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Une découverte grâce au P. Éméric Akpovo : la mystique de l’engendrement mutuel

La Paroisse Ste-Marie a relancé ses Sessions d’approfondissement de la foi (S.A.F.).

La première intervention a eu lieu ce 17 février 2022 en la salle des fêtes de Sorèze.
La conférence était donnée par le curé, le Éméric Akpovo, sur un thème qui pouvait a priori sembler ardu :

‘‘De la mystique de l’engendrement mutuel au sein de la société africaine à la conception d’une Église-famille de Dieu dans le Tarn et dans le monde’’.  

 

Membres de la chorale Ste-Cécile de Libreville (Gabon) en visite à Albi [Archives Mue 81-2015]

Rose-Line Coureau témoigne :

« Ayant eu l’opportunité d’assister à cette soirée, j’ai compris qu’il aurait été difficile d’indiquer un titre synthétique.
Le P. Émeric a désiré en effet présenter à ses paroissiens de façon accessible un aperçu de son travail de thèse de doctorat* qui compte 600 pages et est le fruit d’années d’études, de dialogues théologiques et d’enquêtes sociologiques et anthropologiques.  

Encouragé lors de sa soutenance en master de théologie en Côte d’Ivoire, à poursuivre par une thèse sur la Nouvelle Évangélisation, il fut motivé en vivant son insertion pastorale en France et en percevant la nécessité -que l’on soit au Bénin, au Gabon, en Côte d’Ivoire ou en France- d’une conversion pastorale et spirituelle.

De plus, il percevait fortement un très grand atout dans sa besace d’Africain d’Afrique de l’ouest -dite Afrique noire- : la problématique et le vécu de l’engendrement mutuel dans la conception africaine de la famille. ** 

 

Le P. Éméric a ainsi conduit son auditoire dans une réalité peu accessible jusqu’à présent à la mentalité européenne où prévaut l’affirmation :

« Je pense, donc je suis ».

Pour la personne africaine, il en va tout autrement : 

« J’existe par ma relation aux autres, sinon je n’existe pas. »

De façon très accentuée, l’Africain est un être de relation car il se sent relié (dans sa famille et sa communauté qui est une famille englobante).
Aussi pense-t-il et agit-il en lien avec le monde visible des vivants et le monde invisible des morts ; également avec les non encore-nés, ces entités indispensables car de toute éternité elles sont dans la pensée de Dieu (cf Jérémie 1,5 ; Eph. 1, 3-5, etc).

Et cette tri-dimensionnalité forme une seule et même communauté.
Cette conception produit alors une mentalité d’espérance en l’avenir.
Ces trois dimensions étant en dépendance continuelle se conjuguent :

le passé n’est pas tout à fait passé, l’avenir est déjà dans le présent.

Ne serait-il pas souhaitable d’introduire les non encore-nés dans la prière eucharistique ?
Une approche se perçoit déjà dans le document « Africa munus » (n° 69) produit par Benoît XVI. 

 

Au Bénin – Copyright M.Rauzy

 

Le P. Éméric a poursuivi son exposé en développant la notion de l’Église, Famille de Dieu : on est chrétiens ensemble, tous les membres de l’Eglise doivent s’engager dans l’engendrement -agir avec bienveillance, produire une circulation d’amour, l’engendrer- ; sinon on ne peut rien faire !

En Afrique, on est reconnu -même si l’on n’a pas de descendance- si l’on « engendre » de cette manière.

Se référer par exemple à la notion d’ancêtres : n’est vénéré comme ancêtre que celui qui a fait preuve au cours de sa vie de bravoure, de courage, d’abnégation, de rectitude morale et d’exemplarité.  

Et nous voici tout naturellement en harmonie avec la mise en lumière d’un chemin synodal à découvrir déjà en germes et à déployer et intensifier. Le P. Éméric a évoqué brièvement de multiples lieux de conversion en Église pour s’engendrer mutuellement. 

 

Lors de la célébration des 125 ans de l’évangélisation de la Côte d’Ivoire (janvier 2021)

 

De même qu’avec le P. Christophe Théobald, nous nous étions ouverts dans le Tarn à une pastorale de l’engendrement en contexte occidental, amenant à dialoguer avec l’autre, à « vivre en sortie » dans le donner et le recevoir, tous récepteurs de la Bonne Nouvelle, la « mystique de l’engendrement mutuel » enracinée au sein de la société africaine peut nous amener à produire une circulation d’amour qui relie vitalement passé, présent et avenir et qui dynamisera l’Église dans le souffle de l’Esprit Saint. 

 

Au cours de cet exposé dans lequel le P. Éméric s’impliquait avec passion,  j’ai découvert une démarche originale et solide qui, en partant des concepts africains, permet d’éclairer un peu plus la Révélation. 

P. Éméric

Souhaitons que l’autonomie des Églises africaines advienne de plus en plus ; elles éclaireront ainsi le chemin de l’Église universelle qui est inlassablement à tracer en communion planétaire. 

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    * Cette thèse a été soutenue brillamment à Fribourg le 20 octobre 2021  et devrait aboutir à la publication d’un livre courant 2022.

    ** Le P. Éméric ne cherche pas à idéaliser les sociétés africaines ; il en dévoile des racines profondes qui ne doivent pas être annihilées et peuvent se révéler salutaires et essentielles pour tous, pour le cheminement ecclésial en particulier.