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La fraternité dans la Bible : passer des rêves à la Bible …

En novembre dernier à Cuq-les-Vielmur puis durant le carême dans la paroisse St-Bruno et St-Thyrs, Fr. Jean-Jacques, moine d’En Calcat, a proposé une réflexion sur la fraternité à l’écoute de ce que la Bible nous en révèle. En voici un résumé : 

 

« Comment lire la Bible à propos de la fraternité ? Le grand piège, c’est le piège de l’idéal.

Si nous lisons saint Paul : « revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience » (Col 3, 12) comme ce que nous devrions vivre et que nous ne vivons pas, nous nous rendons malheureux, nous nous culpabilisons, et même si nous faisons un effort durant un temps, nous retombons toujours sur la difficile fraternité.

 

Je vous propose donc de prendre les choses par l’autre bout de la Bible : la difficile fraternité à longueur de pages.

La Bible, la Parole de Dieu, mais pas de manière moralisante, pas avec sa tête seulement. Du moins, il faut en passer par là pour se rendre compte que c’est une impasse. Si vous prenez de cette manière les exhortations de saint Paul à la vie fraternelle ou l’hymne à la charité du chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens, vous allez vous dire : il faut que je sois patient, il faut que je sois meilleur, je dois aimer mes frères et je et je et je … Et je me casse lamentablement la figure car JE ne peux pas !

 

1) Commençons par les versets 9 et 10 de la troisième lettre de saint Jean  : ils ne sont jamais lus dans la liturgie de la messe. Allez les lire. Le moins que l’on puisse dire est que cela ne va pas très fort dans cette Église et nous sommes dans les années 80 – 90.

 

2) Il y a aussi ce que l’on appelle les « sommaires » des Actes des Apôtres : les petits refrains qui disent que tout va très bien dans les débuts de la première communauté chrétienne.

Le 1er sommaire est juste après la Pentecôte (Ac 2, 42 – 47).

Le 2ème sommaire (Ac 4, 32 – 35) et le 3ème sommaire (Ac 5, 12 – 16) encadrent le récit d’Ananie et Saphire (Ac 5, 1 – 11. Vous connaissez ce récit ? Il n’est jamais lu à la messe, ni le dimanche, ni en semaine. Lisez-le. Ce sont deux fraudeurs dans la première communauté chrétienne, et c’est tout de même assez près de la Pentecôte …

Néanmoins, il faut conserver précieusement cet horizon : saint Luc – l’auteur des Actes – commence par la communion fraternelle, et cela a du poids. Cela témoigne du puissant sentiment de communion qui unissait les premiers chrétiens … dans leurs difficultés.

Il faut donc tenir ensemble les sommaires des Actes et Ananie et Saphire.

Et cela, c’est une aide puissante pour notre aujourd’hui fraternel.

 

3) Je poursuis dans les Actes des Apôtres et je continue avec Paul et Barnabé en Ac 15, 35 – 40.

Ce texte n’est jamais lu dans la liturgie, ni le dimanche, ni la semaine. Lisez-le.

C’est l’échec d’une fraternité venue de loin, car Barnabé a été le guide, le père de Paul dans la foi. Et on n’entendra plus jamais parler de lui dans le Nouveau Testament … il disparaît complètement ! C’est aussi un échec ecclésial et missionnaire car l’annonce de l’Évangile est en jeu.

Mais il y a un scoop en 3 attestations entre Paul et Marc : allez lire 2 Tm 4, 11Col 4, 10 et Philémon 24. Voyez quelles ressources spirituelles profondes tout ceci dégage !

 

La Bible nous apprend aussi que la réconciliation après l’offense ou la trahison peut demander du temps et peut demander d’inventer un chemin onéreux pour y parvenir.

Et plus l’offense ou la trahison est grave, plus le travail à faire est difficile.

Il faudrait ici lire et travailler le cycle de Joseph dans la Genèse du ch. 37 au ch. 50 . Et aussi comparer avec Jacob et Laban, Jacob et Esaü, mais aussi Abram et Loth.

 

4) Enfin lisons le chapitre 4 de la Genèse, Caïn et Abel, en le reliant avec ce que nous avons déjà parcouru de la Bible. Cela donne cette observation : plus la parole a été échangée, même âprement, plus il y a guérison au plus profond du mal commis.

La fraternité est donc en péril quand la parole est malade.

Odile Flichy commençait ainsi une session sur « communion et conflits dans les 1ères communautés chrétiennes » -et c’est sur cela que je termine- : La communion fraternelle, est-ce quand on a dépassé les conflits ? Ou bien la communion fonde-t-elle la manière de vivre les conflits ? »