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Homélie pour le Baptême du Seigneur

Frères et sœurs,

Chaque facette du mystère de l’Épiphanie nous dit quelque chose de la divinité de Jésus. La semaine dernière, était une étoile nouvelle dans le ciel, a interpellé ces fameux mages qui, finalement, arrivèrent jusqu’à Bethléem pour découvrir le Messie. Aujourd’hui, c’est une voix, la voix du Ciel qui manifeste la messianité et la divinité de Jésus. Cana, ce sera le miracle de l’eau changée en vin qui lèvera le voile sur l’identité de Jésus, vrai homme et vrai Dieu, capable donc de réaliser des miracles. Souvenez-vous, à l’origine, au moment de la création, l’Esprit planait sur les eaux. Aujourd’hui ce que nous célébrons est un évènement tout à fait extraordinaire, un évènement qui a une dimension tout à fait prophétique. En quelque sorte, comme l’a écrit un spirituel du XXe siècle, l’Esprit Saint exilé de l’humanité, par la volonté de l’homme pécheur au lendemain de la création, en ce jour du baptême du Christ, se reposait à nouveau sur l’homme nouveau et sur ces eaux qui allaient renouveler l’humanité. L’Esprit Saint, selon l’Écriture, repose sur cet homme Jésus. Cet homme vient recevoir le baptême de Jean. Un baptême qui est tout simplement le passage par les eaux ; c’était un rite très courant à l’époque de Jésus. On passait par les eaux pour signifier un désir de conversion, de changement de vie ; c’est une belle démarche. Mais, permettez-moi de le dire, c’est fort différent et peu à côté de ce qu’est le baptême chrétien, puisque par le baptême nous recevons justement cet Esprit Saint qui plane au-dessus de Jésus lors de son baptême sous la forme d’une colombe.

Véritablement l’Esprit repose sur Jésus. Jean s’interroge sur l’identité de Jésus puisqu’il perçoit que Jésus n’est pas tout à fait comme les autres. Il commence par refuser de lui donner le baptême. Jésus insiste pour que la justice de Dieu, c’est-à-dire le plan de Dieu se réalise. Alors Jean-Baptiste désigne Jésus comme l’agneau de Dieu. Celui qui va donner sa vie pour son peuple et l’humanité toute entière. Le Messie qui est dans les eaux et sur lesquelles plane l’Esprit, est un serviteur, un Messie serviteur. À l’époque de Jésus beaucoup attendaient un messie qui prenne le pouvoir, en particulier le pouvoir politique. Le pays était occupé. Jésus sera roi, comme cela se trouvera écrit au-dessus de sa tête sur la croix. Il sera véritablement roi parce que le roi en Israël, dans la tradition d’Israël voulue par le Seigneur lui-même, le roi est le serviteur de chaque membre de son peuple. En même temps, ce messie qui sera roi, sera aussi sauveur. Il sera celui qui, en donnant sa vie, réalisera la mission confiée par la Trinité, la mission voulue par la Trinité entière, qui consistera à ce que Jésus donne sa vie sur la croix dans le but d’obtenir le don de l’Esprit Saint pour tout homme qui placera sa confiance en lui. En recevant l’Esprit Saint, tout homme deviendra enfant du Père, comme le Premier-né, comme le Bien aimé, mais par adoption. Le Bien-aimé, le premier-né du Père éternel, est véritablement sa joie. Nous l’avons entendu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie ». C’est en Jésus que le Père trouve celui qui accomplit ce que Paul appelle le dessein du Père, le projet initial du Père éternel qui a créé l‘humanité pour qu’elle vive dans son amour, qu’elle puisse entretenir avec lui une relation d’amour, une relation filiale. Cela va se réaliser justement par le Fils premier né qui vient réaliser la reprise du projet initial de Dieu par la rédemption. Le Messie permettra à tout homme qui se laissera guider par l’Esprit Saint d’entrer dans une relation filiale avec le Père. Tel est le motif de la joie du Père.

L’humanité, par le Christ, lorsque la rédemption sera accomplie à travers la Pâque de Jésus, pourra partager la vie éternelle, la vie même de Dieu, la vie divine. Dans son Fils, le Père trouve sa joie. Comme nous, frères et sœurs, en Jésus, dans le Messie, le croyant trouve également sa joie, son bonheur, son espérance. Véritablement, cette fête du baptême du Christ est une fête de la joie, une fête qui nous donne l’occasion peut-être de prendre davantage conscience de ce qu’est la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême. En effet, par le baptême, nous avons eu accès à la vie divine. En ce jour chantons à Dieu notre reconnaissance pour ce don extraordinaire qui nous a été fait et dont nous avons à être, par notre joie, des témoins du Sauveur. Il nous a introduits dans la vie divine, d’ores et déjà et pour l’éternité. Notre espérance nous assure que le jour de notre mort nous pourrons entrer dans la plénitude de la vie divine. Les Pères de l’Église font remarquer que le contact de Jésus avec les eaux va sanctifier l’élément eau, cet élément par lequel tous les baptisés reçoivent la vie divine. Chacun de nous par le passage par les eaux est devenu un enfant bien aimé du Père. Un enfant bien aimé en qui le Père trouve sa joie. Avez-vous souvent pensé à la joie que vous procurez au Père éternel chaque fois que vous posez un acte d’amour, chaque fois que vous vivez selon son dessein, selon son projet sur vous ?

Au baptême du Christ il y a aussi cet aspect prophétique. Non seulement chaque homme va participer à la vie divine, mais par les eaux, c’est un peuple nouveau qui va naître. Non seulement personnellement, nous somme habités par la vie divine, mais le peuple que nous constituons, le corps du Christ que constitue l’Église est véritablement cette nouveauté qui est apportée à l’humanité toute entière, qui reçoit la même onction que le Christ au jour de son baptême. Nous sommes habités par l’Esprit Saint, au jour de notre baptême nous devenons temple de l’Esprit Saint. Mais nous croyons aussi que l’Église, le corps du Christ dans son ensemble est habité, guidé par l’Esprit Saint. Ainsi, par la grâce baptismale, nous sommes rendus saints. Nous sommes déjà saints. Bien sûr, tout au cours de notre vie nous sommes appelés à progresser sur le chemin de la sainteté.

Demandons, frères et sœurs, en ce jour, au Fils bien aimé du Père la grâce de la sainteté pour l’Église, pour le corps entier de l’Église. Et cela commence par chacun d’entre nous. Que chaque baptisé puisse, avec l’aide de la grâce, vivre dans une harmonie véritable avec l’enseignement de l’Évangile pour la joie du Père, pour la joie de chacun des enfants du Père. Qu’est-ce qui rend plus heureux que de vivre dans l’amour du Père, et dans l’amour de ses frères ? Si vous connaissez une voie plus heureuse, indiquez-la-moi, je n’ai jamais trouvé de joie supérieure à celle que procure l’amour de Dieu et l’amour pour les frères et qui donne la capacité de vivre en paix avec soi-même. Prions aussi pour que cette joie qui habite le cœur des chrétiens puisse être donnée à tous ceux et à toutes celles qui cherchent Dieu et qui le découvriront grâce à la sainteté des disciples. La croissance, frères et sœurs, dans la sainteté est déterminante pour l’annonce du Royaume. Cela est vrai depuis les premiers jours de l’Église. Souvenez-vous, à Jérusalem, au moment de la naissance de l’Église on disait : « Voyez comme ils s’aiment ! » Est-ce que véritablement l’amour fraternel entre nous est déterminant au point d’attirer ceux qui ne connaissent pas encore le Christ ? C’est la question que nous devons nous poser. Réjouissons-nous pour la grâce baptismale que nous avons reçue et apprenons, avec l’aide de cette grâce, avec l’aide du Ciel, à partager notre joie de croire.

Amen

† Jean Legrez, o.p.

Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – le dimanche 12 janvier 2020

1ère lecture : Is 42, 1-4.6-7
Psaume : 28, 1-2, 3ac-4, 3b.9c-10
2ème lecture : Ac 10, 34-38
Évangile : Mt 3, 13-17

Baptême du Seigneur. Eglise Saint-Jean-Baptiste, à Lacalm (c) JLo Bru