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Deuil et mort : une approche psychologique

Qu’est-ce que la mort ? La mort est une perte, un inéluctable, une épreuve, un malheur ; elle n’est ni une rupture, ni  une séparation. En effet, elle est la perte réelle de quelqu’un que le travail de deuil doit permettre de rendre présent mais différemment : dans le souvenir, sous forme symbolique avec pour certains l’espérance de la résurrection et de la vie éternelle.

La mort  est le « bout » et le « bord » de l’existence.

La mort donne à la vie sa mesure, sa temporalité.

L’homme n’est jamais pleinement réalisé. Il circule dans une incomplétude personnelle et un décalage temporel. Il s’inscrit dans une perception du monde et de soi, qui laisse inexorablement la place à l’énigmatique et à l’insu.

La mort de l’autre nous permet d’entrevoir quelque chose du mourir, qui reste incomplet et partiel. Le décès de l’autre, nous concerne et nous blesse ; pour autant la mort ne se vit qu’à la première personne. La mort renvoie à la radicale solitude de chacun. Cette approche de la mort comme strictement « personnelle » peut dérouter car nous ressentons une profonde détresse face à la disparition d’un être aimé.

 Dans le deuil, si le sujet sait qui il a perdu, il ne sait pas ce qu’il a perdu. Ainsi, le processus du deuil connaît différentes phases passives ou actives, plus ou moins longues selon les personnes.

Tout d’abord, il y a le choc lié au traumatisme qu’est la mort de l’autre même si elle était prévisible ou attendue. Combien plus quand elle est brutale ou révoltante. En effet, on ne se prépare pas à la mort qui reste un inattendu, une énigme insoluble. Mais on peut faire le choix d’accompagner jusqu’au bout !

Puis vient une phase de révolte, réaction légitime et nécessaire qui permet de faire quelque chose face à ce qui survient.

S’ensuit une phase de dépression qui se manifeste par la conscience de l’absence de l’autre comme un vide qui, contrairement au manque qui suscite du désir, entraîne la perte du goût des choses et des gens. Enfin vient l’accueil qui consiste en un « faire-avec » actif  différent de l’acceptation passive d’un état de fait inacceptable.

Ces différentes étapes demandent du temps : le temps de réinvestir sa propre vie (être actif)  et de se laisser ressaisir par les choses et les gens (accueillir la passivité) ; d’accepter de se laisser toucher  par la vie qui continue mais aussi le temps de rendre l’absent présent sous la forme du souvenir.

Le deuil est l’occasion d’une transformation profonde, d’une conversion radicale quant à la nature de la relation avec la personne défunte. Il nous faut laisser partir le mort. Ce détachement du sujet d’avec celui qui vient de mourir est une opération exigeante de séparation en fait. Elle caractérise toute relation humaine ; on n’existe que séparé de l’autre même de celui que l’on aime et c’est parce que l’on se sait séparé que l’on désire, avec nos sentiments et nos mots, le rejoindre ; avec la mort cette opération reste essentielle mais plus complexe parce qu’elle est imposée.

Nous n’avons pas à rester seuls devant la mort ! Ni en tant que mourant, ni en tant qu’endeuillé, ni en tant qu’accompagnant des endeuillés. La rencontre apparaît donc comme essentielle. Mais elle demande, pour être authentique, de savoir se taire pour accueillir la parole des endeuillés quelle qu’elle soit mais aussi, dans un second temps, de savoir reformuler, écouter et trouver les mots pour renforcer ce sur quoi le sujet endeuillé s’appuie pour tenir, les « au nom de qui ou de quoi » qu’il invoque : Dieu pour le croyant, la vie, des idéaux, des communautés de référence, des traditions, la foi en l’homme, en des valeurs humaines, partageables…

En conclusion, la mort est un réel impossible à saisir et à comprendre. Elle est un accident devant lequel nous sommes vraiment seuls et fondamentalement passifs. Mais nous pouvons être actifs jusqu’au bout : sujet de nous-mêmes, en relation avec notre histoire, avec ceux avec qui nous l’avons partagé et le monde dans lequel nous avons vécu. La mort aura le dernier mot mais peut-être pas. Il restera le souvenir. Et il y a la foi en l’homme ou/et en Dieu…

Marie-Véronique du Pasquier – Formation Permanente des Laïcs
D’après l’intervention de Mr Henri Mialocq pour la formation « Funérailles » du diocèse d’Albi (2019)