Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Fonlabour : église Notre-Dame

Cette église date de 1866 et remplace un sanctuaire roman dont les vestiges se voyaient encore en 1980.

Les fresques de Nicolaï Greschny

Pour entrer dans la fresque de l’église de Notre-Dame de Fonlabour, réalisée en 1970, laissons-nous guider par son propre commentaire, heureusement conservé par le P. Gilbert Assémat dans quatre ouvrages, résumés en ces lignes.

Fonlabour 2

Le Christ

Sa place
Dans les églises orientales, le point culminant est toujours le Christ dans la gloire. Il est placé souvent à l’abside, surplombant l’autel. C’est le Pantocrator. Ce thème a surgi dans l’Église à la fin des persécutions du troisième siècle. L’image du Christ victorieux s’imposait à elle comme pour la soutenir. La Croix glorieuse, comme à Saint-Clément de Rome, exprime la même chose.

Dès le troisième siècle existaient deux traditions pour représenter le Christ. L’une le figure jeune : c’est le Logos, la deuxième Personne divine, considérée indépendamment de la création, il manifeste l’éternelle jeunesse de Dieu ; tradition respectée tout au long du premier millénaire. L’autre représente le Christ incarné : c’est le Docteur, l’Enseignant. Il est toujours assis, attitude inspirée de l’Évangile, ainsi “Le Fils de l’Homme siègera sur son trône de gloire ».

Entrant dans une église, la première chose à faire est de considérer le Christ dans sa grandeur, de se mettre en sa présence. Mais ce n’est pas le Jésus de Nazareth. C’est Jésus le Seigneur, le Fils de Dieu, personne de la Trinité divine. Dieu, nul ne peut le toucher ni le voir. C’est le Christ fait homme qu’on peut saisir. Toute la philosophie de l’icône est pensable seulement si l’on croit à l’Incarnation de Dieu en son Fils Jésus. Toute approche de Dieu se fait en son Fils, l’Alpha et l’Oméga, le “commencement et la fin » selon l’Écriture.

Son visage
Il est peint selon les mesures immuables proposées par un manuel du mont Athos même si, dans la réalisation, on s’affranchit fatalement (et heureusement) de la rigueur.

Le visage est toujours rayonnant : le Christ est lumière. La peinture le signifie particulièrement par les rayons de l’iconops [1]sur son visage mais aussi sur les vêtements du Christ et sur ceux des personnages qui entourent le Pantocrator. On rejoint ici toute la théologie du Christ lumière du monde.

On représente le Christ avec la barbe par tradition, mais aussi pour trois motifs brièvement rappelés :
- L’oriental est très fidèle, grâce à sa mémoire, à sa description des formes. Cette sorte de portrait-robot du Christ s’est transmise au point de s’imposer partout. Cette image s’est conservée dans le collectif chrétien jusque dans l’inconscient des communautés.
- La vénération du Mandylion a joué un très grand rôle fixation des traits du “vrai visage du Christ ». Ce tissu était exposé à certaines occasions d’abord à Edesse, puis à Constantinople. Il a fortement marqué l’art oriental.
- L’antique tradition affirme que l’évangéliste Luc a peint un portrait du Christ.

Ses gestes
Le Pantocrator bénit de la main droite et toujours de la même façon : il place les doigts de telle manière qu’ils tracent son propre nom (en grec) IS XS. Ce geste a été adopté en occident par les évêques lorsqu’ils bénissent. C’est de cette manière que les Vieux Croyants orthodoxes tracent sur eux le signe de la croix.

De la main gauche, le Christ tient un livre ouvert reposant sur ses genoux. La tradition demande qu’un texte y soit inscrit dans la langue en usage par les chrétiens du lieu ; un texte non sur le personnage mais du personnage. Ici, en effet, c’est aujourd’hui que le Christ nous parle.

L’environnement immédiat du Pantocrator
Le Christ est inscrit dans une mandorle. Elle le sépare de tout le reste et traduit le rayonnement de sa gloire. On trouve la mandorle dans toutes les cultures religieuses voulant représenter la divinité. Elle exprime un peu l’origine du monde, conçu par le primitif comme l’éclatement d’un œuf. La mandorle reflète donc un mythe dont nous n’avons plus l’idée. Elle symbolise la grandeur de Dieu.

Sous les pieds du Pantocrator, les nuées rappellent la nuée qui reposa sur Jésus lors de son baptême dans le Jourdain, celle de la Transfiguration sur le Tabor, celle qui accompagne toute théophanie biblique, ainsi dans la vision d’Isaïe au cœur du Temple dans la louange du Sanctus.

Fonlabour 3

 

La vision d’Ézéchiel

Sous le Pantocrator, un ange présente la Croix. Autour de celle-ci, remarquons la figuration de quelques éléments de la vision d’Ézéchiel (Ez.1,4-25). Il s’agit des quatre vivants dont parle la vision : têtes d’homme, de lion, de taureau et d’aigle, dont on connaît bien l’origine dans l’art assyrien. Dans la symbolique chrétienne, saint Grégoire estime que les quatre Vivants sont les attributs du Christ lui-même, comme quatre aspects du Verbe incarné. Il est à la fois homme dans sa naissance, taureau dans sa mort sacrificielle, lion dans sa résurrection, aigle dans son ascension.

Saint Irénée a été le premier à voir en eux les symboles des quatre évangélistes (c’est de là que vient l’expression d’évangile tétramorphe). Et saint Jérôme en fournit l’explication :
- l’homme pour Mathieu car il commence l’évangile par la généalogie du Christ ;
- le lion pour Marc dont les premiers mots annoncent une voix qui crie dans le désert ;
- le taureau pour Luc dont le livre débute par le sacrifice de Zacharie ;
- l’aigle pour Jean qui nous hisse, dès les premières lignes, vers les vérités éternelles.

Les symboles divins qu’Ézéchiel donne à Dieu sont ici attribués au Christ pour signifier sa présence à tout être et à tout l’univers.

La Déisis

C’est la suite des personnages placés de part et d’autre du Pantocrator, comme dans l’iconostase d’une église orthodoxe. Ce thème est lié directement à la Liturgie. La Vierge, les saints sont là, priant le Christ avec et pour les fidèles présents dans l’Assemblée.

Deux personnages sont toujours représentés : Marie et Jean-Baptiste.
- Marie, toujours représentée à droite, se tient dans la même position du célébrant dans la Liturgie. Elle représente le Nouveau Testament, elle est, entraînant l’assemblée présente dans l’édifice, toute l’Église en prière.
- Jean-Baptiste représente l’Ancien Testament, il est le précurseur. Par lui, c’est l’ensemble des saints et des prophètes du judaïsme qui désignent ou implorent le Christ.

De part et d’autre, on voit les saints de grande importance : Pierre, Paul, André mais aussi les saints de notre Église locale.

Fonlabour 4

Eugène, évêque de Carthage, chassé de son diocèse par la persécution, il meurt à Albi en 505 et, selon son désir, est enseveli près du tombeau de saint Amarand. Carissime, ermite au VIe ou VIIe siècle, dont une chapelle, située à Sainte-Carême, sur la paroisse de Fonlabour, a longtemps perpétué le souvenir. Sigolène, albigeoise qui a fondé, sans doute au VIIe siècle, le monastère de Troclar près de Lagrave.

La Divine Liturgie

Le Christ préside une scène grandiose : venant des deux côtés du sanctuaire, des anges s’avancent, portant divers objets, prêts à engager une action sacrée. C’est la Divine Liturgie dans son prolongent hors du temps. Il faut se référer à l’auteur de l’épître aux Hébreux (surtout 10,7). Le Christ, grand-prêtre, ne cesse de s’offrir en sacrifice dans le sanctuaire du ciel. La liturgie célébrée ici, dans l’espace paroissial, n’est qu’une participation à cette liturgie que ne cesse de célébrer le Christ.

Au centre, un ange présente la Croix processionnelle et qui fait fonction, en même temps de Croix d’autel, rappelant de sacrifice du Christ. Réalisée ici en relief, elle est dorée à la feuille : de la Croix “surgit la vie ».

Fonlabour 5a Fonlabour 5b Fonlabour 5c

 De part et d’autre, les anges, marchant d’un pas empressé, forment la procession. Habillés de vêtement liturgiques (aubes, dalmatiques, chapes…), ils représentent les divers ordres (diacres, sous-diacres, lecteurs…). Précédés des céroféraires, ils apportent le nécessaire pour la célébration. À gauche, pour la Liturgie de la Parole, à droite pour la Liturgie Eucharistique.

Deux anges, faisant toujours le lien avec les fidèles vers lesquels ils sont tournés, proclament la Parole : à droite, l’Ancien Testament et les Apôtres ; à gauche, l’Évangile.

Scènes bibliques

À l’entrée du chœur, de part et d’autre, deux scènes bibliques introduisent dans le Mystère célébré. L’une, à gauche, de l’Ancien Testament ; l’autre, à droite, du Nouveau Testament. Elles se correspondent dans le projet de Dieu et prennent tout leur sens dans l’Eucharistie célébrée.

Fonlabour 6 Avec Abraham, c’est le sacrifice spirituel car il n’y de pas de sang versé. Dieu empêche Abraham d’immoler son fils Isaac ; Abraham l’offre “intérieurement ». C’est l’offrande du cœur.En vis-à-vis, nous voyons le Christ, debout dans tombeau. C’est la vision de saint Grégoire. On saisit tout suite le lien Passion-Résurrection. On peut faire rapprochement avec le Sacré-Cœur. Car le Christ est avec sa blessure au côté et le sang jaillissant recueilli dans la coupe de la Nouvelle Alliance. Fonlabour 7

—————————————————————————————————–

[1] Remarquez sur le visage des personnages une multitude de hachures sur le front, autour des yeux, et même sur leurs vêtements. Ces hachures blanches confèrent un caractère rayonnant. Elles expriment la lumière de tout l’être. Tout comme l’icône, la fresque doit être par sa luminosité un reflet de la lumière divine. L’Évangile nous dit que Dieu est Lumière, que le Christ est la Lumière du monde. Son visage, ses vêtements, comme ceux des Saints qui participent à sa vie, reflètent de mille façons la lumière intérieure. Cette technique des hachures est tellement devenue une technique symbolique qu’on la désigne d’un nom spécial : l’iconops = “le regard de l’icône », “l’œil de l’icône ».

Albi – Sainte-Cécile