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Lesotho : découverte du pays et de l’Église catholique

Laëtitia et Baptiste, envoyés par FIDESCO, sont arrivés en septembre avec leurs enfants au Lesotho, petit pays suspendu sous les nuages au sud de la corne africaine : « Le Lesotho porte bien son nom de ‘Kingdom of the sky’

 

Sr Marguerite, fille de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, vit à Valence d’Albi. Elle est arrivée au Lesotho en 1965 et y a passé 21 ans, travaillant comme secrétaire-soignante auprès de l’évêque canadien  qui a fondé le diocèse de Qacha’s Neck.

Avec eux, découvrons le Lesotho …

Sœur Marguerite :

« Khotso ! (Paix !) : c’est une des formules de salutation en usage au Lesotho. Un beau pays dont les habitants, Basotho, au nombre d’environ  2 millions parlent le Sesotho.

Dans ce petit pays montagneux, à l’altitude maximale de 3500 m et minimale de 1500 m, on jouit d’un climat excellent. Mais, totalement enclavé dans la République du Sud Afrique, il se classe parmi les nations les plus pauvres  de la planète : 49% de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Et l’espérance de vie est entre 40 et 50 ans.

A la Mission du Très Saint Rédempteur où j’ai longtemps résidé, que d’écoliers, les deux mains tendues vers nous, venaient quêter un peu de nourriture. Que de mamans, pour la plupart chargées d’une nombreuse famille, espéraient recevoir des Pères et des Sœurs missionnaires, une petite aumône.

 Il faut dire que là-bas, l’agriculture se limite à la culture de maïs, de sorgho et d’un peu de blé et à l’élevage de moutons et de chèvres mohair. Il n’était pas rare, lors de nos déplacements, de rencontrer des petits bergers attentifs à la garde de leur troupeau, qui auraient sans doute préféré aller à l’école.

Pour assurer la subsistance de leur progéniture, la plupart des hommes devaient aller travailler dans les mines de charbon de l’Afrique du Sud, tandis que les femmes portant leur bébé dans le dos, en plein air ou à l’intérieur des huttes, s’activaient à confectionner des chapeaux en herbe – ces chapeaux font partie du costume traditionnel – ou à façonner des poteries destinées à d’éventuels touristes.

Là-bas, l’industrie est pratiquement inexistante car l’unique mine de diamant, à 3000 m d’altitude est difficilement exploitable. Tout cela explique sans doute  pourquoi, face à une importation considérable, l’exportation est vraiment réduite, les échanges commerciaux se limitant  aux pays limitrophes.

C’est peut-être tout ce contexte qui justifie le choix de la devise nationale: expression d’un souhait  plutôt que d’une réalité :

Khotso ! Pula ! Nala ! Paix ! Pluie ! Prospérité ! »

 

Baptiste et Laëtitia évoquent pour leurs famille et amis cette terre qui les accueille :

« D’abord sous protectorat britannique pour se prémunir des colons néerlandais, ce pays de la taille d’une petite Belgique, est par la suite devenu indépendant en 1966. Son roi Letsie III garde exclusivement un rôle protocolaire.

Sa géographie en haut plateau lui a valu d’être protégé de nombreux envahisseurs et a, par conséquent, préservé une culture identitaire et ancestrale forte.

L’ibis du Cap se trouve dans le sud de l’Afrique – https://fr.wikipedia.org/wiki/Geronticus

Néanmoins, en raison de la forte érosion des sols et de sa dépendance économique à l’égard de l’Afrique du Sud, il reste très pauvre.

Malgré ses grandes ressources en eau, son développement du textile et l’exploitation débutante du diamant, le Lesotho est affligé par un taux de mortalité très élevé qui a même dépassé celui de la natalité. Un quart de la population est atteint du virus du sida, toutes générations confondues.

Dans ce contexte sanitaire difficile, le peuple Basotho à majorité chrétienne semble néanmoins vivre sans heurts au rythme de ses traditions et de sa pratique agraire. »

 « Au Lesotho, pas besoin de réveil: les cris grinçants des ibis nous invitent au lever du jour à ouvrir une paupière… 5h30 du matin, ça fait tôt sur le papier mais dans ce pays, à cette heure, beaucoup sont déjà en train de s’activer. »

 

La foi catholique au Lesotho

 « Les Basotho sont un peuple religieux, majoritairement chrétien avec 53 %  % de catholiques, explique Sr Marguerite.

Chacun des quatre diocèses est dirigé par un évêque autochtone. Pour tout le pays, on compte environ 145 prêtres, secondés par près de 700 consacrés.

 C’est le prêtre français, Joseph Gérard, Oblat de Marie Immaculée, que les Basotho considèrent comme le pionnier de l’évangélisation dans leur pays. En 1853, alors qu’il venait de recevoir l’ordination diaconale, Monseigneur de Mazenod, évêque de Marseille, lui donnait sa feuille de route pour l’Afrique australe, plus précisément le Natal, en même temps qu’à un autre jeune Oblat.

Après une longue et pénible traversée, ils débarquèrent à destination en 1854 et peu de temps après leur arrivée, le Père Gérard fut ordonné prêtre. Sans plus tarder, les deux  missionnaires se mirent au travail. Mais  huit années durant, ils ne connurent que l’échec auprès de la population Zouloue.

C’est alors qu’en 1862, ils se dirigèrent vers le Lesotho où ils demandèrent et obtinrent du roi Moshesh l’autorisation de s’établir. Ce fut le début d’une série de conversions, nécessitant la création de missions dont ils nommèrent la première: « Motsana M’a Jesu »  c’est-à-dire : « Village de la Mère de Jésus ».  

Mais voilà que les Protestants, arrivés les premiers dans le pays – et que la venue de ces nouveaux missionnaires catholiques ne réjouissait pas -, la rebaptisèrent par ironie : « Roma » ; c’est le nom qui lui est resté.

Au fil des années, bon nombre d’autres missions furent fondées. Dès son arrivée, le Père Gérard, désireux de s’adapter au plus vite aux coutumes locales, s’était empressé  d’étudier la langue qu’il avait  réussi, en peu de temps, à parler couramment.

Pendant de longues années et dans des conditions d’extrême pauvreté, se nourrissant parfois de racines sauvages ou quêtant sa bouillie de maïs auprès de l’habitant, il déploya un zèle débordant. Il se heurtait cependant à trois obstacles majeurs : l’ivrognerie, la polygamie, et la sorcellerie. Mais au dire d’un de ses biographes, « il fallait  à ce routier du Christ des âmes à convertir, des malades à visiter, des devins  à confondre. »

Cependant, au milieu de tant de chevauchées, de multiples activités  apostoliques, le Père Gérard, demeurait très uni à son Dieu. L’un de ses convertis de déclarer  avec humour : «  Si la prière  était un  aliment,  il y a longtemps que  notre missionnaire  nous en aurait fait manger ! » Pour les  Basotho, qui aiment donner des surnoms, leur prêtre bien-aimé était aussi connu comme « Ramehlolo » « père des miracles »).

  Il leur a en effet inculqué  une foi profonde associée à un  grand amour filial pour la Vierge Marie. C’est lui qui  instaura, en guise de salutation entre catholiques, cette phrase: « Ho rorisoe Jesu Kriste » (« Loué soit Jésus Christ  ») à laquelle on répond : « Le Maria ea se nang sekoli » (« Et Marie Immaculée ! »), salutation toujours en usage.  Comme tous les Africains, ils aiment chanter et danser, d’où les cérémonies vivantes et joyeuses.

Vieilli, le vaillant missionnaire, après s’être livré à sa tâche apostolique jusqu’au bout de ses forces, quitta cette terre pour le Ciel le 29 mai 1914, âgé de 83 ans, sans être jamais retourné en France.

A la demande des quatre évêques du pays et à la joie délirante de toute la chrétienté, le 15 septembre 1988, le pape Jean-Paul II, au cours d’une visite pastorale au Lesotho, béatifia le vénérable fondateur d’une Eglise catholique  devenue très florissante.

 

Dès 1865, le Père Gérard avait  fait appel à des religieuses de la Ste Famille de Bordeaux pour seconder les Oblats. Par la suite, vinrent du Canada et de France au moins cinq autres Congrégations religieuses féminines :

ces Sœurs se dévouèrent  comme éducatrices, enseignantes, secrétaires, catéchistes, infirmières, sage femmes, cuisinières… En ce qui  concerne ma  Congrégation (Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus), c’est en 1935 qu’arrivèrent les premières sœurs missionnaires: 3 Canadiennes, 1 Américaine et 1 Française.

En fonction des besoins, d’autres, relativement nombreuses, suivirent. Un Noviciat s’ouvrit et toutes vécurent en communautés internationales. La plupart des « expatriées» sont maintenant décédées ou rapatriées, mais la relève est assurée par les sœurs autochtones qui continuent ‘d’alimenter la flamme’».

À Seboche (petit village du nord), l’hôpital où travaille Baptiste, est l’une des différentes œuvres disséminées sur le territoire que tiennent les sœurs de la Charité d’Ottawa.

 

La famille vauréenne évoque la messe :

« Dans la culture Basotho, c’est un moment fort : temps spirituel et temps social où certains font des heures de marche pour prier et connaître les nouvelles de la communauté.

La messe dure 2 heures, 2h30 parfois selon les dimanches ; l’assemblée chante et se balance au rythme des percussions. Beaucoup s’habillent à cette occasion des tenues colorées traditionnelles.

Ayant encore  du mal à comprendre l’anglais du prêtre qui officie, nous nous laissons emporter par la beauté et l’intensité des voix. Chacun de nous apporte ses bouquins spirituels pour que nous puissions nous sentir nourris est c’est ainsi l’occasion pour les enfants de replonger dans du catéchisme. »

 

Dans un prochain article,

nous découvrirons l’insertion progressive de Laëtitia et de son mari dans des réalités de travail et de vie quotidienne bien différentes de la France.

« Avec deux langues à apprendre (anglais et sesotho) et de nouvelles compétences à acquérir, écrivent-ils, la mission nous donne de beaux challenges.

Tous nos remerciements sincères car si nous sommes aujourd’hui sur le terrain en famille dans ce beau pays, c’est bien parce que tant d’autres nous soutiennent par leurs encouragements, leurs dons et leurs prières…

La mission est une chaîne humaine dont chaque maillon a son importance ! »