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Homélie de fête de la présentation de Jésus au Temple – Journée de la Vie consacrée

Frères et sœurs,

En cette période de grande morosité, quelle joie de pouvoir célébrer ensemble cette fête de la lumière. Véritablement, le Christ, ce tout petit enfant, est reconnu comme la lumière d’Israël, la lumière des nations ; le même qui, plus tard, se présentera comme la lumière du monde. Le pape saint Jean-Paul II a voulu que cette merveilleuse fête de la Présentation, qui traditionnellement clôt le temps de Noël, devienne aussi la fête de la vie consacrée. L’évangile vient de nous présenter deux modèles pour tout consacré. Le vieillard Siméon qui vit dans le Temple et la prophétesse Anne, une veuve qui, lors de son veuvage, s’est consacrée complètement au Seigneur dans la pauvreté, dans l’ascèse, dans la prière. Tous deux demeurent dans le Temple. Tous deux demeurent dans la présence divine. Le Temple est le lieu où, dans le Saint des Saints, la présence de Dieu demeure. Comme il est étonnant et bouleversant de contempler Marie et Joseph qui viennent au Temple de Jérusalem par obéissance à la Loi, portant dans leurs bras l’enfant-Dieu qui va à la rencontre de Dieu… Quel mystère ! Que Dieu est humble, lui qui, pour rejoindre l’humanité, a pris un corps semblable au nôtre. C’est ce que nous venons de célébrer durant le temps de Noël, temps où nous contemplons le mystère de l’incarnation. Aujourd’hui le Seigneur va à la rencontre de son Seigneur, et nous entrons maintenant progressivement – ce sera l’annonce prophétique de Siméon – dans le mystère de la Rédemption que nous célébrerons à Pâques. Le petit enfant est désigné comme le Messie qui vient accomplir le Salut.

Les consacrés, les hommes et les femmes qui par pure bonté du Seigneur sont appelés à donner totalement leur vie au Seigneur, trouvent véritablement dans ces deux figures, cet homme et cette femme qui vivent dans le Temple, des modèles. Même si aujourd’hui peu le comprenne, ils annoncent d’ores et déjà ce qui n’est pas encore. « Dieu sera tout en tous. » Les êtres humains ont été créés afin que Dieu puisse trouver dans le cœur de chacun, toute sa place, que chacun accueille son amour et réponde à son amour par l’amour. Voilà ce que tout consacré manifeste à la face du monde ; que le monde le sache ou pas. Véritablement, tout consacré dans l’Église rempli une fonction prophétique en annonçant ce qui n’est pas encore, mais qui adviendra pour tous dans l’éternité.

Cette pauvre veuve, Anne, qui demeure dans le Temple, vit dans une dépendance complète au Seigneur. Les veuves à l’époque de Jésus avaient un statut de très grande pauvreté. La plupart du temps elles devaient trouver un autre mari qui pourrait pourvoir à leurs besoins. Anne a choisi de demeurer dans le veuvage, donc dans la pauvreté et dans une dépendance totale au Seigneur, car « Dieu seul suffit ». Tout consacré manifeste, en vivant dans la pauvreté, que la seule richesse qui peut combler le cœur de l’homme est Dieu. Les deux vieillards vivaient aussi dans le célibat. Un célibat qui leur permettait d’être présents à Dieu à toute heure.

Il est aisé de comprendre pourquoi saint Jean-Paul II a voulu que cette fête de la Présentation soit aussi la fête de la Vie consacrée. Dans la période actuelle où nous avons tant de mal à vivre une fête, je suis vraiment très heureux que vous soyez, finalement, assez nombreux à être venus dans cette cathédrale pour entourer les consacrés du diocèse et rendre grâce avec chacun et chacune pour le don magnifique de la vie consacrée à l’Église. Les consacrés véritablement – c’est vrai déjà de tout baptisé – sont appelés, d’une manière plus radicale sans nul doute, à vivre en enfant de lumière, à être des signes du Royaume, à partager la joie de se savoir aimés au point d’être sauvés par le Christ et de pouvoir, en le reconnaissant comme l’unique Sauveur, rayonner de cet amour. En outre, quel que soit le type de vie consacrée, il y a toujours une dimension d’annonce du salut à tout frère en humanité. Cela peut être de manière très cachée dans la prière, dans la communion des saints, comme dans une vie apostolique. Chaque consacré, quel que soit son mode de sa vie porte l’humanité entière devant le Seigneur.

Cette année nous espérons que le Bienheureux Charles de Foucauld sera canonisé, lui qui, au fin fond du désert, vivait en frère universel avec le souci d’être proche de tout homme. Non seulement il était un frère pour tous ceux qui l’entouraient immédiatement et qui, pour la plupart, n’étaient pas chrétiens, mais qui étaient reconnus par lui comme des hommes et des femmes d’une véritable dignité à qui il désirait, par son comportement, faire saisir quelque chose du Christ. Il cultivait une réelle fraternité, par des comportements de bienveillance à l’égard de tous, même si certains étaient ses ennemis et finir par l’assassiner. Mais Charles les a toujours reconnus comme des frères qu’il portait dans la prière, en attendant que les uns et les autres puissent reconnaître la Lumière, qui est le Christ.

Nous avons aussi cet exemple magnifique de saint François qui, non seulement cultivait la fraternité avec ses frères, mais qui entretenait une véritable fraternité avec la création tout entière lorsqu’il s’adressait à frère soleil, lorsqu’il entretenait avec les animaux une relation réellement de type fraternel. Ainsi il entourait de respect la création que Dieu a mis à notre disposition pour que nous veillions sur elle et que nous trouvions en elle les moyens de subsister, en la conservant et en évitant de la détruire.

Comment Charles de Foucauld et François d’Assise ont-ils pu être si rayonnants ? En se laissant tout simplement transformer par l’être aimé, par le Sauveur. Tous deux sont des exemples de vie de prière extraordinaire. Dans la solitude, dans la veille, ils passaient des heures, l’un comme l’autre, devant le Seigneur. Charles de Foucauld a passé des nuits entières à adorer le Saint Sacrement. Je vous pose la question, frères et sœurs, et tout particulièrement aux consacrés, combien de temps par semaine donnez-vous à l’adoration ? Quel temps tient l’adoration dans notre vie quotidienne ? C’est le cœur à cœur avec celui à qui l’on est donné qui peut changer notre propre cœur, notre intelligence, tout notre être. Nous sommes tous, que nous soyons consacrés par les vœux de religion ou simple baptisés, en état perpétuel de conversion jusqu’à notre entrée dans la plénitude de la vie éternelle au jour de notre mort, lorsque le voile se déchirera et que nous verrons Dieu face à face. Telle est notre espérance, et telle est l’espérance que nous devons faire connaître aujourd’hui dans un monde perturbé, que nous devons hurler à la face de ce monde qui vit sans Dieu et qui donc désespère, ne sachant même plus pourquoi l’homme est au monde. Les consacrés sont là pour rappeler non seulement aux chrétiens, mais au monde entier, le sens de l’existence. Créés par amour par notre Dieu, nous sommes faits pour vivre d’ores et déjà dans la bienveillance, dans la charité, dans l’amour fraternel et au-delà de la mort, pour vivre dans le face à face avec le Sauveur, dans la béatitude éternelle.

Pour conclure, permettez-moi, frères et sœurs, particulièrement les consacrés, de vous demander de porter dans la prière tous ceux qui ne connaissent pas encore ou qui ne connaissent plus le visage de l’enfant-Dieu qui a été reconnu par le prophète Siméon comme la lumière d’Israël et la lumière des nations. C’est par une intimité permanente avec le Seigneur, ou du moins recherchée de manière permanente, que les consacrés peuvent obtenir dans la communion des saints que la Lumière du monde soit reconnue davantage par nos contemporains. Quel que soit notre état de vie, je vous invite à approfondir votre vie de prière de telle sorte que vous pesiez sur le cœur de Dieu et que la grâce pleuve en abondance sur un monde qui en a besoin pour retrouver la joie de se savoir aimés et de pouvoir aimer sans crainte, sans craindre même la mort. Il est curieux, frères et sœurs, je le dis souvent ces temps-ci, qu’il faille une pandémie pour que tant d’hommes et de femmes découvrent que la vie a une fin. Nous savons quasiment depuis notre naissance, dès l’âge de raison à sept ou huit ans, que nous ne sommes pas éternels sur terre…

Je suis heureux et très touché de voir que le chœur diocésain est là. Il donne une note de joie extraordinaire à cette fête, vraiment merci à tous d’être là. Soyons dans la joie, car nous connaissons le sens de notre existence et Dieu veut nous associer à dévoiler ce sens de l’existence autour de nous par notre prière, par notre vie fraternelle, par nos vies données.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Joyeuse lumière ! Splendeur éternelle du Père ! Saint et bienheureux Jésus-Christ !

En la cathédrale Saint-Alain – le mardi 2 février 2021

1ère lecture : Ml 3, 1-4 ou He 2, 14-18

Psaume : Ps 23, 7-10

Évangile : Lc 2, 22-40