Homélie pour le Mercredi des Cendres

Frères et sœurs,

« Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! » Que veut-il donc nous dire ? Il me semble que le prophète Joël répond en son nom : « Revenez à moi de toute votre cœur …/… Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment ». Ce Dieu qui est amour n’a de cesse de nous inviter à partager son amour. Paul, en s’adressant aux Corinthiens, s’exprime ainsi : « Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Jésus est venu partager notre vie humaine afin de nous donner les moyens de cette réconciliation. Ce qui n’est pas possible par les seuls moyens humains, l’est devenu par l’aide, par la grâce que le Fils de Dieu a obtenue en notre faveur en vivant sa Pâque, c’est-à-dire en offrant sa vie, sa passion et sa mort pour que nous puissions enfin vivre de la vie même de Dieu dans la puissance de l’Esprit Saint.

Le carême est cette période où l’Église nous stimule tous pour que nous accueillons toujours davantage cette vie divine, cette vie éternelle pour laquelle il nous a créés. Les catéchumènes vivent leur dernière ligne droite avant de recevoir les sacrements de l’initiation : baptême, confirmation et eucharistie, lors de la veillée pascale où ils deviendront enfants de Dieu pour le temps et pour l’éternité. Les baptisés de vieille date vivent ce temps liturgique en portant les catéchumènes dans la prière et en tentant de vivre avec plus de zèle et de confiance les engagements de leur baptême.

Éclairés par la Parole de Dieu si riche en ce temps du carême, stimulés par une prière plus soutenue, une recherche d’intimité avec le Christ jour après jour, heureux de partager avec ceux qui ont besoin de notre aide pour vivre, libérés par l’ascèse, en particulier le jeûne, de ce qui est secondaire face à notre désir de Dieu. Telles sont les dispositions que l’Église nous propose. Nous pourrons alors vivre dans la joie ce temps préparatoire à la célébration de la Résurrection du Christ, qui donne sens à notre existence en nous ouvrant à la béatitude éternelle. Soyons courageux pour nous tourner davantage vers le Seigneur et reconnaissants de profiter de cette sainte quarantaine qui nous est offerte.

Le rite des Cendres va nous rappeler notre fragilité. Nous ne sommes que poussière ; de fait nous passons sur cette terre quelques années, nous sommes très limités et, plus grave encore, nous sommes pécheurs, nous ne savons pas aimer. Mais cette poussière est infiniment aimée de Dieu. Dieu nous a faits pour nous aimer. Nous sommes nés pour être ses enfants. Alors courage ! Ensemble et personnellement, tournons-nous vers le Seigneur avec confiance et espérance ! Il nous donnera un cœur nouveau, capable d’aimer comme Dieu aime.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – le 2 mars 2022

1^ère lecture : Jl 2, 12-18
Psaume : 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17
2^ème lecture : 2 Co 5, 20 – 6, 2
vangile : Mt 6,1-6.16-18