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Pentecôte

Nous voilà au terme de ce temps pascal. 50 jours après Pâques, c’est la fête de la Pentecôte, qui vient clore ce temps pascal.

L’événement de la Pentecôte ne peut être compris qu’en lien avec Pâques et l’Ascension. Jésus est mort pour le salut du monde (le Vendredi Saint), ressuscité (le jour de Pâques) et parti rejoindre le Père (à l’Ascension). À la Pentecôte, Dieu le Père envoie aux hommes l’Esprit de son Fils. Cette fête clôt le temps pascal, qui dure sept semaines, et dont elle est le couronnement.

D’où vient ce terme de Pentecôte ?

Pentecôte vient du grec pentècostè (hèméra) : « cinquantième (jour) ». : 50 jours après Pâques, le Christ a envoyé le Saint Esprit sur les Apôtres réunis autour de la Vierge Marie au Cénacle.

Cette durée de 50 jours était déjà présente dans l’Ancien Testament ?

Dans l’ancienne Alliance, la fête de la Moisson (Ex 23, 16 ; 34, 22) ou fête des Semaines (Lv 23, 15-22) célébrait les prémices de la moisson des blés sept semaines après la Pâque, donc le « cinquantième » jour après la fête du printemps (cf. Tb 2, 1). Le chiffre de cinquante, qui boucle une semaine de semaines, évoque une plénitude ou bien, comme dans l’institution israélite du jubilé (sept semaines d’années ; cf. Ex 21, 2 ; 23, 10 suiv. ; Lv 25, 3 suiv.), un renouvellement complet.

Comme le Peuple d’Israël n’était sorti d’Egypte — la Pâque — qu’en vue de l’Alliance au Sinaï, la fête de la Pentecôte est devenue l’anniversaire du « Jour de l’Assemblée » (Dt 9, 10 ; 10, 4 ; 18, 16) intervenu environ cinquante jours après la libération d’Egypte (cf. Ex 19, 1 : « le troisième mois »). Né à la Pâque, le Peuple-Épouse trouve la plénitude de son être et son affranchissement total au moment de l’union avec Yahvé, lors de l’Alliance.

Dans la nouvelle Alliance, le Christ lave et rachète son Église par le sacrifice du Calvaire où déjà, radicalement, il lui donne son Esprit (Jn 19, 30) ; au jour de la Résurrection, Jésus communique l’Esprit à ses apôtres, en vue de leur mission qui va poursuivre la sienne (Jn 20, 22-23) ; mais ce n’est que cinquante jours après la mort de Jésus — au jour de la Pentecôte (Ac 2) — que l’Esprit vient renouveler toute l’Église en la plongeant (cf. Ac 1, 5) dans le « Fleuve de vie » (Ap 22, 1) qu’il est.

Le Mystère pascal ne trouve donc sa pleine dimension que dans la plénitude de la Pentecôte où l’Église reçoit les prémices de son héritage (Ep 1, 13-14) et exerce son être liturgique en chantant, sous la motion de l’Esprit, « les merveilles de Dieu » (Ac 2, 11).

C’est donc une fête essentielle pour les chrétiens. Pourtant il n’y a pas d’octave comme à Noël ou à Pâques ?

La Solennité de la Pentecôte clôt le temps pascal et l’on éteint le cierge pascal au soir de ce jour. L’ancienne octave a été supprimée, pour que le « cinquantième » jour retrouve pleinement sa fonction d’achèvement ; par contre, les dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte sont célébrés comme une solennelle préparation à la venue de l’Esprit, dans l’assiduité à la prière auprès de Marie, Mère de Jésus (Ac 1, 14). De cette octave, il reste quand même le lundi de Pentecôte, comme témoin de cette octave. Ce jour-là a été institué la fête de « la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise ».

La Pentecôte, c’est donc la réalisation de la promesse de Jésus à ses apôtres ?

Le 50ème jour après Pâques, alors qu’une foule s’est rassemblée pour Chavouot (fête juive commémorant le don de la Loi à Moïse), les Apôtres, Marie et quelques proches entendent un bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent » qui remplit la maison ; c’est un premier signe. Le deuxième signe ne se fait pas attendre : « une sorte de feu qui se partageait en langues et se posa sur chacun d’entre eux ». Et voici le troisième prodige : remplis de l’Esprit Saint, signifié par le vent et le feu, « ils se mirent à parler en d’autres langues ». La foule qui festoie est stupéfaite « parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue ». À tel point que certains les croient « pleins de vin doux » (Ac 2, 1-14) !

Ainsi se réalise la promesse faite par le Christ aux apôtres au moment de son Ascension, une dizaine de jours plus tôt. Les apôtres, ayant reçu la force de l’Esprit, ont alors le courage de sortir de la salle du Cénacle où ils étaient craintivement enfermés. Ils commencent aussitôt à témoigner de la résurrection du Christ, à faire connaître son enseignement et à baptiser. Lors de la Pentecôte, l’Eglise est constituée non par une volonté humaine, mais par la force de l’Esprit de Dieu. À la suite de cet événement, naissent les premières communautés chrétiennes qui se sont ensuite organisées, développées et propagées.

Quel est cet Esprit
que nous recevons à la Pentecôte ?

Il est une personne au sein du Dieu unique et Trinité. Il se définit plutôt par ce qu’il fait : il est le “vecteur” ou ce qui permet l’action de Dieu. Il est comme la présence agissante de Dieu. Il est aussi le lien entre Dieu Père et Dieu Fils, et nous le voyons dans le lien entre Jésus-Christ et son Père. C’est par cet Esprit que Jésus a agi pendant les quelques années de son ministère.

C’est le même que celui qu’ont reçu les apôtres. C’est l’Esprit « qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 15). Son action est la même : inscrire la parole du Christ, l’Évangile, dans le cœur des chrétiens pour qu’ils en vivent, qu’ils en découvrent la force et l’actualité, sa capacité à transformer nos vies d’hommes.

Avec la Pentecôte, le don de l’Esprit est répandu non plus seulement sur quelques personnes comme dans l’Ancien Testament : le roi, le prêtre ou le prophète. Dieu répand l’Esprit en abondance sur tout son peuple.

Et donc cela change
le visage de l’Église ?

Le visage de l’Eglise qui se dessine alors est celui d’une Eglise vivante, active, missionnaire où chaque membre du peuple de Dieu, suivant son charisme, le don qu’il a reçu, contribue à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Chacun est à même de déployer la dimension prophétique de sa vie de baptisé. Si tous sont animés du même Esprit, tous ne le sont pas de la même manière. L’unité n’est pas l’uniformité et l’Esprit suscite au cœur de l’Eglise des ministères divers, des vocations diverses et des charismes divers. Selon le concile Vatican II, les charismes sont distribués largement parmi les membres du peuple de Dieu, et ceux-ci ont « le droit et le devoir d’exercer ces dons dans l’Eglise et dans le monde pour le bien des hommes et l’édification de l’Eglise » (Décret sur l’apostolat des laïcs).

« Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. » (Gaudium et Spes 22, 5)

Mais recevoir l’Esprit Saint, qu’est-ce que cela change ? Que recevons-nous en recevant l’Esprit ?

Déjà l’hymne très ancienne Veni Creator Spiritus demandait à l’Esprit de donner « les sept dons de son amour ». Mais c’est surtout Thomas d’Aquin qui, par sa réflexion théologique, a formalisé une liste de sept dons de l’Esprit :

La sagesse : elle fait goûter la présence de Dieu, dans un plus grand compagnonnage avec lui, et un plus grand dynamisme missionnaire. C’est le don contemplatif par excellence.

L’intelligence : elle aide à entrer dans le mystère de Dieu, à comprendre de l’intérieur la foi, les Écritures, à distinguer l’erreur de la vérité. Par ce don, chaque chrétien peut devenir un authentique théologien.

La science : elle permet de reconnaître Dieu à l’œuvre dans la nature et dans l’histoire, de recevoir le monde comme un don de Dieu. Elle donne le sens de la précarité de l’univers.

La force : elle donne la persévérance dans l’épreuve, le courage du témoignage. Elle soutient les martyrs mais aide aussi au quotidien à accomplir son devoir d’état et à vivre le combat spirituel. C’est l’héroïsme de la petitesse.

Le conseil : c’est le don du discernement spirituel. Il ajuste ce qu’il convient de faire ou d’éviter, de dire ou de taire. Il dispose à voir clair en soi et dans les autres.

La piété : elle fait entrer dans l’expérience de la paternité de Dieu, de sa proximité, de sa tendresse. Elle nous donne la confiance de l’enfant. Elle nous rend proche aussi des autres.

La crainte : ce n’est pas la peur de Dieu mais le sens de sa grandeur. La conscience de l’infinie distance entre Lui et nous, ses créatures. Ce don suscite une attitude d’humilité et d’émerveillement.

 

Marie-Véronique du Pasquier – Responsable diocésaine de la formation