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Homélie Nuit de Noël 2022

Frères et sœurs,

Comme le prophète Isaïe l’avait annoncé, près de huit siècles avant la naissance de Jésus : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière …/… Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! » Cet oracle concerne sans nul doute, pour une part, l’histoire contemporaine du prophète, qui manifeste par sa parole la bienveillance du Seigneur pour son peuple, son amour jaloux et fidèle. Cependant, la tradition biblique a depuis longtemps perçu la pleine réalisation de cette prophétie dans l’apparition du Messie de Galilée.

Le Christ Jésus dans la crèche. Détail d’un antependium. Peinture à l’aiguille par les Clarisses de Mazamet.

 

En, effet, c’est bien de Galilée, précisément de la ville de Nazareth, que Joseph monte à Bethléem avec Marie, pour s’y faire recenser selon l’ordre de l’empereur Auguste. Marie est enceinte et met au monde Jésus après avoir été reléguée dans une crèche, sans doute une grotte à la périphérie de la cité de David, où les animaux ont l’habitude de se réfugier la nuit. Ces grottes existent toujours aujourd’hui. C’est donc, dans des conditions modestes et peu confortables, que Jésus – nom qui veut dire : « Dieu sauve » – que Jésus vient au monde. Depuis l’époque de saint François d’Assise, des crèches ornent nos églises, nos places, nos maisons. Le saint d’Assise a répandu la coutume des crèches vivantes, comme on en trouve souvent en Provence. Il est de bon ton de rappeler cette entrée dans le monde du Messie de manière humble, partageant la condition humaine des pauvres de son temps. Cela est bien réel, mais le plus étonnant n’est-il pas que le Fils de Dieu, dont la puissance et l’amour sont infinis, accepte de devenir un être humain, c’est-à-dire de connaître les limites de la condition humaine, de passer de l’infini au fini. Telle est véritablement cet abaissement que connaît le Sauveur en naissant de Marie, en partageant la vie d’un juste en Israël au Ier siècle et, finalement, en acceptant de mourir sur la croix, sort des esclaves, pour vaincre les ténèbres de la mort et apporter la lumière de la Résurrection à ceux et à celles qui accepteront, avec foi, de recevoir son Esprit, le Paraclet.

Jésus dira de lui-même : « Je suis la lumière du monde ». Véritablement, en cette nuit nous célébrons l’entrée de la lumière dans les ténèbres du monde. Lumière douce et tendre, qui vient s’opposer fermement aux puissances du monde, aux idoles que tout être humain a tendance à chérir tant qu’il n’a pas été illuminé par le Christ et tant qu’il n’a pas placé en lui sa confiance.

Frères et sœurs, notre monde est troublé par une violence inouïe, celle des guerres en Afrique, en Asie, au Proche-Orient et, depuis près d’un an, en Europe. Violence inouïe de l’injustice, de l’exploitation des plus faibles par des plus forts. Violence inouïe de l’absence de respect pour cette terre que le Créateur a confié aux humains. Violence inouïe des idéologies qui imposent leur point de vue au détriment de la liberté et de la dignité de chacun. En s’attaquant depuis une vingtaine d’années aux divers abus en son sein, l’Église est entrée dans une période troublante, humiliante, mais absolument nécessaire et purificatrice. Les ténèbres semblent s’être infiltrées partout dans la société, dans l’Église, dans nos intelligences et dans nos cœurs.

Ce soir, faisons de notre cœur une crèche. Accueillons l’enfant-Dieu. Il vient pour nous entraîner à sa suite, dans sa vie divine, dans sa vie éternelle. Nous sommes créés pour partager pour toujours son amour. Aujourd’hui, il entre dans l’humanité pour la conduire dans le giron de son Père et notre Père, par sa Pâque, par sa victoire sur le mal. En vérité, accueillons Jésus, ce Dieu qui sauve notre humanité et fondons notre vie sur le roc, uniquement sur ce roc. Lui seul, en ces temps troublés, est un appui absolument sûr, il n’y en a pas d’autre. L’enfant de la crèche nous tend les bras, saisissons-les, laissons-nous conduire par son enseignement, laissons-nous guérir et fortifier par ses gestes de bonté qui se prolongent jusqu’à nous par les sacrements. Adorons-le. Il est le seul qui en soit digne. Osons le suivre avec joie et entrain, en apprenant à le connaître, car lui seul est la Paix. Enfin, comme les bergers, louons notre Dieu. Avec simplicité, partageons autour de nous notre joie de croire et aimons tous nos semblables, sans faire d’exception, comme Dieu les aime, d’un amour gratuit, désintéressé et miséricordieux.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

En la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi – samedi 24 décembre 2022

1ère lecture : Is 9, 1-6
Psaume : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc
2e lecture : Tt 2, 11-14
Évangile : Lc 2, 1-14