Homélie de la fête de la dédicace de la basilique Saint-Jean de Latran

Frères et sœurs,

Célébrer la fête de la dédicace d’une église, c’est toujours l’occasion, d’année en année, d’exprimer au Seigneur dans la joie une immense reconnaissance pour un lieu où les différents mystères du salut sont célébrés en faveur du peuple de Dieu au cours du temps. Célébrer la fête de la dédicace de la basilique Saint de Latran, la cathédrale de l’évêque de Rome, construite par l’empereur Constantin dans les années 320, nous conduit à rendre grâce pour cette église mère de toutes nos églises en Occident et pour cette église qui, en raison de son lien spécifique à l’apôtre Pierre joue un rôle particulier en faveur de toute la catholicité.

Quelle que soit la qualité architecturale de nos cathédrales, nous savons que les pierres qui soutiennent l’édifice aussi belles soient-elles, ne sont qu’une pâle image des pierres vivantes que sont chaque baptisé de nos diocèses. Le passage de la première lettre de Paul aux Corinthiens nous a rappelé que chaque chrétien est « une maison de Dieu », « un sanctuaire » en raison de la présence de l’Esprit Saint qui habite en chacun depuis son baptême. En outre, chacune de ces pierres vivantes repose sur la pierre de fondation qui est le Christ. Il est le roc sur lequel l’édifice est bâti. Il est la tête de l’édifice, image de son corps mystique, dans lequel il infuse la vie de l’Esprit pour le maintenir dans l’unité et la charité. Ainsi un édifice devient un signe de la présence du Ressuscité dans notre monde et entraîne les croyants à vivre à la manière de la sainte Trinité, source de la vie et du salut de l’humanité.

Il peut arriver que l’Église, dont chaque cathédrale est le symbole visible, soit comme le temple de Jérusalem envahit par toutes sortes de commerces indignes de sa véritable identité de sanctuaire de l’Esprit divin. C’est en particulier aux évêques à la suite de l’unique pasteur de faire cesser les marchandages et les pratiques iniques et scandaleuses dans tout sanctuaire ; sachant bien que la notion de sanctuaire peut être entendue aussi bien de chaque personne que de l’ensemble de la communauté ecclésiale.

Frères évêques, il me semble que nos travaux cette semaine, à plus d’un titre, ont manifesté que « l’amour de la maison du Seigneur fait notre tourment ». Nous savons que « si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les ouvriers ». Face à la destruction de nombreux « sanctuaires » à travers le monde, nous plaçons toute notre espérance dans le Ressuscité qui a dit : « Détruisez ce sanctuaire, en trois jours je le relèverai ». Il parlait du sanctuaire de son corps. Ce corps visible aujourd’hui est son Église. Avec l’aide de cette assemblée qui prie avec nous et pour nous, que le Christ accorde aux successeurs de ses apôtres, au Pape François spécifiquement en ce jour, d’accueillir les forces et les dons nécessaires pour guérir le corps ecclésial de ses maladies ! Que le Seigneur bénisse et soutienne ceux et celles qui souffrent et peinent en servant dans l’humilité et la charité les blessés de l’Église.

Enfin, que le Ressuscité renouvelle notre espérance face à la sainteté de son Épouse, son Église, l’Église de tous les saints qui font la joie de Dieu et la nôtre !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

samedi 9 novembre 2019 – Lourdes, Basilique du Rosaire, durant l’Assemblée Plénière des évêques de France
1^ère lecture : 1 Co 3, 9c-11.16-17
Psaume : 45, 2-3, 5-6, 8-9a.10a
Évangile : Jn 2, 13-22