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L’orgue Dominique Cavaillé-Coll

Patrimoine

À l’occasion de la restauration de l’orgue de l’abbatiale Saint-Michel de Gaillac, il est bon de parler des facteurs et des instruments.
Le diocèse peut s’enorgueillir d’être le berceau d’une des plus grandes familles de facteurs d’orgues en Europe.

La famille Cavaillé-Coll

Chacun connaît les « orgues Cavaillé-Coll ». Mais cette expression est trompeuse. En effet, les orgues ont évolué au niveau technique, au niveau stylistique. Et comme dans beaucoup de corps de métier, les enfants héritaient du savoir-faire de leurs parents, les facteurs d’orgues étaient souvent des enfants de … facteurs d’orgues.
Or, les évolutions des besoins, des modes, des techniques ont amené les artisans à changer l’esthétique des instruments. Et les orgues « Cavaillé-Coll » sont donc très divers !

C’est ainsi que les orgues du XVIIIè s. ne ressemblent pas du tout à ceux du XIXè s. et que ceux de Jean-Pierre Cavaillé sont très différents de ceux de ses descendants (Dominique, Aristide, Vincent)

Vers 1700, la famille Cavaillé vivait à Gaillac. L’ancêtre, Jean-Pierre Cavaillé, était tisserand, fabricant de serge, et père de quatre enfants : trois garçons et une fille. L’ainé, Gabriel, tisserand comme son père, donne naissance à Jean-Pierre Cavaillé en 1743.

Jean-Pierre Cavaillé

Son père mort prématurément, il est confié à ses oncles, dominicains à la province de Toulouse. Il apprend son métier de facteur d’orgues auprès du Frère Isnard, le constructeur de l’orgue de Saint Maximin dans le Var, référence de l’orgue classique français du XVIIIè s. et bénéficie des conseils de Dom Bedos de Celles dont le traité de facture d’orgues reste toujours incontournable aujourd’hui.

Il se marie en 1765 avec une Catalane, Marie-Françoise Coll (d’où le patronyme de Cavaillé-Coll). De Jean-Pierre, il nous reste les orgues de Vinça (1765), celui de Saint-Guillem-le-Désert (1782), et en Espagne, Torroja del Priorat (1799).

Portrait
Dominique-Hyacinthe Cavaillé-Coll

En 1771, à Toulouse, Jean-Pierre Cavaillé et sa femme ont un fils, Dominique-Hyacynte Cavaillé-Coll. Apprenant la facture d’orgues avec son père, il hérite directement de l’art de la facture d’orgue française classique. Les vicissitudes de l’histoire le conduisent lui aussi en Catalogne. Lors de son retour en France en 1807, il s’est enrichi des manières de faire espagnoles. Il construit l’orgue de Gaillac de 1824 à 1827 avec ses deux fils, Vincent et Aristide alors âgés de 15 et 13 ans. Ils y retrouvent avec bonheur leurs racines familiales.

Il construit aussi l’orgue de Saint-Gaudens en 1829. Ce sont les deux seuls instruments qui nous restent de Dominique et de l’art de la facture d’orgue de cet époque en France.

Aristide Cavaillé-Coll, son fils cadet, sera l’immense facteur d’orgues du XIXè s. dont on reparlera prochainement.

Mais restons aujourd’hui à Gaillac …

 

Orgue de l’abbatiale Saint Michel de Gaillac

Cet instrument de 38 jeux est conçu comme un orgue français classique avec ses plans sonores caractéristiques :

le fond d’orgue : https://youtu.be/KJzJu4TeXUU

le plein-jeu : https://youtu.be/3041iUir-qA

le grand-jeu : https://youtu.be/3c36N-Nd__U

les jeux de tierce et de détail : https://youtu.be/f7JFor96v88

Il a trois claviers manuels et un pédalier.

Les 3 claviers de l’orgue de Saint-Michel de Gaillac

Sans entrer dans les détails, il possède quelques particularités qui en font un instrument exceptionnel. L’influence de l’orgue espagnol est évidente. C’est visible par ses deux rangs de tuyaux en chamade (horizontaux au-devant du buffet). Ce n’est pas la seule chose, Dominique Cavaillé-Coll utilise des techniques ibériques dans la facture des tuyaux comme les biseaux
renversés.

Outre ses sonorités remarquables, ce qui étonne le plus, c’est pour l’instrumentiste la précision de la mécanique et du toucher, pour l’auditeur, la poésie incroyable qu’il dégage.

Loin du cliché de l’orgue monstrueux (que peuvent être les instruments symphoniques du XIXè s.), l’orgue n’est pas puissant. Ses jeux les plus doux remplissent l’immense nef même lorsqu’elle est remplie et son grand-jeu n’écrase pas les auditeurs.

Ainsi, toute la musique est mise en valeur, les changements de sonorités ne sont que des changements de couleurs, et chaque détail est entendu de manière très précise.

Ses couleurs sonores s’adaptent extraordinairement à tous les répertoires :

Et ce jusqu’au confins des musiques les plus contemporaines !

La restauration de l’instrument

Nous avons vu précédemment qu’un orgue n’est essentiellement constitué que de bois et de métal. Les variations de température, d’hygrométrie, les changements brusques, la sécheresse, l’humidité et la condensation, la poussière, les xylophages, les moisissures, sans parler des souris, rats, chauves-souris, oiseaux et leurs déjections … Voilà bien des maux qui font souffrir les matériaux de l’instrument. Et si on y prend garde, l’orgue devient très vite inutilisable.

Malgré un entretien vigilant, il est nécessaire de remettre tout en état. Donc de le démonter entièrement, de restaurer précieusement chaque pièce, et de le remonter pour le remettre dans son état d’origine. Ceci est valable pour tous les orgues, en moyenne tous les 50 ans.

Et encore plus à Gaillac où la dernière restauration date d’il y a 50 ans, mais où certaines parties de l’orgue n’ont pas été touchées depuis sa construction, il y a … 200 ans !

Ce travail est prévu dans le cadre d’un chantier plus global de restauration complète de l’abbatiale. La fin du chantier est annoncé pour 2028-2030. D’ici là, l’association des Amis des Orgues de Gaillac veille sur la préservation de l’instrument et continue de sensibiliser le public gaillacois à la musique d’orgue.

Un double CD est d’ailleurs paru sous le label « Europa Lyrica » en collaboration avec les AOG. Enregistrements magnifiques sous les doigts des Jan Wilem Jansen et de Freddy Eichelberger dans des programmes au couleurs variés mettant en valeur ce magnifique instrument.

Vous pouvez vous procurer ce coffret de deux disques (25€ + frais de port) en écrivant à :
amisdesorguesdegaillac@orange.fr

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