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Chercheurs de Dieu en Amérique latine : retour sur le 15 octobre 2010

La soirée témoignages à Lavaur, proposée par la Coopération missionnaire, le 15 octobre 2010 fut dense !

Chercheurs de Dieu… Les témoins que nous avons entendus ont éveillé en nous cet appétit de rencontre…

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Chercheurs de Dieu… En Amérique Centrale avec sœur Emiliana Cua, guatémaltèque, d’ethnie Maya Quetchikel, de la communauté de Saint-Joseph de l’Apparition de Gaillac, qui nous parle de la violence dans laquelle elle a vécu, violence venant de l’injustice des hommes au Guatemala et en El Salvador, violence de la nature en Haïti où elle a vécu comme missionnaire au moment du cyclone de 2004.

Violence de l’injustice des hommes contre laquelle une grande partie de l’Église de ces deux pays s’est engagée, depuis les communautés de base jusqu’à certains membres du clergé et de l’épiscopat. Des milliers de personnes ont payé de leur vie, de leur santé cet engagement au service de l’homme.
Parmi ces martyrs, souvent anonymes, les plus connus, Mgr Gerardi, évêque de Guatemala, tué le 26 avril 1998, la tête écrasée par une pierre, pour avoir publié un volumineux document sur les violations des droits de l’homme par les politiciens de son pays.
Mgr Romero, archevêque de San Salvador, tué en mars 1980 en pleine Eucharistie parce qu’il avait dénoncé les violences commises en particulier par l’armée. « Si je meurs, je ressusciterai dans mon peuple, » disait-il. Les fêtes du 30e anniversaire de son assassinat en mars dernier n’étaient pas un souvenir triste, mais la fête de sa résurrection…

Violence de la nature en Haïti, où elle a découvert plus qu’ailleurs que la mission n’était pas de faire des choses, de prêcher, mais qu’elle était avant tout de vivre avec les gens auprès desquels elle était envoyée, partager leur dénuement, leur désarroi, leur découragement, et leur joie d’avoir survécu…

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Chercheurs de Dieu… Au Brésil, avec Graciêne Vernay, Brésilienne vivant à Toulouse qui nous rassurait : la « joie de ceux qui cherchent Dieu » se voit aussi en France ! Elle est moins voyante qu’en Amérique Latine ou qu’en Afrique, mais elle transparaît dans beaucoup de nos communautés !

Chez elle, on cherche Dieu avec les frères, avec les pieds, avec les yeux…

Avec les frères : dans la fragilité des situations humaines, sociales, on a absolument besoin des autres pour vivre ; on ne peut donc chercher Dieu qu’en communauté.

Avec les pieds : on aime beaucoup se déplacer.

Pour préparer les grands événements, dont la Semaine Missionnaire, on fait des neuvaines : pendant 9 jours, on va chez les uns et les autres pour prier avec eux, les associer à la fête.

Avec les yeux : on cherche Dieu à travers les lieux, ce sont les pèlerinages, les processions…

Chercheurs de Dieu… Au Brésil avec le Père Damien Bermond, prêtre tarnais au Brésil depuis 48 ans qui racontait comment en Amazonie, à son premier poste, il a découvert les premières communautés de base : des chrétiens, dans des villages isolés de l’Amazonie, qui se réunissaient spontanément pour la prière, la lecture de la Bible, l’échange.

Les prêtres n’ont eu qu’à encourager et développer ces communautés.

Puis, actuellement dans un sanctuaire marial de Sao Paulo, où il se consacre à la « pastorale de l’écoute », à la disposition de ceux qui veulent parler en toute liberté et trouver eux-mêmes grâce à cette écoute, des solutions à leurs problèmes souvent graves… Ministère de la miséricorde, de la compassion…

Chercheurs de Dieu… Au Pérou, avec Jean-Marc Vigroux, prêtre tarnais qui s’est mis pendant 8 ans au service de l’Église péruvienne. C’est la grande pauvreté qui est surtout frappante sur les Hauts Plateaux où il a vécu.
Les multinationales ont détraqué tout le système : corruption, perte des valeurs traditionnelles, exploitation des petits, explosion des prix, destruction de l’écosystème, dénutrition, tous ces maux qui brisent l’homme.
À cela s’ajoute la difficile condition de la femme « pauvre deux fois »…violence quotidienne … Et pourtant hommes et femmes savent dire merci à Dieu pour la vie. Ils s’identifient à Jésus crucifié, « le Christ se dévoile dans l’homme souffrant »…et donne « la joie profonde au cœur de ceux qui cherchent Dieu »…

Nous avons pu sentir que dans l’Amérique Latine qui souffre de violence, forte est la conscience que « la vie est fragile et qu’il faut donc la célébrer »…

Au terme de ces témoignages et du débat qui a suivi, nous sommes partis, enrichis de la découverte d’un peu de ce continent immense et varié :

  • violence quotidienne due à la pauvreté,
    problème des paysans sans terre,
  • vol des terres par les multinationales pour l’agroalimentaire, les agro carburants, les mines, etc.,
  • religiosité populaire,
  • engagement d’une bonne partie de l’Église au service des petits, mettant en œuvre l’option préférentielle pour les plus pauvres, décidée par l’Assemblée des évêques d’Amérique Latine à Medellin en 1968,
  • engagement des chrétiens au sein des communautés de base,
  • engagement au péril de sa vie,
  • besoin de fêter la vie dans sa fragilité,
  • confiance dans le Christ dont on partage la vie et la Passion

Nous sommes partis, enrichis de la rencontre avec ces témoins de la vitalité des chrétiens d’Amérique Latine, de leur souci d’être au service de la Bonne Nouvelle de libération annoncée par Jésus Christ !

Bernard Pontier