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Jeudi Saint

Le Jeudi Saint (13 avril 2017), l’Église célèbre la messe « en mémoire de la Cène du Seigneur » c’est-à-dire du dernier repas du Christ avec ses disciples.

Les évangélistes Marc, Luc et Matthieu rapportent les récits de la Cène au cours de laquelle, en prenant le pain et le vin, Jésus-Christ rend grâce et offre son Corps et son Sang pour le salut des hommes. L’évangéliste Jean rapporte qu’au cours de ce repas, Jésus s’est mis à genoux devant chacun de ses disciples pour leur laver les pieds. Au cours de la messe célébrée avec solennité, l’Église répète les gestes reçus du Seigneur.

Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rendit au jardin des Oliviers avec les apôtres pour veiller et prier. Après la messe du Jeudi Saint, le Saint Sacrement est déposé au « reposoir », l’autel est dépouillé, la croix est enlevée et voilée. Tout ce dépouillement manifeste que le Christ est entré dans sa passion, dépouillé de tout. C’est une nuit d’adoration, les fidèles s’unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du Saint-Sacrement jusque tard dans la nuit.

Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds,
vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.

Mgr Legrez, lors du lavement des pieds en la cathédrale Sainte-Cécile
Mgr Legrez, lors du lavement des pieds en la cathédrale Sainte-Cécile

Frères et sœurs,

En toute humilité Jésus, le Fils de Dieu et notre Maître, a voulu se tenir aux pieds de ses disciples juste avant de les nourrir de son corps et de les abreuver de son sang. Aujourd’hui encore le Christ se tient aux pieds de chacun de nous pour nous proposer d’être purifiés et de recevoir sa vie.

À chaque eucharistie, selon ce que Paul a reçu et qu’il a lui-même transmis, de génération en génération, tout au long de l’histoire de l’Église, nous sommes rendus contemporains de la mort du Christ et de sa résurrection. Ce mystère, qui nous dépasse tant, exprime le don que Jésus nous fait de lui-même, afin que chacun, en le recevant, puisse répondre à son amour pour une donation semblable à la sienne, non seulement à Dieu, mais à nos frères en humanité.

L’institution de l’eucharistie lors de la Cène et le lavement des pieds sont deux facettes du même mystère de la rédemption, où le Seigneur se donne, afin que nous apprenions de lui à nous donner. En effet, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Appelés à être les amis de Dieu, notre Père, nous sommes simultanément appelés à être les frères et les sœurs de toute personne humaine : telle est l’Alliance Nouvelle qui nous rétablit dans le projet de Dieu, voulu par lui dès la création, et mis en échec par le mauvais usage de notre liberté sous l’influence de l’adversaire, le diable. À l’heure de l’ultime repas de Jésus, il entre dans le cœur de Judas, et continue, bien qu’il ait été vaincu par le Sauveur, à tenter les humains en les trompant et en les faisant tomber dans la violence, le mensonge, la tristesse, l’égoïsme, le crime… Nous célébrons et nous sommes rendus contemporains de l’Alliance Nouvelle et désormais éternelle, qui nous rend accès au Père, notre Dieu, et nous permet de vivre dans une confiance filiale, grâce au sacrifice que Jésus, le Fils premier-né, a consenti en notre faveur dans sa passion et sur la croix.

En reproduisant dans quelques instants les gestes de Jésus, du lavement des pieds à la consécration du pain et du vin, nous célébrons ensemble ce que le Seigneur a voulu pour nous aider peu à peu, à connaître la joie du don. Se donner à Dieu à chaque communion nous fait entrer dans les sentiments du Christ obéissant à son Père jusqu’à la mort, à la mort sur la croix. Servir en actes nos frères, en prenant la place du serviteur non pas seulement ce soir, mais de manière habituelle, nous établit dans ce bonheur sublime qui consiste à découvrir qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. L’eucharistie veut nous faire découvrir que c’est en se donnant que nous nous trouvons et que nous connaissons une joie que personne ne pourra nous ravir, un avant-goût du bonheur céleste, de la Béatitude du Ciel.

Laissons monter de nos cœurs notre reconnaissance à l’égard du Sauveur, qui poursuit dans la puissance de l’Esprit le dessein bienveillant du Père par les ministres de l’Église. Prions pour tous les ministres ordonnés, afin qu’ils soient fidèles à leur mission et accomplissent avec une réelle ferveur leur ministère de sanctification du peuple de Dieu et que soit ainsi manifeste à tous la miséricorde du Père.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Homélie pour le Jeudi Saint, 24 mars 2016