que l’ACAT Centre Languedoc (Aveyron, Lot, Tarn ) s’est rassemblée ce 10 octobre* 2020 à Albi au temple de l’Église Protestante Unie de France.

Le pasteur Robert Héris, aumônier de prison, a témoigné. Basé à Perpignan, il intervient depuis plus de 10 ans en prison. Il est aussi depuis 3 ans l’aumônier protestant régional de l’Occitanie, fonction qui lui permet d’être en relation avec les hautes autorités pénitentiaires.

 

Le pasteur Jean-Pierre Nizet, établi à Albi, a donné à son tour un témoignage à partir de son ministère effectué à la prison d’Albi.

Claudie Barbaste, membre de l’ACAT d’Albi, est aussi intervenue pour présenter l’accueil des familles en attente de parloir, assuré à Albi par des bénévoles réunis en association « La Beluga »

Il a été dressé un état des lois relatives à l’incarcération et un état des lieux de l’hébergement qui dépeint notamment une surpopulation carcérale malgré une extension des places en prison sur plusieurs décennies.

La question cruciale qui est posée, à travers les constats des choix politiques qui créés la loi et lui donne les moyens financiers, matériels et humains de son application, est celle du
« sens de la peine ».

À l’heure d’aujourd’hui, peu nombreux sont les détenus qui estiment sortir meilleurs d’un emprisonnement, à cause de leurs difficiles conditions de détention et du manque d’accompagnement. En effet, que se passe-t-il pour celui ou celle qui purge sa peine ?

Souvent, un prisonnier sortant est déphasé vis-à-vis de la société ou bien renforcé dans son animosité envers elle. La « justice » -« qui devrait rendre l’homme juste »- ne semble pas être recherchée autant que le simple isolement durant un temps plus ou moins long. La privation de la liberté d’un délinquant apparaissant comme la principale, voire l’unique réponse à la protection de la société.

Or il est nécessaire de « rendre la peine utile pour tout le monde ». Il est important d’aider à faire renaître par la dignité (dont la salubrité), le travail, la créativité et l’humanité.

La société dans son entièreté a à gagner à la valorisation des conditions de détentions et à réfléchir au sens de la peine. Cette démarche (éthique, car adaptée à chacun) diminuerait les risques de récidives qui sont les marques d’un échec stratégique et moral de nos politiques.

Et sans parler de récidives, elle diminuerait les risques psycho-sociaux aussi bien chez le personnel pénitentiaire que chez les détenus pendant et après leur incarcération. Nous aurions à gagner dans une facilitation à la réinsertion sociale et professionnelle, à une véritable « deuxième chance ».

Sortir plus fort dans sa tête, dans son corps et dans son cœur, pour mieux vivre en société et mieux s’affronter soi-même, voilà un objectif que devraient se donner nos centres de détention. Nos prisons ne doivent pas être un lieu d’humiliation et de destruction mais au contraire de réparation et d’édification qui rend possible un changement « positif ».

Si nous espérons ce changement de ceux qui ont dérapé, il suppose un autre changement, – qui va de pair –  de la vision de nos politiques vis à vis « du sens de la peine / du sens de la justice ». Sinon, ce n’est pas tant la justice que son piètre ersatz que nous voyons rendre. En résumé, recherchons l’application d’une justice intelligente : libres ou sous les verrous, tous nos concitoyens en valent… la peine !

 Emmanuel Pezet

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  • Rappelons aussi que le 10 octobre marquait la Journée mondiale de lutte contre la peine de mort. Une des luttes principales de l’ACAT ainsi que d’Amnesty International.