Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

« Quitte ton pays » – Carmélite, d’Albi à Athènes !

Sœur Marie Bernadette de l’Enfant Jésus de la Ste Face témoigne :

« Qui m’aurait dit qu’après 33 ans passés au Carmel d’Albi, cet appel « quitte ton pays » (Gn 12, 1) résonnerait en moi aussi et me mettrait en chemin !

Comme Abraham, sur le tard de sa vie, partit pour obéir à Dieu, quittant sa maison et sa parenté, ainsi ai-je été propulsée en avant dans une nouvelle mission, quelle aventure !  
Un nouveau départ, un recommencement depuis un peu plus d’un an que je suis ici à Athènes.

 

 

J’avoue que j’ai encore du mal à réaliser tout ce qui s’est passé -la fermeture de notre Carmel en particulier – et à prendre conscience de la réalité des faits ; je ne suis même pas revenue de mon étonnement : comment se fait-il que le Seigneur m’ait demandé de partir dans un autre pays, à moi ?

Je n’avais pas de prédisposition naturelle ni d’aptitude pour la mission, me semblait-il !

Il est vrai que quand j’étais enfant j’avais eu le secret pressentiment qu’un jour je partirai au loin, mais cela je l’avais si bien enfoui tout au fond de moi, en essayant de me persuader que ça n’arriverait pas, que ce n’était que des peurs de petite fille timide ; en effet cette perspective de devoir quitter un jour ceux que je chérissais me remplissait d’effroi et m’a fait couler bien des larmes…

Et pourtant cette certitude était bien ancrée en moi et presqu’à mon insu elle a fait son chemin et s’est réalisée à l’heure de Dieu, selon son projet d’amour. 

 

Quand je suis entrée au Carmel d’Albi, il me semblait que ce serait pour toujours, je ne pensais pas quitter ces murs-là ; partir au loin, non, même si j’avais rêvé de la Terre Sainte !

Je me sentais à ma place où le Seigneur m’avait plantée, ma « Terre Sainte » était là et vraiment il n’y avait que Lui qui puisse m’en déraciner pour me transplanter ailleurs…  Il l’a fait…

Arrivée ici, déjà la première fois pour le stage d’une semaine, j’ai été vivement interpellée par la Parole de Dieu tirée de la Lettre de St Paul aux Éphésiens (2, 19-22) : « ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens de passage… vous êtes membre de la famille de Dieu, car vous avez été intégrée… » 

 

Cette Parole a vivement résonné en moi, pour moi, et non pas seulement une fois à la fin de ce stage, mais encore dès mon retour définitif, elle s’est faite à nouveau entendre. Le Pape François, dans son message aux grands-parents, écrit :

« Mais le Seigneur nous envoie aussi ses messagers à travers la Parole de Dieu, qu’il ne fait jamais manquer à notre vie.
Lisons chaque jour une page de l’Évangile, prions les Psaumes, lisons les Prophètes !
Nous serons surpris par la fidélité du Seigneur.

Les Écritures nous aideront également à comprendre ce que le Seigneur attend de notre vie aujourd’hui. »

Et il donne son propre témoignage : « Je peux moi-même témoigner d’avoir reçu l’appel à devenir Évêque de Rome au moment où j’avais atteint, pour ainsi dire, l’âge de la retraite et je ne pensais plus pouvoir faire grand-chose de nouveau.
Le Seigneur est toujours proche de nous, toujours, avec de nouvelles invitations, avec de nouvelles paroles, avec sa consolation. Il est toujours proche de nous. Vous savez que le Seigneur est éternel et ne prend jamais sa retraite, jamais.
 »

« Peu importe ton âge – écrit-il encore – Il faut se mettre en chemin et, surtout, sortir de soi pour entreprendre quelque chose de nouveau. […]

Il y a donc une vocation renouvelée pour toi aussi à un moment crucial de l’histoire. Tu te demanderas : comment est-ce possible ? […]
Nicodème a posé une question similaire à Jésus lui-même lorsqu’il lui a demandé : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? » (Jn 3, 4).
Cela est possible, répond le Seigneur, en ouvrant son cœur à l’action de l’Esprit Saint qui souffle où il veut.

L’Esprit Saint, en vertu de la liberté qu’il a, va partout et fait ce qu’il veut. »
(Message aux grands-parents du 25 juillet 2021).

Ah ! je peux dire que cette même question de Nicodème tourne encore et bien souvent dans ma tête : comment est-ce possible ?

Tout est nouveau pour moi et il me faut tout réapprendre : comment est-ce possible de réapprendre le B.A.-BA de l’alphabet ? De l’alphabet grec bien sûr ?

C’est possible quand le Seigneur le veut et le demande.
Oui, réapprendre à parler dans une nouvelle langue, à écrire et à lire et surtout à chanter.
Renaître en somme et si concrètement !
Oui, c’est possible, c’est l’œuvre de Dieu dans nos vies.
Cela bien sûr ne se fait pas en un jour et Dieu ne veut pas le faire sans nous mais tout est possible à Dieu !

Seigneur, je me tiens là, où Tu me veux aujourd’hui, dans la certitude qu’à travers cette fidélité Tu accompliras ton œuvre !
J’aime et j’apprends à connaître cette « Terre » où tu m’as transplantée.

Tu ne me demandes pas de renier mes racines mais de les garder bien vives ; ces racines qui se sont développées dans mon terreau familial et carmélitain à Albi, il faut qu’elles restent vives pour pouvoir s’enraciner ici maintenant et reprendre une nouvelle croissance.

Tu m’appelles maintenant à fleurir et fructifier dans « ce nouveau jardin » au milieu d’autres fleurs plus belles encore car si bien enracinées en toi, et nous sommes appelées ensemble à te réjouir et à te glorifier.

Nous espérons que Tu planteras encore d’autres fleurs sur la colline d’Héraklion. Nous restons petites et cachées mais nous sommes là dans cette Église en Grèce, petite elle aussi et minoritaire mais qui te rend gloire en témoignant de Toi et en travaillant à l’unité et au salut de tous nos frères. »