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Au Niger, fête des 50 ans de présence des Sœurs de Gethsémani

1967 – 2017 : Les sœurs de Gethsémani sont en effet arrivées au Niger le 24 octobre 1967, répondant à l’appel de Mgr Berlier.

Cinquante ans plus tard, Mgr Laurent Lompo, archevêque de Niamey, a célébré ce Jubilé à la paroisse Saint-Paul de Harobanda dimanche 28 janvier 2018.

« La célébration a débuté  par la visualisation d’un élément montrant l’œuvre accomplie par les sœurs depuis leur arrivée au Niger et le service rendu à la paroisse Saint-Paul de Harobanda depuis 23 ans. Dans son homélie, Mgr a surtout remercié les sœurs pour avoir résisté aux intempéries du Niger et il a exhorté toute la congrégation à avancer dans la confiance et l’amour du Christ aux côtés des plus pauvres, des enfants en particulier. » (Thomas Codjovi, site du diocèse de Niamey)

Sr Danièle et Sœur Marie-Lise racontent :

« […] La célébration présidée par le Père Evêque Laurent Lompo rassemble plus de 500 personnes dans l’église St-Paul d’Harobanda relevée de ses cendres. Vous pouvez imaginer ce que nous ressentons après le drame vécu en janvier 2015 par les chrétiens et nos sœurs. L’eucharistie simple et chaleureuse, joyeuse et priante, est un beau moment d’action de grâce pour ce jubilé. L’espérance est au rendez-vous de la communauté chrétienne et le père évêque insiste en ce « dimanche mondial de l’Enfance missionnaire » sur le rôle et la responsabilité des chrétiens pour l’annonce de la bonne nouvelle de l’Evangile. »

Aux côtés de Sr Danièle Relion, responsable générale, Sr Marie-Lise et Sr Anne (originaire de Labessonnié)

 

Sœur Danièle avec émotion prend la parole à la fin de la célébration  pour dire avec simplicité ce qu’elle ressent en voyant la communauté chrétienne, rassemblée en nombre, qui, dans la suite des évènements tragiques de janvier 2015, a tenu dans la foi et a su témoigner de la paix. « Nous avons la certitude que nous ne sommes pas seules dans notre mission mais bien associées à la mission de l’Eglise du Niger. »

Sœur Pascaline fait entonner aux enfants, un chant qui reprend l’histoire des sœurs de Gethsémani : « L’amour est inventif, jusqu’à l’infini, nous dit saint Vincent. »

« Après l’apéritif  dans la cour de la paroisse, où nous rencontrons nos amis, nous regagnons en covoiturage la Maison St-Vincent pour le repas de fête. Évêque, prêtres, religieuses (eux), amis des sœurs s’installent à l’intérieur comme dans le jardin ainsi que les enfants pour ce temps convivial. Pour servir la centaine d’invités, l’organisation a du mal à se mettre en route, mais pas de panique… peu à peu le service prend le bon rythme… les boissons arrivent, les plats sont servis … tout va bien ! Les jeunes adultes, anciens de Banga Bana et de St-Vincent qui ont répondu présents pour participer au service des invités, se démènent sans compter !    

Le gâteau de fête éclairé des bougies d’anniversaire est apporté solennellement. Le père évêque et sœur Danièle soufflent ensemble les bougies. « Bon Anniversaire » est entonné joyeusement.

Après le départ des invités, nous nous retrouvons avec les grands jeunes, filles et garçons. Ils sont presque tous venus. Le fait d’être avec nous est déjà une parole, un signe de leur attachement aux sœurs. C’est Christelle qui prend la parole par son témoignage personnel, fort et émouvant, dont voici un extrait :

« Quand je regarde les sœurs, je me sens en confiance… elles me donnent de l’espoir… on a tous besoin d’un peu d’espoir pour tenir… Aujourd’hui, pour ne pas dire j’ai réussi, je dirai que je suis en voie de réussite et cela je le dois aux sœurs qui m’ont recueillie et élevée comme leur propre enfant. Elles m’ont inscrite dans des écoles privées, en me donnant toutes les fournitures dont j’avais besoin, me nourrissant, me soignant et surtout en m’inculquant des valeurs  très  essentielles pour  la vie… Économiquement, les sœurs  m’ont aussi formée… J’ai appris à économiser et à bien gérer l’argent… Aujourd’hui, ce que je suis, je le dois beaucoup aux sœurs. Je les remercie infiniment…»

Ce que dit Christelle, c’est l’expression silencieuse et authentique de chacun; ils craquent nos jeunes et nous avec… larmes de joie, d’émotion, de merci. Vous pensez bien que nos sœurs absentes, décédées sont au cœur de ce moment de vérité. Ce que nous retenons de «nos» jeunes, c’est qu’ils ont pris en main leur vie, leur avenir et qu’ils sont sur le chemin de leur vie d’adultes, certaines filles, mariées, mères de famille. Certain(e)s travaillent, d’autres sont étudiant(e)s et ils et elles ont conscience que sans le coup de pouce et la fidélité des sœurs à leurs côtés, rien ne serait possible pour eux, pour elles !

Après ce temps fort d’anniversaire, nous sommes sur le départ. Merci à nos sœurs de Jeanne Delanoue pour leur présence, leurs attentions et gestes fraternels envers nous, pour leur disponibilité et leur total engagement dans la mission avec nous, merci à nos soeurs de Gethsémani pour leur courage et leur foi après les épreuves traversées. C’est ce que nous avons chanté toutes ensemble en fin de séjour : « …se lever chaque jour et servir par amour, comme Lui. »

Situation au Niger

« Le Niger reste un pays très pauvre. La démographie est en croissance +++. C’est un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans. Ce peuple n’en finit pas de souffrir,  accablé par le climat très dur. Nous avons vécu dans la poussière en permanence: l’harmattan ! La sécurité est renforcée, les attaques aux frontières par 3 courants des islamistes EI Aqmi, Boco Aram et Al Quaida sont fréquentes. La pression de l’islam radical, le chômage des populations, les femmes seules avec enfants, le palu et toutes les maladies infectieuses… nous questionnent. Comment ce pays, le Niger, qui a le PIB le plus bas, peut-il se relever ? De nombreux prédateurs sont là, et la corruption !

Pourtant, il ne faut pas baisser les bras. Nous venons de lire un petit livre très instructif : « L’opticien de Lampedusa ». Ce livre nous laisse une image forte, celle d’un petit bateau en Méditerranée, qui ne savait pas la charge qu’il aurait à supporter au contact des naufragés migrants. Il va prendre tous ceux qu’il va pouvoir recueillir sans se poser trop de questions parce qu’il est question de vie ou de mort pour ces naufragés… au risque de couler… mais il ne coule pas, parce que la solidarité est là ! Le bateau de St-Vincent et de Banga Bana ne coule pas, parce que vous êtes là, amis de la solidarité Niger, au cœur du sauvetage, comme le petit colibri qui « donne sa part pour éteindre le feu». Dans ce pays où la misère et l’indifférence conduisent au plus bas de l’échelle les enfants et jeunes qui, pauvres, orphelins ou désorientés, sont sans défense, donnons leur la possibilité d’émerger à travers l’école, la poursuite des études, l’apprentissage d’un métier.

Oui, chers amis, chères sœurs, c’est grâce à vous que les enfants et les jeunes accueillis dans nos deux communautés, peuvent grandir et avoir un avenir. Leurs joies, leurs vies, leurs projets nous disent que vous avez bien fait de risquer la solidarité et de vous y engager dans le long terme ! Rien ne peut se faire si nos mains dans le petit bateau ne se tendent pas pour agripper les mains des naufragés. Sachez que leurs mains, ils les tendent aussi pour nous aider à poursuivre notre mission. Leur réussite, c’est pour nous la preuve que nous devons garder confiance et courage.

Ne baissons pas les bras, restons généreux et plein d’espérance pour ce pays du Niger où nos enfants apporteront leur pierre au développement. »

  • En savoir plus par la Lettre spéciale du Niger écrite par Sœur Danielle et sœur Marie-Lise au retour de leur séjour à Niamey (22 – 30 janvier 2018).
  • Découvrir leur proposition pour relancer la solidarité et permettre un engagement plus régulier (à lire en page 4).