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Notre appel à tous, est celui de la sainteté, pas moins !

Homélie de la messe célébrée pour les donateurs, vivants ou défunts, du diocèse d’Albi

Frères et sœurs,

À partir des lectures de la liturgie de ce jour, je voudrais attirer votre attention sur quelques points. Tout d’abord, l’écoute qui est la pierre de fondation de toute vie spirituelle. Dans le Deutéronome, au moment où Moïse commence à transmettre les rudiments de la Loi au peuple. Il lui dit : « Shema Israël », « Écoute Israël ! ». Aujourd’hui, dans le passage du livre de Samuel que nous avons entendu en première lecture, passage très touchant où cet enfant Samuel, par trois fois, se lève et va trouver le prêtre Éli, qui est le prêtre du sanctuaire de Silo. Ce texte montre bien qu’il n’y a pas eu toujours qu’un seul lieu de prière en Israël, ce n’est que progressivement que le culte s’est regroupé à Jérusalem. Par trois fois, donc, cet enfant va trouver son supérieur, ce prêtre qui le forme, en lui disant : « Tu m’as appelé ? ». Ce n’est qu’à la troisième fois qu’Éli comprend que, comme il n’a pas appelé l’enfant, la voix qu’il a entendue vient d’ailleurs. C’est celle de Dieu. Il dit alors à l’enfant de répondre à cette voix mystérieuse : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Si nous pouvions faire la même chose, les uns et les autres, chaque jour, prendre le temps de l’écoute. L’écoute de la Parole de Dieu qui aujourd’hui est lisible dans notre langue et à portée de notre main. Déjà quotidiennement, certainement, un grand nombre d’entre vous lit l’Évangile du jour. Prendre ensuite le temps du silence, laisser résonner la Parole pour être à l’écoute de ce que Dieu veut nous faire comprendre. Vous le savez, frères et sœurs, la Parole de Dieu est inépuisable. On peut la lire et la relire, on y trouve sans cesse des choses nouvelles, même après des dizaines d’années de « lectio divina ».

Profitez de ce temps de pandémie, où l’on doit se coucher avec les poules, sans doute est-ce un aspect positif de cette période – il faut toujours chercher les aspects positifs, dans toutes les situations – qui nous donne la possibilité, je pense aux familles avec des enfants, de prendre le temps de lire ensemble la Parole de Dieu. Pendant le premier confinement beaucoup de familles ont retrouvé le sens de la prière familiale. Peut-être, en ce temps où nous sommes contraints d’être davantage chez nous, nous pouvons nous adonner, toutes générations confondues, pour prendre le temps de l’écoute de la Parole de Dieu et la laisser résonner dans nos intelligences et nos cœurs.

Dans le second texte que nous avons entendu, il est question du corps. Dans ce passage de l’épître aux Corinthiens, l’apôtre invite au respect du corps. Le corps, véritablement, est une partie de la personne humaine. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr qu’un certain nombre de nos contemporains pensent ainsi. Il n’est pas possible de séparer le corps de l’esprit, de l’âme, de l’intelligence. Or, un certain nombre de lois qui sont votées en ce moment montre que l’homme aujourd’hui prend la place de Dieu. Chacun devrait pouvoir décider comment faire advenir un corps à la vie… Je ne vais pas entrer dans les détails. En traitant le corps comme un objet, nous nous trompons. Nous préparons ainsi des jours difficiles pour vos descendants. Je crois que nous pouvons demander à Dieu avec une insistance toute spéciale la lumière de la sagesse. Les évêques de France ont demandé que quatre vendredis de suite nous prions et nous jeûnions, tous ensemble pour que ceux qui ont à créer les lois soient éclairés, que ceux qui soignent soient aussi éclairés, que ceux qui font appel à des méthodes qui ne respectent ni le corps, ni l’esprit, ni le cœur, puissent être changés. Je vous invite, en seconde lieu, après l’écoute, à prier pour que les chrétiens que nous sommes, nous ayons vraiment conscience que la personne humaine est un tout, que le corps n’est pas une quantité malléable selon le désir de chacun, mais fait partie de chaque personne humaine et doit être respectée dans toute sa dignité depuis sa conception jusqu’à sa mort.

Dans l’évangile, nous voyons comment le Christ appelle ses premiers disciples. Ce sont tout d’abord les disciples de Jean, le Précurseur, le Baptiste, qui vont être orientés par Jean pour répondre à l’appel du Christ et vont le suivre. Quand on parle d’appel, il existe un premier appel qui est l’appel à la vie. Pourquoi vous, pourquoi moi, sommes-nous nés ? Aujourd’hui un tas d’enfants ne naissent plus, ils meurent avant de pouvoir vivre. L’homme pense dominer la vie. C’est une erreur. Le premier appel est l’appel à la vie. Dieu est notre Père. Nous sommes tous des enfants désirés du Père, qui méritons un infini respect. D’autres appels existent. À chaque fois nous devons essayer de répondre, afin de vivre ces appels en répondant de manière généreuse et en entretenant l’action de grâce. Remercier d’abord pour cette vie naturelle qui nous a été donnée. Nous avons été appelés à la vie et nous essayons, tout au long de notre existence, de développer cette vie, ce don extraordinaire qui nous a été donné. Puis, bien sûr, viennent ensuite les appels du Seigneur.

Hier, j’étais avec les catéchumènes, ils sont une vingtaine d’adultes qui seront baptisés, si Dieu le permet, à la veillée pascale dans les différentes paroisses du diocèse. Je préparais avec eux une étape importante nommée l’« appel décisif ». Au premier dimanche du Carême, je les appellerai par leur prénom de baptême et ils répondront. Leur nom sera inscrit sur un registre. À partir de là ils deviendront officiellement membre de l’Église. L’évêque les appelle par leur nom, un premier appel en vue du baptême. Par notre baptême, que nous en soyons conscients ou non, Dieu nous appelle à entrer dans une vie filiale marquée par une succession de conversions. J’expliquais aux catéchumènes que la conversion n’est pas l’affaire d’un jour, même si pour certains le catéchuménat introduit de grands changements dans leur existence. Jusqu’au jour de notre mort nous sommes appelés à vivre en état de conversion, cela n’est jamais fini jusqu’à notre entrée dans la plénitude de la vie éternelle.

Il y a ce premier appel du baptême, mais il y a, bien entendu, tout au cours de notre vie et dès notre jeunesse comme pour le petit Samuel, des appels du Seigneur. Évidemment, dans une vie humaine, il y a de grands moments comme le mariage, comme le choix d’une profession, des moments où on a conscience que des choses changent. Nous voulons nous atteler à une orientation, à une nouveauté dans notre vie. Pour un chrétien, c’est toujours lié à la volonté du Seigneur ou alors nous ne vivons pas ce que nous professons. Nous cherchons toujours la volonté du Seigneur dans nos choix les plus essentiels. Je crois qu’il est juste de dire que lorsque l’on vit dans la recherche de la volonté du Seigneur, on répond à des appels. À travers toute notre vie spirituelle, la rencontre de telles personnes marquante nous entraîne à changer, à améliorer tel ou tel aspect de notre vie chrétienne.

Après l’écoute, il y a un combat spirituel à mener tout au long de notre vie pour éviter ce qui nous disperse, éviter ce qui nous empêche, en somme d’accomplir la volonté du Seigneur. Cela n’est pas simple, nous devons nous remettre à l’ouvrage quotidiennement en écoutant et en cherchant la volonté du Seigneur pour répondre à ses appels. Il est important de bien comprendre que l’évangile nous parle des premiers apôtres, des premiers appelés, mais l’appel n’est pas uniquement l’affaire des apôtres, c’est l’affaire de tout baptisé. L’être humain est appelé d’abord à la vie et ensuite, quand Dieu se révèle à nous – là encore : pourquoi vous, pourquoi moi ? – quand Dieu se fait connaître à nous, nous sommes invités à répondre sans cesse à sa volonté.

Prions les uns pour les autres au cours de cette eucharistie et pas seulement pour les donateurs du denier de l’Église, mais prions les uns pour les autres, nous qui sommes des appelés. Le concile Vatican II nous a rappelé que notre appel à tous, est celui de la sainteté, pas moins ! Demandons les uns pour les autres la grâce de la sainteté.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 17 janvier 2021

1ère lecture : 1 S 3, 3b-10. 19
Psaume : 39, 2abc, 7-8a, 8b-9, 10cd. 11cd
2ème lecture : 1 Co 6, 13c-15a. 17-20
Évangile : Jn 1, 35-42