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« Querida Amazonia, chère Amazonie »

  • Le P. Faustino, brésilien originaire de Sao Paolo, a assuré en ce début d’année 2020 un court remplacement au Sanctuaire de La Drèche.

Quelques heures avant la parution de l’exhortation « Querida Amazonia », alors qu’il s’apprêtait à repartir pour Manaus, il expliquait en quelques phrases au micro de RCF Pays Tarnais sa perception du vécu actuel de populations indigènes qu’il côtoie dans cette mégapole:

« L’Amazonie, c’est une réalité d’exode constant. J’habite dans la plus grande ville, Manaus. Beaucoup viennent y travailler puis ils repartent et ce va-et-vient est constant. Ils restent très peu dans le même endroit car le travail est très précaire. Aussi innombrables sont les enfants qui ne reçoivent pas une bonne éducation; avec ces déplacements constants, il est très difficile qu’ils restent avec les parents. En ville ces populations sont logées très souvent dans des habitations insalubres et les problèmes de santé sont importants…


Ce qui m’impressionne, c’est la ferveur de ces gens. Ils souffrent mais ils demeurent joyeux, remplis d’un grand espoir. Je pense que l’espérance leur vient de Dieu, c’est très fort en eux,  autant chez les enfants que chez les adultes. Ils vivent ferveur, souffrance et joie presque en même temps.

Pour eux, les prêtres sont très importants : ils considèrent le prêtre comme étant celui qui est le plus proche de Dieu. Dans les petits villages, le prêtre est un peu la voix de Dieu.

Et comme il y a très peu de prêtres en Amazonie* et que les gens ont besoin de prier, pour être en contact avec Dieu, ils cherchent ailleurs ; c’est ainsi qu’arrivent d’autres Églises, les Églises évangéliques essentiellement. Mais quand le prêtre vient, tous sont très heureux. C’est ainsi que dans une même famille désormais, les personnes peuvent être de 3 ou 4 Églises différentes.

Nous Frères franciscains avons par exemple la charge d’un village au cœur de l’Amazonie. C’est un lieu où l’on ne peut accéder qu’en bateau et ce moyen de transport est lent. Nous arrivons à célébrer dans ce village deux fois par an (1 fois par semestre). »

* Rappelons le bref échange de Dom Géraldo (Mgr Gérard Verdier, premier évêque du diocèse de Guajara-Mirim ) avec le Pape François lors des JMJ à Rio de Janeiro en 2013 :

 » – Très Saint Père, au cours de mon ministère épiscopal, j’ai eu la joie d’ordonner sept prêtres diocésains brésiliens. »
– Que bonito ! (Que c’est beau !) » avait répondu le Pape.

 

  • Dom Benedito Araujo, successeur de Dom Geraldo, a participé au Synode qui s’est déroulé à Rome du 6 au 27 octobre, et qui s’est achevé par un texte ayant pour titre « Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale » :

 «  Ce fut une expérience prenante et édifiante, écrit-il aux lecteurs de « La Lettre d’Amazonie ».
Ce synode s’est vécu dans un climat de grande fraternité, d’écoute, d’échanges, d’expériences et d’élargissement des horizons […]
Il ne doit pas être le départ du travail à effectuer dans toutes les Églises d’Amazonie, mais un point d’arrivée à appliquer pour le peuple de Dieu.
Avec les grâces et les dons accordés par l’Esprit Saint.
 »

 

  • Ce 12 février 2020, le Pape François adresse au peuple de Dieu et à toutes les personnes de bonne volonté l’exhortation apostolique post-synodale:

« L’Amazonie bien-aimée se présente au monde dans toute sa splendeur, son drame et son mystère… »

Extraits (paragraphes 5, 6 et 7) :

5 – L’Amazonie est une totalité plurinationale interconnectée, un grand biome partagé par neuf pays : le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, la Guyane, le Pérou, le Surinam, le Venezuela et la Guyane Française.

Cependant, j’adresse cette Exhortation à tous. Je le fais, d’une part en vue d’aider à réveiller l’affection et la préoccupation pour cette terre qui est aussi la « nôtre » et vous inviter à l’admirer et à la reconnaître comme un mystère sacré.

D’autre part, parce que l’attention de l’Église aux problématiques de ce lieu nous oblige à reprendre brièvement certains thèmes que nous ne devrions pas oublier et qui peuvent inspirer d’autres régions du monde face à leurs propres défis.

6 – Tout ce que l’Église offre doit s’incarner de manière originale dans chaque lieu du monde, de sorte que l’Épouse du Christ acquière des visages multiformes qui manifestent mieux l’inépuisable richesse de la grâce.

La prédication doit s’incarner, la spiritualité doit s’incarner, les structures de l’Église doivent s’incarner. Voilà pourquoi je me permets humblement, dans cette brève Exhortation, d’exprimer quatre grands rêves que l’Amazonie m’inspire.

 7 – Je rêve d’une Amazonie qui lutte pour les droits des plus pauvres, des peuples autochtones, des derniers, où leur voix soit écoutée et leur dignité soit promue.


J
e rêve d’une Amazonie qui préserve cette richesse culturelle qui la distingue, où la beauté humaine brille de diverses manières.

Je rêve d’une Amazonie qui préserve jalousement l’irrésistible beauté naturelle qui la décore, la vie débordante qui remplit ses fleuves et ses forêts.

  Je rêve de communautés chrétiennes capables de se donner et de s’incarner en Amazonie, au point de donner à l’Église de nouveaux visages aux traits amazoniens. »

Prière finale

À présent, levons les yeux vers Marie. La Mère que le Christ nous a laissée est l’unique Mère de tous, mais se manifeste en Amazonie de différentes manières. Nous savons que «les autochtones rencontrent vitalement Jésus-Christ par différentes voies; mais la voie mariale a le plus contribué à cette rencontre».

Devant la merveille de l’Amazonie que nous avons découverte de mieux en mieux dans la préparation et le déroulement du Synode, je crois qu’il est préférable de conclure cette Exhortation en nous adressant à elle :

Mère de la vie,

dans ton sein maternel s’est formé Jésus, qui est le Seigneur de tout ce qui existe.
Ressuscité, il t’a transformée par sa lumière et t’a faite reine de toute la création.
C’est pourquoi nous te demandons de régner, Marie, dans le cœur palpitant de l’Amazonie.

 […] Mère au cœur transpercé,
toi qui souffres dans tes enfants abusés et dans la nature blessée,
règne toi-même en Amazonie avec ton Fils.
Règne pour que personne ne se sente plus jamais maître de l’œuvre de Dieu.

 Nous nous confions à toi, Mère de la vie,
ne nous abandonne pas en cette heure sombre.« 

Dom Benedito en visite pastorale à Sagarana.