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Homélie de la messe pour la paix en Ukraine

Frères et sœurs,

Nous avons entendu des lectures qui nous invitent avant tout à la confiance. Personnellement je trouve ce Naaman très sympathique. Il nous ressemble tellement. Il est étranger, il ne sait pas très bien qui est le Dieu d’Israël, mais il en a entendu parler. Finalement, il se rend en Israël pour guérir d’une maladie de peau. Voilà que, trouvant le prophète, celui-ci lui dit de se baigner, c’est tout simple et il n’arrive pas à y croire. Finalement, sur le conseil d’un de ses proches, il fera confiance et le résultat ne se fera pas attendre, il sera guéri. La confiance dans le Dieu unique apporte la guérison. Telle est la leçon. Puis nous avons entendu l’évangile où Jésus fait allusion à ce Naaman, alors qu’il prêche dans la synagogue de Nazareth, chez les siens. Sa prédication n’est pas immédiatement sympathique pour ceux qui l’entendent, puisqu’il vante la confiance des étrangers au peuple d’Israël, qui, à bien des reprises, ont obtenu ce qu’ils attendaient, ce qu’ils demandaient. À l’issue de cette prédication, les habitants de Nazareth devinrent furieux et voulaient véritablement le supprimer, le jeter du haut de la colline, de l’escarpement pour le tuer.

La violence humaine n’est pas seulement d’aujourd’hui, elle est de toujours. Finalement, les hommes sont incapables de trouver la paix s’ils ne se mettent pas à l’écoute de l’enseignement du Seigneur. La paix est toujours un don de Dieu. Peut-être que ce qui est le plus frappant actuellement, depuis plus de vingt jours de guerre, c’est d’être témoin de la confiance que les Ukrainiens gardent en Dieu. Dimanche, la plupart des Ukrainiens n’ont pas pu se rendre à l’église. Les évêques de France, nous recevons tous les jours des nouvelles d’évêques ukrainiens qui nous tiennent au courant de la situation. Hier, c’était une lettre pathétique où il nous était dit que : « sans la communion au corps et au sang de notre Sauveur nous ne pouvons pas vivre, nous ne pouvons pas survivre dans les circonstances de la guerre ». Comme j’aimerais que les fidèles de chez nous disent la même chose : « sans la communion au corps et au sang de notre Sauveur nous ne pouvons pas vivre. C’est précisément le mystère de l’Eucharistie qui nous donne la force de vie pour vaincre la mort. Nous faisons l’expérience par nous-mêmes de cette ancienne vérité, l’eucharistie est l’antidote de la mort ».

Il semblerait que plus de quarante-quatre églises aient été déjà détruites. La conclusion du texte écrit par l’archevêque majeur qui est à Paris, Sviatoslav SHEVCHUK, est impressionnant : « Aujourd’hui nous prions pour notre peuple et notre patrie, et nous demandons à notre Dieu, tu as dit que : ʺQuand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’euxʺ. Sois aujourd’hui avec le peuple ukrainien. Tu as dit également : ʺSi deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieuxʺ. Nous te demandons aujourd’hui, Ô Dieu, bénis l’Ukraine avec la paix. Arrête la guerre. Arrête l’agresseur. Aies pitié de ton peuple. »

Ce soir nous voulons nous joindre à la prière de cet évêque. Nous faisons nôtre ses sentiments et nous voulons supplier le Seigneur de tout notre cœur pour que cesse cette violence qui est épouvantable dans la mesure où elle ne cesse d’atteindre une population civile pacifique, des innocents sont blessés, tués, un bon nombre est réduit à émigrer. Et ceux qui restent dans le pays survivent dans des conditions épouvantables. La veille j’avais reçu ce message : « Combien de blessures de l’âme traumatisent les gens aujourd’hui en Ukraine ? Il est même encore trop tôt pour l’appréhender pleinement. Aujourd’hui nous devons être capables d’empathie, de souffrir avec ceux qui souffrent qui endurent de telles douleurs du fait de blessures de guerre dans leur corps ».

Alors, frères et sœurs, prions avec ferveur et avec confiance. À chacun d’entre nous de trouver comment poser des actes concrets, de telle sorte que ce fléau puisse non seulement cesser mais que nous venions en aide à tous ceux qui le subissent en première ligne. Partout des initiatives sont prises, par l’Église, par les communes, par l’État qui prévoit d’accueillir plus de cent mille personnes venant d’Ukraine. Alors ne soyons pas en reste, prions mais aussi posons des actes concrets de charité fraternelle pour ces frères qui passent par l’horreur de la guerre. Nous le savons, la guerre aujourd’hui est un aveu de faiblesse. La guerre n’est plus possible, les armes que possèdent les pays les plus évolués conduisent inévitablement à la mort. Seul le dialogue peut conduire à la paix. Supplions le Ciel qu’il s’instaure au plus tôt. Sans dialogue, la violence aboutit au chaos. Prions pour que le chaos cesse en Ukraine et cesse dans d’autres parties du monde qui sont aussi atteintes par la guerre. Puissent ces différents chaos ne pas aboutir à une guerre mondiale.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – lundi 21 mars 2022

1ère lecture : Rois 5, 1-15a
Psaume : 41 – 42
Évangile : Lc 4, 24-30