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En communion avec les catholiques Hmong du diocèse d’Albi et de France

Les Hmong font partie d’une ethnie minoritaire parmi les nombreuses ethnies peuplant le Laos, l’ethnie lao étant majoritaire. Ils sont arrivés à Castres et environs à partir des années 1975-1976. Ce sont des réfugiés politiques. Dans ces années-là, les Hmong ont émigré dans plusieurs pays, dont la France. Castres était un des sites d’accueil. Les Hmong sont présents dans plusieurs départements français et en Guyane.
La mission catholique chez les Hmong dans les montagnes du nord Laos date du début des années 1950. La religion de la majorité des Hmong est le chamanisme (l’animisme).

Actuellement, la communauté chrétienne hmong de Castres et des communes environnantes est marquée par la béatification des premiers martyrs du Laos, et en particulier deux d’entre eux : Paul Thoj Xyooj (prononcer ‘Thor Siong’), un jeune catéchiste hmong, et Mario Borzaga, un jeune prêtre italien missionnaire dans les villages hmong des montagnes du nord Laos.
Des Hmong d’ici les ont connus, et certains ont des liens familiaux avec le jeune catéchiste martyr.

MU HMONG 2017- béatification

11 décembre 2016 : béatification de 17 martyrs du Laos

Le dimanche 11 décembre 2016, à Vientiane, la capitale du Laos, 17 martyrs ont été béatifiés, lors d’une messe présidée par le cardinal philippin Orlando Quevedo (OMI), archevêque de Cotabato, qui représentait le pape. Cette béatification avait été autorisée par le gouvernement laotien, suite à des négociations assez compliquées.

Ce dimanche-là, le pape François leur a rendu hommage après l’angélus de midi, place Saint-Pierre à Rome :

« Ont été proclamés bienheureux aujourd’hui à Vientiane, au Laos, Mario Borzaga, prêtre des Missionnaires Oblats de Marie immaculée, Paul Thoj Xyooj, fidèle laïc, catéchiste, et leurs compagnons, tués en haine de la foi. »

Ces missionnaires étrangers et ces chrétiens laotiens ont été assassinés, exécutés ou périrent d’épuisement entre 1954 et 1970 (la plupart entre 1960 et 1970) : cinq prêtres français des Missions étrangères de Paris (MEP) ), dont Lucien Galan originaire de l’Aveyron ; six prêtres des oblats OMI (cinq français et un italien) ; six Laotiens d’ethnies différentes, dont un prêtre diocésain laotien et deux catéchistes.

 

Ils ont trouvé la mort dans un contexte politique troublé, particulièrement complexe, celui des interférences entre la guerre froide opposant les USA et l’URSS, les aspirations à l’indépendance nationale, la décolonisation, les mouvements de libération nationale, ou autrement dit les deux guerres d’Indochine (couvrant la période 1946-1975). Les missions chrétiennes au Laos se sont trouvées pour ainsi dire prises entre deux feux, d’un côté les puissances coloniales (France, USA) et les forces royalistes locales, de l’autre côté les luttes pour l’indépendance nationale menées notamment par le Pathet Lao communiste, soutenu et encadré par le Viêt Minh.

1975 voit la fin du royaume du Laos et la proclamation de la République Démocratique Populaire Lao. Aujourd’hui, les héritiers directs du Pathet Lao sont toujours au pouvoir à Vientiane, au sein du Parti révolutionnaire populaire lao. Le régime politique actuel du Laos est proche de celui du Viêt Nam.

Paul Thoj Xyooj et p. Mario Borzaga

MU HMONG 2017- messe à la cathédrale de Trente
Messe à la cathédrale de Trente

MU HMONG 2017- membres de la délégat° hmong de France, dt certains de Castres
Membres de la délégation hmong de France, dont certains de Castres

Une délégation de la communauté chrétienne hmong de Castres et ses environs fête ce printemps les 17 martyrs, et particulièrement deux d’entre eux, en participant à des rassemblements : le 30 avril  à Trente en Italie, d’où était originaire Mario Borzaga, et, à l’initiative de l’aumônerie catholique Hmong de France, le 3 juin à Châtillon-sur-Chalaronne, où vit la famille de Thoj Xyooj, dans le département de l’Ain.

Dans l’invitation à « la fête des martyrs du Laos », l’aumônerie nationale écrit : « Pour les Hmong catholiques du monde entier, c’est une véritable grâce et une bonne nouvelle qui nous aidera à faire grandir notre foi encore jeune et fragile. »

MU HMONG 2017 - Paul Thoj Xyooj et p. Mario Borzaga

Mario Borzaga (1932-1960) était prêtre des Missionnaires Oblats de Marie immaculée (OMI), originaire de Trente, au nord-est de l’Italie.

Il était en mission au Laos en territoire hmong.

Paul Thoj Xyooj (1941-1960) était un jeune hmong catéchiste.

Il avait été baptisé en décembre 1957 par le Père Yves Bertrais (décédé en 2007), OMI, originaire de Loire-Atlantique, une des figures emblématiques de la mission auprès des Hmong. Paul Thoj Xyooj (19 ans) et Mario Borzaga (27 ans) ont été tués en avril 1960, au cours d’une tournée missionnaire qu’ils effectuaient ensemble.

Les 17 martyrs du Laos ont été fêtés à Notre-Dame de Paris le 5 février 2017, et le seront au sanctuaire Notre-Dame des Neiges de Belleville (Illinois, Etats-Unis) le 17-18 juin.

Un moment historique pour la petite et jeune Église du Laos

Les évêques du Laos tenaient à ce que la béatification de ces 17 martyrs se fasse chez eux. Mais jusqu’au dernier moment, les autorités du pays pouvaient encore revenir sur l’autorisation accordée pour la messe de béatification du 11 décembre 2016, à Vientiane, la capitale du pays.

Laissons la parole à un des quatre évêques du Laos, Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun. Les quatre évêques sont laotiens.

MU HMONG 2017- Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun « On peut simplement dire que c’est un évènement historique que l’Église ait pu ainsi béatifier certains de ses martyrs dans une capitale d’un pays dirigé, aujourd’hui encore, par un régime communiste. Je suis encore surpris par le fait que les autorités ont donné leur autorisation au déroulement de cette cérémonie du 11 décembre (2016)… Nous avons bénéficié d’une attitude plus ouverte des autorités gouvernementales laotiennes… Pour notre part, nous avions aussi pris la peine de présenter ces martyrs selon une forme que le régime en place pouvait comprendre et accepter. Ainsi, nous n’avons pas dit qu’ils étaient morts en haine de la foi, mais qu’ils étaient allés jusqu’au bout du sacrifice de leur vie.

Cette béatification a été positive pour les deux parties, l’Église et l’État laotien. L’Église car il est très important pour nous que le sacrifice de nos ancêtres dans la foi soit ainsi reconnu. L’État car il a amélioré son image internationale en faisant en sorte que la cérémonie du 11 décembre se déroule sans difficulté. J’ai encore en mémoire le discours qu’a tenu le représentant du gouvernement à l’issue de la messe de béatification, lorsqu’il a souligné que les religions, quelles qu’elles soient, œuvraient à l’édification de la patrie. »

Ce moment historique n’a pas supprimé par enchantement un environnement difficile. « Le gouvernement prépare une nouvelle règlementation en matière religieuse. Nous ne savons pas encore précisément de quoi celle-ci sera faite, mais je m’attends à ce que les choses deviennent plus difficiles. Certes, le gouvernement ne veut pas remettre en cause l’existence de l’Église. Les dirigeants laotiens, à l’image du peuple laotien, ont la religion dans le sang. Lorsqu’un membre du Parti décède, ils font venir les bonzes. Les membres du Parti non seulement fréquentent les temples, mais ce sont eux qui inaugurent les principales fêtes du calendrier bouddhique. Ils ne cherchent donc pas à supprimer les religions mais, concernant le christianisme, ils le perçoivent toujours comme une religion étrangère ; concernant l’Église catholique, l’avenir dépend en grande partie de ce que les gouvernements vietnamien et chinois décideront à propos de leurs politiques religieuses respectives. »

(Interview « Eglises d’Asie » site MEP, 3 février 2017).

Le Laos aujourd’hui et les chrétiens

Le Laos est une mosaïque de peuples. L’ethnie majoritaire Lao, presque entièrement bouddhiste, représente 55% de la population. Les 45% restants sont répartis officiellement entre 46 groupes ethniques et 82 langues vivantes. Ils sont bouddhistes ou animistes.

MU HMONG 2017- Carte Asie

L’évangélisation du Laos est récente. Elle fut principalement l’œuvre de prêtres des Missions Étrangères de Paris (MEP) à la fin du XIXe siècle, suivis par les Oblats de Marie immaculée (OMI) à partir des années 1930. II faut noter que les missionnaires MEP ont commencé la mission au Laos avant l’arrivée de la puissance coloniale française et donc indépendamment de celle-ci.

L’Église catholique au Laos est petite, encore toute jeune, fragile. Ce pays (environ sept millions d’habitants) est majoritairement et culturellement bouddhiste ; un tiers de la population est animiste. Les chrétiens (catholiques, protestants, évangélistes) ne représentent qu’une petite minorité (environ 1,5% de la population), et les catholiques sont au nombre de 50 à 60 000 (soit moins de 1%).

Pour !es missions chrétiennes et l’Église catholique aujourd’hui, il faut mentionner surtout deux ethnies montagnardes, animistes, qui étaient autrefois tout à fait marginalisées : les Khmu (11% de la population), et les Hmong (8% malgré une forte émigration vers d’autres pays). II y a aussi environ 100 000 Vietnamiens, d’immigration ancienne à l’époque de la colonisation française ou d’immigration très récente. Ensemble, ces minorités ethniques sont majoritaires dans l’Église du Laos.
L’Église catholique au Laos est pauvre, humble et toute petite, presque cachée. Du point de vue de la foi, c’est probablement une force. C’est aussi une leçon pour nos Églises locales en France qui ont été dominantes et parfois triomphalistes, et qui, aujourd’hui minoritaires, auraient parfois tendance à s’afficher inconsidérément ou à vouloir imposer dans la société une idéologie religieuse. Il vaudrait mieux témoigner humblement du mystère de la foi et du monde nouveau de Dieu (« le Royaume de Dieu » dans les évangiles) heureusement bien plus large que nos Églises.

Certains ont semé l’Évangile, d’autres ont récolté ; on continue de semer ici et ailleurs, d’autres récolteront. Nous ne sommes pas propriétaires de la moisson. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Évangile de Matthieu 9,37-38).

Francis Gayral, prêtre-ouvrier retraité,14 avril 2017

Ce dossier a été réalisé principalement à partir des sites internet MEP (onglet « Eglises d’Asie ») et OMI