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Homélie de la Veillée pascale 2021

Frères et sœurs,

Au cours de cette longue méditation des Écritures, nous venons d’entendre le récit de la Création, tel que le livre de la Genèse nous le rapporte sous une forme poétique extrêmement évocatrice, qui affirme avec clarté que Dieu est autant à l’origine de notre « maison commune », comme le dirait le pape François, c’est-à-dire de tout le cosmos, qu’à l’origine de l’humanité, l’homme et la femme créés à son image. Il s’agit d’une vérité aujourd’hui si controversée par les uns et ignorée par un grand nombre. Dans l’encyclique Laudato Si’ le pape François nous rappelle ce postulat qui est à la base de notre foi. Il écrit : « Les personnes divines sont des relations subsistantes, et le monde créé selon le modèle divin est un tissu de relations. Les créatures tendent vers Dieu et c’est le propre de tout être vivant de tendre à son tour vers autre chose de telle manière qu’au sein de l’univers nous pouvons trouver d’innombrables relations constantes qui s’entrelacent secrètement …/… Plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure qu’elle entre en relation quand elle sort d’elle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. Tout est lié et cela nous inspire de vivre une spiritualité de solidarité globale qui jaillit du mystère de la Trinité ». Nous sommes créés, frères et sœurs, à l’image même de la Trinité. Nous sommes créés pour vivre dans la communion avec Dieu et avec chaque créature humaine. Dieu qui est amour nous a faits pour aimer et être aimés.

Avec le passage du livre de l’Exode, nous avons été placés dans un contexte de violence et de guerre. En effet, au lendemain de la création la communion a été brisée entre le Créateur et ses créatures qui ont choisi l’indépendance plutôt qu’une dépendance heureuse vécue dans la confiance et l’amour pour Dieu. Le Créateur ne s’est pas avoué vaincu pour autant, oserais-je dire, et il n’aura de cesse de reprendre son projet initial, son dessein bienveillant voulu par lui de toute éternité en faveur de l’humanité. Il reprend la création abîmée en choisissant de se constituer un peuple qui devra accueillir celui qui tirera définitivement l’humanité entière de l’impasse dans laquelle elle s’était engouffrée en voulant rompre sa relation avec le Créateur. En arrachant les fils d’Israël des mains du Pharaon et en leur manifestant sa compassion et sa puissance, le Seigneur va peu à peu leur apprendre à placer en lui leur confiance. Pendant un long exode à travers le désert, par l’intermédiaire de Moïse, le Seigneur se fera connaître. Ses paroles, à travers bien des épreuves et des purifications finiront par toucher le cœur du peuple élu. Si la fidélité d’Israël demeurera fragile, la miséricorde divine sera stable et durable « car éternel est son amour ».

Environ sept siècles avant la venue du Messie, nous avons entendu le prophète Ézéchiel annoncer au peuple que, malgré ses trahisons à l’égard du Seigneur, celui-ci ne saurait se renier lui-même. « Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais pour mon saint nom que vous avez profané dans les nations, pour ma personne que vous avez trahie pour vous livrer aux idoles des païens ». C’est déjà l’annonce de la venue du Paraclet, de l’Esprit Saint, que le crucifié ressuscité répandra sur ses disciples et grâce auquel ils seront purifiés de leurs péchés et possèderont un cœur nouveau, un cœur qui battra au rythme même du cœur de Dieu, au rythme de l’amour, un amour durable, un amour éternel.

Il semble que les femmes qui allaient accomplir les rites funéraires en faveur de Jésus à l’aurore, ne se doutaient guère que ce qui avait été annoncé à travers tant de figures et de paroles prophétiques était en train de se réaliser. Inquiètes et angoissées, n’étant pas certaines de pouvoir ouvrir la tombe, elles sont effrayées à la vue d’un mystérieux jeune homme qui leur annonce : « Le Crucifié, il est ressuscité, il n’est pas ici, il vous précède en Galilée », il ajoute aussitôt : « Là, vous le verrez comme il l’a dit ». Le Seigneur, notre créateur, notre sauveur, notre sanctificateur nous précède toujours. Avec ceux qui lui font confiance, il noue une relation amicale par la puissance de l’Esprit. Cet Esprit Saint, fruit de la croix, nous en sommes devenus le temple depuis notre baptême. Depuis lors il nous accompagne en mettant nos pas dans ceux de Jésus pour aller vers le Père si, du moins, nous sommes à son écoute. L’Esprit Saint nous établis dans une union étroite avec le Sauveur en nous faisant passer par sa mort, comme l’apôtre nous l’annonce, c’est-à-dire en nous invitant sans cesse à renoncer au mal, pour ressusciter avec le Christ, c’est-à-dire à entrer dans une vie nouvelle, dans une vie spirituelle, une vie selon l’Esprit Saint, une vie à son école où nous sommes appelés, conformés au Christ, à vivre en enfants de Dieu confiants dans son amour et habités par les sentiments mêmes du Christ envers le Père, envers tout homme, nos frères.

Lucas, vous demandez le baptême aujourd’hui. Je vous invite à prier chaque jour de votre vie l’Esprit Saint pour être un ami fidèle de Jésus et un témoin de sa résurrection. Avec l’aide de l’Esprit, devenez jour après jour un membre vivant du Christ, c’est-à-dire de l’Église, heureux de partager votre foi, la foi de l’Église, autant par la parole que par l’exemple. Frères et sœurs qui constituez cette belle assemblée, baptisés de longue date, dans la joie, je vous invite maintenant à renouveler, avec une grande disponibilité intérieure, les engagements de votre baptême à l’occasion de cette Pâque, afin d’apporter dans un monde souffrant et déboussolé la lumière de l’Espérance.

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Il nous entraîne dans sa gloire, Alléluia !

Amen

† Jean Legrez, o.p.

Archevêque d’Albi