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En Chine et chez nous : la mission… dans le respect des personnes et des cultures

 

  • À l’occasion de l’arrestation de Mgr Joseph Zhang Weizhu, évêque de Xinxiang (Henan), et de plusieurs prêtres et séminaristes, accusés d’avoir violé les nouvelles règles sur les Affaires religieuses, le service national Mission et Migrations a recueilli l’opinion du père Jean Charbonnier, des Missions Étrangères de Paris, consultant Chine.
    Il suggère d’inverser la vapeur : passer de “L’étoile contre la croix” à “L’Étoile et la Croix” (Lire l’article)

 

  • Dans le Tarn, la Chine est présente dans le cœur des habitants de Saint-Martin du Taur : le 9 juillet ils se retrouvent en effet dans la petite église pour fêter Frère Jean Marie Théodoric Balat.
    C’est un enfant du pays !
    Il est né là le 23 octobre 1858, et c’est à Taiyuan, dans la province de Shanxi, qu’il est mort martyr en 1900.

 

Écoutons, à travers les paroles du curé, le P. Jean-Claude Ferret, comment celui que nous honorons désormais comme Saint, vécut la mission au service du peuple chinois :

« Saint Théodoric Balat,  le saint patron de notre paroisse voulait être saint et même martyr. Il disait cela dès son plus jeune âge. On peut bien se dire que c’est le contexte d’une époque, il faut quand même reconnaître l’action de la grâce. Il a persévéré, malgré les difficultés rencontrées lors de ses études, malgré sa santé fragile.

Il a célébré une première messe ici en 1884 […] En digne fils de saint François, Théodoric était d’humeur joyeuse et bienveillante. Il était obéissant. Le gamin espiègle a aussi une grande profondeur, une foi ancrée et confiante. C’est elle qui lui donne le courage de faire face à toutes les situations et lui permet de demeurer jusqu’au bout auprès de ceux et celles qui lui sont confiés.

Ainsi va la mission. Elle est communication, dans le respect des personnes, des consciences et des cultures. »

 

le P. Jean-Claude Ferret et le P. Bienvenu Dawenon

Le P. Ferret a alors rappelé un texte fondateur qui précède de plus de deux siècles la mission de St Théodoric :

«  Pour les missions vers l’Asie, la référence est ce beau texte de 1659, émanant de Rome, au moment du départ en mission des Vicaires Apostoliques :

St Martin, patron de l’église

« Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes, leurs mœurs, à moins qu’elles ne soient évidemment contraires à la religion et à la morale.
Quoi de plus absurde que de transporter chez les Chinois la France, l’Espagne, l’Italie ou quelque autre pays d’Europe.

N’introduisez pas chez eux nos pays, mais la foi, cette foi qui ne repousse ni ne blesse les rites ni les usages d’aucun peuple, pourvu qu’ils ne soient pas détestables, mais, bien au contraire, veut qu’on les garde et protège.

Il est pour ainsi dire inscrit dans la nature de tous les hommes d’estimer, d’aimer, de mettre au-dessus de tout au monde les traditions de leur pays et le pays lui-même.
Ne mettez donc jamais en parallèle les usages des peuples avec ceux de l’Europe : bien au contraire, empressez-vous de vous y habituer.
 »

« Ces mots du pape Alexandre VII sont extraordinairement actuels, poursuivit le P. Ferret, interpellant chacun.

Nous devrions y penser chaque fois que nous nous trouvons dans une situation de témoignage au nom de notre foi. La lecture et l’évangile nous le rappellent :

« Tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? »

Nous ne sommes pas contre le monde, nous sommes dedans, nous devons parfois l’interroger, l’interpeller et nous réjouir de ce qui est vrai, bon et beau.

Notre témoignage, c’est d’abord notre existence, nous vivons, nous essayons de croire, nous espérons, nous nous efforçons d’aimer.

Verre de l’amitié à l’ombre de l’église

Ce n’est pas une charge, c’est une grâce qui nous a été faite par le baptême, que nous ravivons par le pardon et l’eucharistie, et qui irrigue toute notre existence !
Cela paraît fou ? C’est un rêve éveillé ?
Peut-être à vue humaine, mais je prends à témoins tous ces hommes et femmes qui, depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours, ont donné leur vie sans compter, et nous retrouvons l’évangile :

« Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »

Nous aussi, nous pouvons être saints et saintes, pas comme les statues, tout à fait respectables de cette belle église, mais, pour reprendre l’expression du vénérable Jean-Jacques Olier, comme des « sacrements vivants de Jésus-Christ », c’est-à-dire faisant signe à nos semblables, les intriguant et les invitant à une démarche intérieure, simplement, sans arrogance et sans crainte.

Peut-être qu’alors les paroles du psaume résonneront aussi à notre propos :

« Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie : Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; Il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. »

Ces quelques versets nous redisent le sens de la mission, l’un sème, l’autre moissonne, quelles que soient les circonstances.
Saint Théodoric se réjouissait de baptiser et de catéchiser, il a su veiller sur tous ceux qui lui étaient confiés, enfants, religieux et religieuses, nouveaux convertis.
Il a obéi à ses supérieurs, de manière sereine, en se détachant ; il a su trouver le chemin de la vraie vie
.

« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit », nous rappelle l’évangile.[…]

Je terminerai en disant que la mission est une continuité, une chaîne, une tradition. Elle se reçoit, elle nous est donnée. »

 

 

*Le P. Bienvenu Dawenon, béninois, missionnaire fidei donum, présidait cette célébration.
À ses côtés concélébrait également le P. Sébastien Diancoff, actuel curé de la Paroisse voisine Saint-Vincent-de-Paul, nommé Vicaire général à compter du 1er septembre.